Le prestidigitateur

Congo Independant 
03/12/2012 

Lambert Mende Omalanga, alias le Vuvuzela national. 

Images TV

On savait Lambert Mende bavard, affabulateur. On en parlait même comme d’un menteur invétéré mais l’homme démontre aujourd’hui qu’il a d’autres "talents" cachés. Le Vuvuzela national revêt un nouveau costume, celui de prestidigitateur. Il a ainsi l’art d’attirer l’attention du public là où il n’y a rien d’anormal à voir. Il faut reconnaître que l’homme a plus d’un tour dans son sac. Transformer la déroute des FARDC à Goma en une victoire de nos «vaillants» soldats. Un tour de passe- passe à faire pâlir de jalousie les illusionnistes Harry Houdini et autres David Copperfield universellement reconnus comme grands maîtres dans l’art de dissimuler la réalité. Heureusement pour lui, notre prestidigitateur d’opérette est seul à y croire.  

Selon mon ami qui sait tout sur tout et presque tout sur rien sur les potins de Kinshasa-Lez-Immondices, depuis la chute du chef lieu du Nord-Kivu, les points de presse du porte-parole des surdoués de Matata font un tabac. La salle de presse ne désemplit pas. Il faut dire que notre Vuvuzela national sait comment appâter son public. Il prend en charge leur "transport" et leur offre rafraîchissements et zakouskis. Il faut bien, dit mon ami, faire avaler la pilule à tout ce beau monde. Me voyant dubitatif, mon ami de poursuivre que chacun sait que la caisse noire du surdoué de l’Info est régulièrement alimentée pour lui permettre ce genre de gâterie. En contrepartie et c’est pratiquement devenu une tradition, jamais les comptes-rendus du ministre ne font l’objet de commentaires. Un modus vivendi qui satisfait tout le monde. Tout le monde ? Sauf Augustin Matata Ponyo. Le "Premier" envisagerait de revoir à la baisse le train de vie de son ministre de l’Information. L’attitude du surdoué en chef n’a pas été appréciée du tout par le bénéficiaire des largesses du «raïs», alias commandant suprême de nos vaillantes FARDC, alias "garant" de la nation, alias autorité immorale, pardon, autorité morale de la majorité présidentielle. 

Mon ami qui décidément sait tout sur tout m’affirme que dans le bras de fer qui l’oppose à son Premier ministre, le «raïs» a pris position en faveur du Vuvuzéla national. Requinqué et émoustillé par le soutien de «la haute hiérarchie», Lambert ne se sent plus pousser les ailes. Sur France 24, il lance : « A Goma, nous avons opté pour un repli tactique des FARDC. Les militaires avaient l’ordre de ne pas engager des combats dans la ville pour éviter les pertes en vie humaine ». Avec une arrogance déconcertante, il promet aux maquisards du M23 de plaies et des bosses si le retrait sans condition de Goma et ses environs n’était pas effectif samedi 1er décembre : « Nous sommes le gouvernement de la République, nous sommes l’armée régulière et n’eût été l’intervention de l’armée du Rwanda, c’est à notre Police qu’il revenait de régler le problème de cette rébellion». Dans la foulée, il menace de suspendre la diffusion des émissions Radio France Internationale, qu’il accuse de collaboration avec l’ennemi, sur toute l’étendue du territoire de la République très très démocratique du Congo. Radio Okapi n’a pas eu la même chance. Depuis le week-end dernier, ses émissions sont brouillées. En cause, une interview de Jean-Marie Runiga, le coordonnateur politique du M23. Il dénonce le braquage de la succursale de Goma de la Banque Nationale pour s’accaparer des 17 millions de dollars américains, pas moins, logés tranquillement dans les coffres de cet établissement alors que la guerre sévissait dans les alentours de la ville. 

Pour mon ami, Mende gagnerait en crédibilité avec un peu plus d’humilité. "A l’arrogance répond le mépris", clame-t-il en citant un verset biblique tiré du Livre des Proverbes. Pour l’heure, dit-il, il est dans la position d’un homme maîtrisé au sol par son adversaire et qui crie aux curieux qui observent la bagarre : « Retenez-moi avant que je ne lui fasse mal ». Le M23 s’est redéployé à 20 Km de Goma ainsi qu’à l’aéroport qui se trouve pratiquement dans la ville. Ses positions à Bunagana, Masisi et autres sont intacts. 

Si j’étais Mende, conclut mon ami, j’aurai du mouron à me faire. Le risque est grand qu’il soit sacrifié sur l’autel de la réconciliation entre le "raïs" et son mentor Paul Kagame, alias Nkingu fioti. Mende comprendra alors que son combat n’était qu’une illusion. Jacky Mopipi