dimanche 5 mai 2013

La Belgolaise a-t-elle aidé à contourner un embargo sur les armes au Congo ?

L'Echo
04/05/2013
Nicolas Keszei


A quoi ont servi les millions issus de l'extraction du diamant au Congo ? Quel a été le rôle de la Belgolaise ? Et d'un ancien ministre congolais ? Le tribunal va tenter d'apporter des réponses.

La Belgolaise, une ancienne filiale de Fortis, a-t-elle contribué à contourner un embargo sur les armes au Congo imposé par l'Onu ? Voilà, en filigranes, la question qui s'est immiscée dans les travées de la 49e chambre du tribunal correctionnel au cours de la deuxième matinée d'audience du procès dit de la Belgolaise.


Mouvements financiers
Pour cette deuxième matinée d'audience, Jean-Charles Okoto, ex-ministre congolais des Affaires étrangères et ex-PDG de la société minière de Bakwanga (Miba) était toujours présent pour répondre aux  questions du président Pierre Hendrickx.
Et ce dernier a fait tout ce qu'il a pu pour comprendre pourquoi la Miba s'était délestée de la propriété de ses gisements de diamants en faveur d'un holding (Osleg, NDLR) réputé proche du régime militaire zimbabwéen.
Jusqu'en 2000, la Miba, une société minière congolaise rentable, détenait les gisements de diamants qu'elle exploitait. Mais, à la suite d'une convention passée le 27 août 2000, l'essentiel des gisements en question est passé dans les mains de Sengamines, elle-même chapeautée par le holding Osleg en question.
Certains voient dans ce transfert une façon de remercier le Zimbabwé pour son soutien à la RDC de Laurent-Désiré Kabila lors de la guerre contre le Rwanda et l'Ouganda.
Et cet accord a vu la Miba, jusqu'alors unique détentrice des droits sur les gisements passer à 16% de l'actionnariat de Sengamines.

Structure de l'actionnariat de SENGAMINES

Aux côtés de la Miba, on retrouve Oryx (société congolaise), des actionnaires privés et la Comiex, une autre société congolaise.
C'est ce glissement et les conséquences financières qu'il a engendrées que le président Hendrickx a cherché  à comprendre.
"Votre comportement semble plutôt être de plaire à l'actionnaire majoritaire (l'État congolais) que de défendre les intérêts de votre société", a lancé le président à l'adresse de Jean-Claude Okoto, avant de continuer dans la même veine. 
"N'avez-vous pas eu le sentiment qu'il aurait fallu défendre la Miba en justice contre l'État congolais et/ou contre l'actionnaire privé?".
"Ce n'était pas mon rôle en tant que gestionnaire. Ce rôle revenait à l'actionnaire majoritaire", a répondu l'ancien PDG de la Miba, tout en insistant sur le fait qu'il ne peut répondre d'actes passés par ses prédécesseurs.
Mais en août 2000, quand les gisements de la Miba ont été transférés à Osleg, Jean-Charles Okoto était président de la Miba.

Embargo de l'Onu
L'essentiel des plaidoiries, qui se tiendront dans les prochains jours, porteront sur le rôle de la Belgolaise et de la Banque Centrale du Congo.
A plusieurs reprises, la Miba a demandé à la Belgolaise d'exécuter une série de virements vers différentes sociétés. N'arrivant pas à justifier ces transferts de façon commerciale, la Belgolaise aurait conseillé à la Miba de passer par la Banque Centrale du Congo.
Mais quelques-uns de ces virements étaient à destination de sociétés d'armements.
"Qui vendent aussi des drapeaux" a glissé Olivier Klees, l'un des conseils de la Belgolaise.
Enfin, Jean-Pierre Buyle, l'autre conseil de la Belgolaise a demandé de quelle pièce du dossier il ressortait que des armes avaient été achetées.
Reste que la Belgolaise a été inculpée de faux, abus de confiance et blanchiment.
Il n'a jamais été  question de contournement de l'embargo de l'Onu sur les armes. Et quelques répliques d'audience ont déjà permis de comprendre que les avocats de la défense rejetteront cette thèse avec vigueur.

Affaire à suivre.




































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