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mercredi 17 juillet 2013

De l'Afrique de la colonisation à celle de la mondialisation

LE MONDE 
15.07.2013 
Fabienne Darge

" Lagos Business Angels", du collectif Rimini Protokoll, est un spectacle parcours. 

Comment ça va avec l'Afrique, à Avignon ? Plutôt bien. Même si certains spectacles ont pu laisser les festivaliers sur leur faim, la variété de regards offerte sur le continent par ce Festival 2013 compose au fil des jours un passionnant voyage. Dans ce parcours, il y a eu deux étapes importantes, le week-end du 14 juillet, avec deux créations – dans aucun cas il ne s'agit de théâtre au sens classique du terme – qu'il est bien de voir en regard : elles font voyager de l'Afrique de la colonisation à celle de la mondialisation. Que ces deux propositions soient signées par des artistes blancs sera évidemment souligné. Mais les uns comme les autres ont de quoi déjouer les reproches de postcolonialisme qui pourraient leur être adressés. 


Le premier, Brett Bailey, auteur, metteur en scène et scénographe dont le travail est présenté pour la première fois en France, est né en Afrique du Sud en 1967 – il a donc connu le régime de l'apartheid. Exhibit B, l'installation-performance qu'il présente à l'église des Célestins, fait partie d'un projet plus vaste qu'il mène sur les "zoos humains". Ces exhibitions de "sauvages" venus d'Afrique, qui se sont tenues au XIXe siècle dans les foires ou les expositions universelles, ont fait l'objet ces dernières années de nombreuses recherches – et notamment, en France, d'un livre coordonné par l'historien Pascal Blanchard (Zoos humains, éd. La Découverte, 2002). 

UN CHOC ÉMOTIONNEL 
C'est cette histoire-là qui, avec Brett Bailey, vous regarde dans les yeux, de manière bouleversante, faisant d'Exhibit B un choc émotionnel dont tout Avignon parle, depuis l'ouverture de l'installation le vendredi 12 juillet. En une série de tableaux vivants d'une grande force plastique, l'artiste sud-africain évoque différents épisodes de l'histoire coloniale, de l'extermination de dizaines de milliers de Herero et de Nama, au début du XXe siècle, par le colonisateur allemand, aux méthodes d'exploitation utilisées par la Belgique de Léopold II au Congo. 

L'atmosphère de recueillement dans l'église des Célestins, la musique, magnifique, inspirée au compositeur namibien Marcellinus Swartbooi par des chants de lamentation traditionnels, tout concourt à faire d'Exhibit B une grande cérémonie, entre révélation et oraison. Mais le parallèle effectué par l'artiste sud-africain entre les victimes de l'exploitation coloniale et le traitement réservé aux migrants d'aujourd'hui fait l'objet de vives discussions, à Avignon. Ce parti pris tient, néanmoins, dans la façon qu'a Brett Bailey de montrer comment cette "chosification" de l'autre a pu laisser des traces dans l'inconscient, et le travail qui reste à faire pour "décoloniser" les imaginaires. 

Changement de style, changement d'époque, avec Lagos Business Angels, que présente à l'auditorium du Pontet le collectif Rimini Protokoll. Cette bande de jeunes Suisses a inventé une forme de théâtre documentaire et ludique, qui fait son miel d'un certain nombre de phénomènes emblématiques de la mondialisation. Pour cette nouvelle création, ils sont allés à Lagos, la capitale du Nigeria, pour rencontrer des "business angels", des hommes et femmes d'affaires, dans ce pays dont l'agence Goldman Sachs prédit qu'il fera partie des dix puissances économiques mondiales, à l'horizon 2050. 

LA DENTELLE DE LUSTENAU, TRÈS PRISÉE AU NIGERIA 
De tous ces "anges" rencontrés, ils en ont retenu dix, nigérians et européens : autant de personnages qui, pour être taillés dans la "vraie" vie, n'en ont pas moins une dimension théâtrale certaine. Ils se présentent à nous dans ce spectacle-parcours qui adopte la forme des foires commerciales, où l'on passe d'un stand à l'autre. On fait donc la connaissance d'une jeune Autrichienne, intermédiaire dans le commerce de la dentelle de Lustenau, très prisée au Nigeria. D'un homme, conseiller pour une grosse entreprise pétrolière de Hambourg, qui a commencé en vendant, en Allemagne, des poissons d'aquarium venus de sa terre natale, le delta du Niger. D'un autre, qui vit de la récupération et de l'expédition de voitures entre l'Allemagne et le Nigeria. Il dit que dans son pays, on fait d'avantage confiance aux pièces usées venant d'Allemagne qu'au matériel neuf chinois... 

C'est fou tout ce qu'on apprend sur la vie au Nigeria dans ce "spectacle", l'économie étant évidemment le cryptage d'une foule d'autres réalités. Mais au-delà, ce qui se dessine dans Lagos Business Angels, c'est le basculement d'un monde à l'autre que nous sommes en train de vivre. Saisissant.

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