samedi 23 avril 2011

Présidentielle 2011: La «DTP» croit en la victoire de Tshisekedi et y travaille

Congo Indépendant


De g. à dr., Serge Welo, Martin Fayulu, Faustin Kwakwa et Tharcisse Loseke.
Photo CIC

Créée à l’initiative de l’Ecidé (Engagement pour la citoyenneté et le développement) de Martin Fayulu et le Rader du professeur Auguste Mampuya, la «Dynamique Tshisekedi Président», «DTP» en signe regroupe aujourd’hui une dizaine de partis de l’opposition. L’organisation s’est fixée trois objectifs majeurs : Concevoir une stratégie électorale commune à tous les échelons du pouvoir, adopter un programme de gouvernement et battre campagne pour la victoire d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba à la présidentielle de 2011. Samedi 16 avril, les ténors de la «DTP» ont organisé une conférence-débat dans un hôtel bruxellois. But : expliquer les raisons du choix porté en la personne du président de l’UDPS. Auparavant, Martin Fayulu a procédé à l’installation des animateurs des fédérations de l’Ecidé pour le Benelux, la France et le Royaume-Uni.

Crise de confiance
A plus ou moins huit mois de la fin de la législature commencée en 2006, la RD Congo est loin de présenter le visage d’un pays qui se prépare à organiser des élections «libres, démocratiques et transparentes.» Des problèmes se posent au plan technique et financier. Habitué à être assisté par la nébuleuse «communauté internationale», le gouvernement congolais continue à attendre une «aide» estimée à 260 millions $ US. Signe de temps. Les «donateurs» ne se bousculent nullement au portillon comme ce fut le cas lors des consultations politiques de 2006. Selon certaines sources, le président sortant «Joseph Kabila» disposerait d’un «trésor de guerre» pour n’organiser rien que la présidentielle. Les législatives et les locales seraient ainsi renvoyées sine die. D’autre part, la Ceni accuse un grave retard en ce qui concerne la mise à jour du fichier électoral.

Des observateurs restent dubitatifs sur la possibilité pour les Congolais d’aller aux urnes en conformité avec le délai constitutionnel soit 90 jours avant la fin du mandat présidentiel. Aux problèmes techniques et financiers vient se greffer une crise de confiance entre un président-candidat à sa propre succession qui multiplie des ruses et les forces politiques de l’opposition échaudées par les entourloupes. Comme en 2006, l’homme se débat comme un beau diable pour se confectionner une nouvelle élection présidentielle «sur mesure». C’est ainsi que certains activistes politiques ricanent à l’idée d’aller voter. Pour eux, toutes les conditions sont réunies pour le lancement d’une lutte armée. Au motif que «Joseph Kabila» est un pur produit de l’AFDL (Alliance des forces politiques pour la libération du Congo). Cette organisation politico-militaire avait pris le pouvoir grâce à un «coup d’Etat» avec l’appui de l’Ouganda et Rwanda. Ces deux pays «occupent» la RD Congo à travers des hommes-lige. Il faut donc «libérer» le pays. Légaliste, Etienne Tshishekedi wa Mulumba préfère jouer la «carte démocratique». Un message reçu cinq sur cinq par certaines formations politiques. C’est le cas notamment de l’Ecidé et du Rader. Problème : «Tshi-Tshi» doit se faire violence pour démontrer sa capacité à «jouer collectif». Bref, montrer son aptitude à fédérer et surtout à incarner l’ambition commune de Changement.

«Front uni de l’opposition»
A Bruxelles, les animateurs de la «DTP» ont déployé, samedi, des talents d’éloquence pour convaincre du bien-fondé de leur choix. Sous la modération de l’abbé Faustin Kwakwa - qui a mis l’accent sur une «alternative pacifique – ils se sont succédés à la tribune. Secrétaire national de l’Ecidé chargé de la Communication, Serge Welo a tiré les premières salves en déclarant que les consultations politiques à venir constituent l’occasion à ne pas rater pour «récupérer» le pouvoir des mains des gouvernants peu performants à la tête du pays.» «Serge» d’ajouter sur un ton provocateur : «Nous ne sommes pas de ceux qui disent qu’il faut s’attaquer au système et non aux individus.» Après avoir dénoncé la venue de l’armée rwandaise sur sol congolais avec l’accord du président sortant, il poursuit : «Le Congo n’a aucun avenir avec Joseph Kabila». Pour lui, les élections à venir vont marquer la «libération nationale». Comme pour mettre en garde le président sortant et son clan, il conclut : «Nous n’allons plus accepter l’inacceptable.»

Co-fondateur de l’Ecidé et secrétaire national chargé des Relations extérieures, Tharcisse Loseke Nembalemba d’enchaîner en déclarant en liminaire que «le problème de la RD Congo est avant tout un problème d’homme». Pour lui, le Congo a besoin d’un groupe d’hommes déterminés pour «changer les choses». Se fondant sur diverses «études» et autres sondages, Loseke de relever que «seul Etienne Tshisekedi peut battre Joseph Kabila» à la présidentielle de 2011. Selon lui, l’instauration d’un scrutin présidentiel à un seul tour à l’avantage de «formaliser» la «bipolarisation» du personnel politique congolais. D’un côté, il y a Tshisekedi et ses partisans et de l’autre, «Joseph Kabila» et la «MP» (Majorité présidentielle). Pour Loseke, «en dehors de ces deux camps, il n’y a que les opportunistes décidés à faire élire Kabila.» «Les forces du Changement n’ont jamais été si proches de la victoire pour autant que le scrutin soit libre, démocratique et transparent», a-t-il estimé en insistant sur le fait que «la personnalité de Tshisekedi dépasse le seul cadre de l’UDPS.»

«Tshisekedi porte les aspirations de la population»
Président de l’Ecidé, Martin Fayulu a expliqué les motivations à l’origine de la création de la «DTP». Il a commencé par rappeler l’état d’extrême pauvreté dans lequel vivent les citoyens congolais, ressortissants d’un pays réputé potentiellement riche. Il égrène des chiffres : 164è sur 178 sur l’indice de perception de corruption ; 175è sur 179 en matière d’environnement des affaires. Fayulu poursuit : «Le revenu annuel par tête d’habitant est de 189 $ US en RD Congo, il est de 4000 $ US au Congo-Brazzaville». Pour lui, la «gestion hasardeuse» du pays a été confirmée en janvier dernier par la «modification hâtive» de la Constitution aux termes de laquelle l’indépendance du pouvoir judiciaire a été anéantie ainsi que l’autonomie des provinces. «L’argent public ne sert guère au développement collectif, ajoute-t-il. La RD Congo a un besoin de l’instauration de l’Etat de droit. A défaut, c’est la jungle.» Que faire ?, s’est-il interrogé. Et de répondre : «Les forces du Changement et du progrès doivent se mettre ensemble pour chasser ceux qui gouvernent le pays de manière aventureuse.» Il s’agit de mettre sur pied un «front uni». C’est la démarche que mène actuellement la «DTP». «Martin» a eu l’honnêteté d’avouer que la tâche est loin d’être aisée. Il se dit néanmoins confiant. Le président de l’Ecidé a dans la foulée fustiger les atteintes aux droits et libertés fondamentales s’illustrant notamment par l’interdiction des manifestations de l’opposition et le non-accès de celle-ci aux médias publics. «La RTNC est réservée à la propagande d’un des candidats», conclut Fayulu.

Dernier intervenant, le professeur Auguste Mampuya a souligné l’urgence de mettre en place «un Etat qui prend en compte la satisfaction des besoins fondamentaux de la population». S’agissant du soutien apporté à la candidature de Tshisekedi, il a insisté sur le fait que «ce choix n’est nullement sentimental encore moins une affaire des Baluba». «Etienne Tshisekedi porte toutes les aspirations de la population», a-t-il ajouté en soulignant que «le Changement ne se limite pas au départ d’un homme». Pour lui, «c’est une alternative qu’il faut pour subvertir la situation en RD Congo». Autrement dit, les forces de l’opposition doivent avoir la capacité de proposer l’antithèse au système actuel. «Le changement arrive quand un peuple le désire réellement. Je ne suis pas un optimiste béat. Je sais que ce n’est pas gagné d’avance», a-t-il conclu.

Toutes ces interventions ont été suivies par un débat. Que va-t-il se passer au cas où les élections n’auraient pas lieu dans le délai constitutionnel? Certains ont invoqué l’application du premier alinéa de l’article 64 de la Constitution (Tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force ou l’exerce en violation des dispositions de la présente Constitution). C’est le cas de Tharcisse Loseke. En privé, tout en reconnaissant la complexité de la situation, des participants à cette rencontre parlent de la continuité de l’Etat. Leader d’une des ailes du groupe de pression «Bana Congo», Samson Cibayi Mukuta a crié ces mots en direction des animateurs de la «DTP» : «Vous parlez des élections alors que Joseph Kabila n’est même pas Congolais.» «On ne va pas voter dans un pays sous occupation...»

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