Lu sur LeTemps.ch
La recette du gigot rôti en termitière
Non signé Gazette de Lausanne 22 août 1900
L’article original (intégral) de la «Gazette de Lausanne» (22.08.1900)
Au cœur du génome des termites
«Les combattants suisses au Transvaal
Quelques impressions des combattants suisses de la deuxième guerre des Boers (1899-1902), en Afrique du Sud
Les termitières
Il paraît bizarre de superposer ces deux titres. On en comprendra mieux le rapprochement quand on saura quel rôle important les nombreuses termitières du Natal ont joué dans la guerre [des Boers , en Afrique du Sud, où des Suisses combattirent contre les Anglais au tournant du siècle].
Les termites sont des insectes vivant en société et qui se construisent pour abri des éminences coniques de quatre-vingts centimètres à un mètre de haut. Ces termitières sont revêtues à l’extérieur d’une enveloppe épaisse d’un centimètre environ, de la consistance et de la dureté des tuiles de nos toits, et qu’il faut un bon coup de bêche pour entamer.
J’ai vu au sud de l’Afrique deux sortes de termites, des blancs et des rouges; mais leurs cônes m’ont paru identiques. […]
Quand la reine commence la ponte, elle ne s’arrête plus et dépose en moyenne une soixantaine d’œufs par minute. Une colonie compte ainsi plusieurs centaines de mille individus, et l’on conçoit bien combien il est difficile d’en venir à bout. Pour y arriver, on fourre du calomel [du chlorure mercureux, toxique par ingestion, inhalation et contact] dans les ouvertures; ou bien encore on trempe dans une solution d’arsenic du foin coupé menu, qu’on introduit dans les principaux couloirs. Les termites s’emparent de ce dépôt et le traînent à la portée de la reine, qui s’en régale et crève.
Dans la guerre sud-africaine, les cônes des termites servent en premier lieu de schanze [fortin] aux Boers [les pionniers blancs d’Afrique du Sud, essentiellement originaires des régions néerlandophones]; car malgré leur puissance de pénétration, les balles modernes ne sauraient les traverser: elles percent la première croûte, s’amortissant dans la masse meuble de fétus et de brindilles de toutes sortes qui remplit l’intérieur, et ne parviennent plus à rompre la paroi postérieure.
Mais on utilise aussi les termitières en guise de foyers. On pratique à coups de crosse, à défaut d’autre instrument, une ouverture à la base et une pareille au sommet, de la grosseur de la tête, puis on allume l’intérieur.
Les termites sont des insectes vivant en société et qui se construisent pour abri des éminences coniques de quatre-vingts centimètres à un mètre de haut. Ces termitières sont revêtues à l’extérieur d’une enveloppe épaisse d’un centimètre environ, de la consistance et de la dureté des tuiles de nos toits, et qu’il faut un bon coup de bêche pour entamer.
J’ai vu au sud de l’Afrique deux sortes de termites, des blancs et des rouges; mais leurs cônes m’ont paru identiques. […]
Quand la reine commence la ponte, elle ne s’arrête plus et dépose en moyenne une soixantaine d’œufs par minute. Une colonie compte ainsi plusieurs centaines de mille individus, et l’on conçoit bien combien il est difficile d’en venir à bout. Pour y arriver, on fourre du calomel [du chlorure mercureux, toxique par ingestion, inhalation et contact] dans les ouvertures; ou bien encore on trempe dans une solution d’arsenic du foin coupé menu, qu’on introduit dans les principaux couloirs. Les termites s’emparent de ce dépôt et le traînent à la portée de la reine, qui s’en régale et crève.
Dans la guerre sud-africaine, les cônes des termites servent en premier lieu de schanze [fortin] aux Boers [les pionniers blancs d’Afrique du Sud, essentiellement originaires des régions néerlandophones]; car malgré leur puissance de pénétration, les balles modernes ne sauraient les traverser: elles percent la première croûte, s’amortissant dans la masse meuble de fétus et de brindilles de toutes sortes qui remplit l’intérieur, et ne parviennent plus à rompre la paroi postérieure.
Mais on utilise aussi les termitières en guise de foyers. On pratique à coups de crosse, à défaut d’autre instrument, une ouverture à la base et une pareille au sommet, de la grosseur de la tête, puis on allume l’intérieur.
Les couloirs de communication activent le tirage, en sorte que tout le contenu se consume, avec un dégagement de chaleur tel que les parois en deviennent brûlantes. La combustion d’une termitière dure environ trois heures. Pendant ce temps, la cafetière chante sur l’ouverture supérieure. Pour faire rôtir un gigot de mouton, on élargit un peu le trou inférieur, on tisonne de manière à creuser dans la masse une chambre où l’on introduit la pièce de viande, qui cuit à un feu lent et régulier. Le gigot prend à cette préparation une saveur appétissante que n’acquiert pas la viande cuite au charbon de bois. Evidemment, la qualité du combustible constitue un condiment très appréciable.
[…] Et quand nous avons eu les ustensiles nécessaires, nous avons cuit sur les termitières, outre des gigots, du rostbif, des beafstecks et des poulets, des omelettes et des Knöpfli.
Enfin, quand il faisait froid, au retour des gardes de nuit aux avant-postes, nous avons souvent fait cercle autour d’un de ces cônes, réchauffant nos membres engourdis. Tout en écoutant la chanson de la cafetière, nous causions des bien-aimés absents, ou bien nous entonnions en chœur: O mein Heimatland, o mein Schweizerland! »
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