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lundi 24 octobre 2011

Désiré Bolya Baenga.



L’écrivain congolais Désiré Bolya Baenga est mort à Paris, mardi, à l’âge de 53 ans. Natif de Kinshasa, ancien élève de Sciences-Po Paris, il avait voué sa vie à la réflexion et l’écriture. Il avait publié de nombreux livres, parmi lesquels Afrique, le maillon faible et La profanation des vagins, un essai et un roman parus respectivement en 2003 et 2005 aux éditions Le serpent à plumes.

Désiré Bolya Baenga avait vu le jour à Léopoldville (actuelle Kinshasa) le 19 juin 1957, trois ans avant l’indépendance de la colonie belge du Congo. Son père, Paul, l’un des premiers médecins autochtones, fervent anticolonialiste et proche soutien de Patrice Lumumba, a veillé à ce qu’il reçoive une éducation de qualité. Il a été à l’école primaire en Belgique, puis de retour à Kinshasa il a suivi l’enseignement des Pères de la Compagnie de Jésus au collège Boboto, avant de terminer ses études secondaires au collège Saint Raphaël.




Le 18 Décembre 1977, Bolya débarque à Paris. Une ville dont il tombe éperdument amoureux. Brillant sujet, curieux et perspicace, il est admis à Sciences Po. Sur les bancs du prestigieux Institut d’études politiques, il consolide sa culture générale, aiguise sa plume et affine son art du discours.
A la fin des années 70 et au début des années 80, la capitale française demeure un carrefour où se retrouve la fine fleur de l’intelligentsia africaine en formation. Avec son ami Elikia M’Bokolo, devenu aujourd’hui un historien de renom, il participe à maintes et maintes joutes intellectuelles. Des débats où il croise nombre de ceux qui deviendront, quelques années plus tard, les cadres et dirigeants du continent africain. Les espoirs qu’il avait nourris pour l’Afrique, dans ses jeunes années, se sont heurtés au cortège d’infamies, de violences et de guerres dont elle a été le théâtre au cours des décennies 80, 90 et 2000. Lorsqu’il s’exprimait ces derniers temps sur l’avenir du continent, il prenait volontiers la posture de l’afro-pessimiste. Mais il demeurait, par ailleurs, prompt à dénoncer toute forme d’injustice s’y déroulant. Journaliste, consultant politique, puis écrivain à plein temps depuis 1989, il n’hésitait pas à manier l’outrance, à bousculer ses lecteurs et interlocuteurs, pour mieux les pousser à la réflexion. "Cannibale", (Ed. Pierre-Marcel Favre, 1986), "L’afrique en kimono : repenser le développement", (Ed. Nouvelles du Sud, 1991), "La polyandre", (Le Serpent à Plumes, 1998), "Afrique, le maillon faible", (Le Serpent à Plumes, 2002), "La profanation des vagins", (Le Serpent à Plumes, 2005)… Son œuvre pourfend marchands d’armes, pilleurs, corrupteurs, corrompus, pseudo-humanitaires, violeurs et autres voleurs d’innocence.
Sans doute la cruauté du monde lui pesait-elle. Il s’était peu à peu réfugié dans l’univers liquide des paradis artificiels. Mais il conservait un regard lucide sur les événements et la singulière trajectoire de sa propre vie. Libre penseur et amoureux des lettres, le désir et le plaisir d’écrire ne l’avaient jamais quitté. Il travaillait à un nouveau roman, qu’il rêvait d’offrir, une fois achevé, à sa fille, Anne Raphaëlle, sa plus grande fierté.
Lu sur le site "CongoEdition"

Il a reçu en 1986, le Grand Prix de l'Afrique noire qu'il partage avec Tierno Monenembo, pour son premier roman " Cannibale".
"Cannibale" s'inspire du livre de Joseph Conrad "Le nègre de Narcisse" dans lequel l'équipage du Narcisse semble plus dangereux que les conditions climatiques extrêmes, et Jim Wait, le'nègre' est un vrai mystère pour le capitaine. Contrairement à la tendance bien partagée à penser que Conrad donne une idée uniquement réductrice des Noirs, Bolya pense qu'il y a là matière à poursuivre une réflexion.
C'était courageux et honnête, alors même qu'on considère, comme Chinua Achebe, Conrad comme un idéologue et un raciste. Mais Bolya, qui vient du Congo où se situe "Au cœur des ténèbres" y voyait aussi un écrivain et un artiste dont le regard pouvait être réactualisé.
Profondément politique, Bolya s'est emparé du polar pour décrire la réalité politique de l'Afrique et des relations avec l'Afrique. Comme Achille Ngoye, Abasse Ndione, Yasmina Khadra, Chawki Amari, Mouloud Akkouche, etc.
Dans "La Polyandre" (Le Serpent à plumes,1998), on retrouve trois Noirs quelque peu éparpillés sur un trottoir de la Bastille, la verge coupée. Puis tous s'en mêlent autour du marché d'Aligre et d'Oulématon, la belle héritière d'une princesse polyandre, qui semble oublier qu'il y a belle lurette que les colons français ont interdit la multiplication des maris... L'enquête de l'inspecteur Robert Nègre piétine rue de la Roquette, cependant que tournoient expéditions punitives, cérémonies obscures et trafic de cartes de séjour, sous la houlette raffinée des flics de notre bonne République ! Africultures écrivait à l'époque sous la plume de Taina Tervonen : "La Polyandre séduira par son humour et ses dialogues qui n'épargnent ni les flics parisiens, ni les habitants des foyers d'immigrés." Dans "Les Cocus posthumes" (Serpent à plumes, 2001), Bolya campe une enquête sur le meurtre des jumelles de la place d'Aligre. L'inspecteur Robert Nègre découvre les agissements macabres d'une secte franco-africaine, et fait la connaissance de Jean-Christian Sangsexe, le "négociateur planétaire qui vend tout tout tout", de son Excellence le Successeur de Dieu, de Kokumbo, fonctionnaire de L'ONU... Entre fable policière loufoque et satire politique, il y mettait à nu les "cocus posthumes"; ces tyrans qui croient que le monde leur appartient, mais que l'Histoire - et le TPI - finissent toujours par rattraper...
Avec "La Profanation des vagins" (Editions du Rocher, 2005), Bolya se révolte contre la violence faite aux femmes dans la guerre congolaise : "La profanation des vagins est une arme de destruction massive des femmes et des fillettes par les nouveaux sauvages. Dans toutes les guerres oubliées de la planète, les vagins sont massacrés. Leur destruction est systématique, généralisée, planifiée... Les crimes sexuels de masse contre les femmes sèment le sida, les viols à grande échelle engendrant une contamination dévastatrice de cette "peste démographique"... Cette profanation est bien une nouvelle arme biologique de guerre. Mode opératoire de cette barbarie, le viol devient un "instrument de génocide", une technique rustique d'extermination et de nettoyage ethnique. Des petites filles sont transformées en "poupées de sang"... Les nouveaux sauvages, les seigneurs de guerre, ces grands prédateurs sexuels, ces monstres pédophiles, bref ces seigneurs de vagins mènent des combats de lâches en s'attaquant à des femmes et des fillettes désarmées. Les conventions de Genève contre la torture, l'esclavage, les décisions récentes du Tribunal pénal international de l'ONU, sont tous les jours bafouées. Jamais autant de femmes et de fillettes n'ont été souillées... En toute impunité ! Le viol de guerre est devenu une redoutable arme d'humiliation massive des femmes et des peuples. Silence, on viole ! Silence, on tue ! Le Silence tue ! Y aurait-il un troisième sexe ? Les vagins oubliés des guerres oubliées..."
Quant à "Afrique, le maillon faible" (Le Serpent à plumes, 2002), c'est une charge au vitriol contre les chantres de la mondialisation et contre les pilleurs de toutes sortes : "(…) Les flibustiers de la mondialisation sauvage ne se privent de rien. Tous les moyens sont bons et efficaces : le trafic de faux médicaments, de drogue, d'armes ; le trafic d'êtres humains - tourisme sexuel, prostitution enfantine, utilisation des enfants-soldats comme chair à canon -, d'objets d'art ("l'axe du Laid"), d'animaux... sans oublier l'horrible trafic des "diamants de sang".
" Autre originalité de l'esprit libre de Bolya, il a tenté de réfléchir sur le développement de l'Afrique en pensant qu'elle pourrait s'inspirer du Japon en alliant tradition et modernité, et avait écrit sur le sujet L'Afrique en kimono: Repense le développement (Nouvelles du Sud, 2004).

Texte d'Olivier Barlet et Boniface Mongo-Mboussa
Lu sur le site "Africultures"

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