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dimanche 23 octobre 2011

La Chinafrique : Pékin à la conquête du continent noir

le grand bond chinois en Afrique

On ne les a pas vus venir. Les contrats passés par les autorités de Kinshasa avec les entreprises d’Etat chinoises qui se sont engagées à doter le pays de routes, d’hôpitaux, d’écoles, de voies ferrées en échange des matières premières (cuivre, cobalt, bois tropical) n’ont surpris et indigné que les Belges. Partout ailleurs en Afrique, les jeux étaient déjà faits : en Angola, en Guinée, au Soudan, au Tchad et ailleurs, les travailleurs chinois sont déjà à l’ouvrage depuis plusieurs années. Ils travaillent vite et bien, vivent dans des conditions spartiates, désireux qu’ils sont de faire parvenir à leur famille l’argent de leur salaire, dix fois moins élevé que le coût des expatriés occidentaux. En quelques années, s’ils continuent à ce rythme, les Chinois vont réussir ce que les Occidentaux, un demi siècle après les indépendances, n’ont pas réussi à réaliser : ramener le continent africain que l’on croyait à la dérive dans le mouvement général de la mondialisation, des échanges, du progrès.
Pour comprendre l’ampleur de cette révolution, deux journalistes suisses, Serge Michel et Michel Beuret ont délaissé livres, rapports et autres alignements de statistiques, ces documents sans âme auxquels les diagnostics sur l’Afrique se réduisent trop souvent. Ils ont plongé, en Chine d’abord, puis dans une quinzaine de pays africains, pour tenter de comprendre ce qui faisait courir ces petits hommes durs à la peine et peu soucieux de se mélanger aux populations locales. A Pékin, en novembre 2006, nos deux journalistes ont réussi in extremis à arriver à temps pour assister à une rencontre où les Occidentaux, journalistes et diplomates, n’avaient pas été conviés : le deuxième sommet Chine Afrique. Ils y ont pris la mesure de l’opération de séduction menée par les Chinois, compris l’admiration des Africains, témoins d’un développement inimaginable voici quelques décennies encore et invités à en partager les recettes. Ils ont constaté aussi avec quel respect les dirigeants africains étaient traités, bien loin de la condescendance manifestée par les « bailleurs » occidentaux…
A Mianyang, à deux heures au nord de ChengDou, la capitale du Sichuan, Peng Shu Lin fait ses bagages et s’apprête à partir pour le Nigeria. Un contrat de trois ans, qui lui fera gagner 373 dollars par mois, au lieu de 60 aujourd’hui. De quoi renflouer son père à la retraite, rendre le sourire a sa mère au chômage. De la même manière, d’autres Chinois prennent le départ, pour pouvoir payer les études des enfants, achever de construire leur maison. Aucun de ces travailleurs qui font les 3×8 sur les grands chantiers n’envisagent de s’installer en Afrique, ils laissent cela à des jeunes qui tentent l’aventure individuelle et précèdent les grandes sociétés avec leurs articles de pacotille ou leurs appareils électro-ménagers qui rendront enfin la société de consommation accessible aux Africains. Le principal mérite de ce livre-reportage est de mettre côte à côte des dizaines d’aventures individuelles, comme celle de l’entrepreneur Jacob Wood, déployé au Nigeria et qui a ouvert un bureau de recrutement à Shanghaï ou celle de Philippe Zhang, qui s’est lancé dans le commerce du bois à Brazzaville et est secondé par sa sœur Jessica. Il apparaît ainsi que de l’Algérie à la Guinée, en passant par la Centrafrique, le Soudan, la Chine est devenue la principale opératrice d’un véritable miracle africain.
Sans concessions, les auteurs analysent, ou plutôt décrivent les étapes du lâchage occidental : le rôle de la Banque mondiale et du FMI dans les années 80 qui ont plongé les Etats africains dans la dette puis dans l’ajustement structurel, l’imposition de nouvelles conditionnalités dans les années 90 (démocratie, bonne gouvernance), l’afropesssimisme de la fin du siècle dernier «la France, économiquement, peut se passer de l’Afrique » déclarait Sarkozy en 2006 lors d’un voyage au Mali…
Alors que l’Afrique n’intéressait plus personne, la Chine, elle était preneuse. Désireuse de s’affirmer comme grande puissance sur la scène internationale, de déployer son savoir faire, de s’assurer des sources d’approvisionnement. Sa différence ? Faire du commerce et non de la morale, ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures, respecter les autorités en place, même s’il s’agît d’autocrates corrompus ou autoritaires, remporter haut la main les appels d’offres internationaux, en proposant des devis deux fois moins chers que ceux des entreprises concurrentes…
Vues du terrain, les guerres au Tchad, en Centrafrique, au Soudan prennent une autre allure : il apparaît que les rebelles qui faillirent déstabiliser le président tchadien Idriss Deby étaient équipés d’armes chinoises, que Pékin bloque résolument toute résolution condamnant Khartoum au Conseil de sécurité. Peu à peu, Pékin quitte son rôle strictement commercial pour assumer son statut de grande puissance, intensifier sa coopération militaire et vendre des armes, participer à des opérations de maintien de la paix…
L’irruption de la Chine sur le continent noir, étape ultime de la mondialisation, comporte bien des risques, entre autres pour l’environnement, et la forêt tropicale risque de faire les frais de cette nouvelle ruée. Décrivant l’ampleur des changements, les deux auteurs minimisent peut-être les capacités de résistance dont les sociétés africaines sont capables, et ils oublient de relever que si la Chine ne veille pas elle-même à l’entretien des routes et à la maintenance des grands projets, on risque de découvrir, d’ici quelques décennies, des cathédrales dans le désert et autres éléphants blancs… L’intérêt chinois pour l’Afrique représente cependant une chance, car sans infrastructures, aucun développement n’est imaginable et sans concurrence, aucune amélioration des termes de l’échange ne peut être envisagée.
Les auteurs de « La Chinafrique » décrivent les ingrédients dont se compose se compose le succès de la Chine en Afrique, mais surtout, ils font vivre ses acteurs, décrivent leur enthousiasme, leur ardeur au travail, leur discipline. Et rappellent, au passage, que si la puissance économique joue un rôle, c’est le facteur humain qui fait la différence…

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