Le Potentiel
15/01/2011
Exprimant leur mécontentement suite à la mort suspecte d’un des leurs, des étudiants de l’Université de Kinshasa (Unikin) ont enclenché un mouvement de protestation qui a dégénéré en affrontement sanglant avec la police. Bilan provisoire : une douzaine de morts et de nombreux blessés parmi les étudiants, sans compter des casses et des véhicules brûlés.
La situation a été très tendue hier jeudi à l’Université de Kinshasa (Unikin). A la base, la découverte macabre d’un étudiant de 1er graduat en psychologie pendu à un arbre entre les homes 20 et 30 du site universitaire, dénommé « colline inspirée ».
Sous le coup de l’émotion et de la colère, les camarades de la victime ont aussitôt organisé un mouvement de protestation contre ce qu’ils ont qualifié d’insécurité persistante sur leur site. Le mouvement s’est mué en vengeance sur tout ce qui représente les pouvoirs publics. Et, cela a tourné plus tard, en bain de sang.
Les manifestants révoltés ont d’abord fait irruption à la résidence du recteur de l’Unikin, le professeur Labana, et mis à feu maisons et véhicules.
Un container situé dans l’enceinte même de l’Unikin et dans lequel était gardé une centaine d’ordinateurs offerts par des partenaires au développement a été dévalisé. Des bus de l’Institut supérieur des techniques médicales (ISTM) n’ont pas échappé à la ruée dévastatrice.
A l’intendance générale de l’Unikin, une station service en construction a été détruite.
Pendant ce temps, des voyous, communément appelés kuluna, se sont mêlés au mouvement et ont procédé à des casses en règle.
Ensuite, les manifestants ont fait un crochet à un immeuble en construction appartenant au Premier ministre Adolphe Muzito et abritant un centre culturel baptisé « le griot ». Ils l’ont saccagé sans aucun ménagement. Cela avant que les forces de l’ordre ne fassent leur apparition dans un branlebas indescriptible.
Traces de sang sur la chaussée, bérets de la police et douilles jonchant le sol, barricades de ferrailles, fumée en l’air, etc. témoignent à suffisance que la bataille a été rude entre les deux camps.
Au niveau des homes situés non loin du complexe sportif, deux personnes sont tombées sous les coups des balles. Même scène au niveau du terminus de l’intendance. Là, une élève de l’institut Mokengeli, une école secondaire située dans la commune de Lemba, a reçu une balle perdue et a été conduite à un centre de santé proche du site universitaire.
En outre, une balle a frôlé la tête d’un jeune d’une vingtaine d’années, habitant les environs. Apparemment sa vie serait hors du danger.
Bilan désastreux
Selon des informations recoupées, le nombre des victimes varierait entre huit et dix. Soulignons en passant que la presse n’a pas eu la tache facile. Des éléments en arme en tenue civile ont empêché les journalistes d’accéder au site universitaire.
Pour revenir aux raisons de ce déchainement de colère, les informations recueillies sur place et réconfortées par les premiers indices trouvés sur le corps de la victime indiquent que l’infortuné a été assassiné par balle, avant la simulation de pendaison-suicide.
Les témoins rapportent que la victime est sortie de sa chambre vers 3heures du matin pour se soulager. Ayant trouvé les toilettes des homes fermées, elle se serait rabattue sur les toilettes de fortune construites en dehors des homes.
C’est seulement aux premières heures du matin que son corps a été retrouvé, sans vie. A en croire ces derniers, la victime a bien pris son repas et ne présentait aucun ennui particulier au cours de sa dernière journée. Son corps a été conduit à la morgue des Cliniques universitaires de Kinshasa.
Il faut noter que c’est dans un espace de dix jours que le site universitaire de l’Unikin enregistre deux cas de morts suspectes. Si pour le cas du meurtre commis le 4 janvier dernier au niveau de la « maison D » du plateau de professeurs, la victime a été identifiée comme étudiant irrégulier par les autorités académiques- argument rejeté par ses collègues- cette fois-ci, aucun doute n’a plané sur l’appartenance de la victime à l’Université de Kinshasa. Raison pour laquelle, les manifestants ont rejeté tout de suite la piste de suicide volontaire. Ils exigent que les agresseurs de leur collègue soient démasqués et traduits en justice.
Jusqu’au moment où nous mettions sous presse, aucun communiqué officiel n’est parvenu à notre rédaction. Et pourtant, les autorités policières ont été jointes pour cette fin.
Toutefois, des sources concordantes renseignent que l’Inspecteur provincial de la police de la ville de Kinshasa, le Général Jean de Dieu Oleko, s’est rendu hier matin sur les lieux de la manifestation. Il a supervisé une opération de ratissage contre les jeunes de Mbanza Lemba accusés de pillage lors du soulèvement des étudiants.
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