Congo Indépendant
05/08/2011
La déclaration tonitruante du président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) sur un possible séparation de l’élection présidentielle des législatives provoque une levée de boucliers. Dans un communiqué daté du 4 août 2001 intitulé «Contre le découplage de l’élection de l’élection présidentielle des législatives», l’association de défense des droits de l’Homme «La Voix des Sans-Voix» considère que cette idée n’est nullement motivée par le souci de servir l’intérêt général mais plutôt des «intérêts particuliers» tout en étant un «ballon d’essai» pour «tester la réaction de l’opinion».
La «VSV» se dit en liminaire «vivement préoccupée» par les propos tenus par le président de la Ceni, Daniel Mulunda Ngoy, à l’issue de sa rencontre, vendredi 29 juillet, avec le ministre de l’Intérieur. On rappelle que Mulunda a menacé «sur un ton on ne peut plus arrogant», c’est l’association qui le souligne, de découpler l’élection présidentielle des législatives «si le Parlement n’adoptait pas au plus tard le 10 août 2011, les annexes à la loi électorale n° 11/003 du 25 juin 2011.»
Pour cette organisation non gouvernementale, la déclaration du "numéro un" de la Ceni traduit un état d’esprit «frisant la dictature» et sa volonté «d’imposer ses points de vue sur les questions relatives à l’organisation des élections en RDCongo». Après avoir relevé que la position prise par le président de la CENI n’est nullement édictée par l’intérêt général, l’association de clamer son opposition à «toute tentative de découplage de l’élection présidentielle des législatives» afin notamment d’éviter «qu’un Président, quel qu’il soit, élu avant les législatives n’exerce son influence sur l’élection des députés nationaux sensés être de vrais représentants du peuple et non des individus.»
La VSV égratigne au passage le Parlement congolais pour avoir convoqué la session extraordinaire pour la période du 6 août au 4 septembre prochain, alors que le projet de loi portant annexe à la loi électorale adoptée par le gouvernement, samedi 30 juillet, "aurait été déposé aux bureaux de deux chambres du Parlement, depuis le 02 août." «En définitive, conclut le communiqué, le découplage de l’élection présidentielle des législatives ne se justifie pas pour la simple raison que le gouvernement congolais et la communauté internationale ont mobilisé les moyens financiers nécessaires pour l’organisation des élections présidentielle et législatives» en RD Congo.
Madeleine Wassembinya
Ci-après, le texte intégral du communiqué de la Voix des Sans-Voix :
COMMUNIQUE DE PRESSE N°032/RDC/CE/2011
CONTRE LE DECOUPLAGE DE L’ELECTION PRESIDENTIELLE DES LEGISLATIVES
La Voix des Sans-Voix pour les Droits de l’Homme (VSV) est vivement préoccupée par les propos frisant la dictature et la volonté coûte que coûte du Président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), le révérend pasteur Ngoy Mulunda, de vouloir imposer ses points de vue sur les questions relatives à l’organisation des élections en RDCongo.
En effet, au sortir de son entretien avec le Vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur et Sécurité, monsieur Adolphe Lumanu Mulenda, le président de la Ceni a menacé, le week-end dernier dans un ton on ne peut plus arrogant, de découpler l’élection présidentielle des législatives si le Parlement RDCongolais n’adoptait pas au plus tard le 10 août 2011, les annexes à la loi électorale n° 11/003 du 25 juin 2011.
L’opinion publique nationale pense que la période de ballon d’essaie pour tester la réaction de la population sur les questions vitales de la RDCongo est bien révolue.
La position prise par le président de la Ceni serait celle dictée par tous ceux qui souhaitent le découplage des élections pour des intérêts personnels au moment où la plupart des élus actuels notamment les représentants du peuple au niveau tant national que provincial ont coupé le cordon ombilical avec leurs bases respectives auxquelles ils n’ont pas rendu compte pendant plus de quatre (4) ans de leur mandat.
Les populations congolaises déçues et désillusionnées se plaignent dans presque toutes les circonscriptions électorales du comportement des députés provinciaux et nationaux actuels.
Pour la VSV, la plupart de ces derniers ne méritent plus de jouir, avec la complicité du Président de la Ceni de la prolongation de leur mandat sous prétexte de la non adoption avant le 10 août 2011, des annexes à la loi électorale.
La position du Président de la Ceni paraît dangereuse en ce que les élus qui n’ont pas répondu aux attentes de la population et qui craignent le vote sanction pourraient intentionnellement violer le calendrier électoral en vue de continuer indûment le mandat actuel déjà à terme.
Pour s’en convaincre, le Parlement RDCongolais qui ne serait pas pressé d’adopter ces annexes susévoquées vient de convoquer la session extraordinaire pour la période allant du 06 août au 04 septembre 2011, pourtant le projet de loi portant annexe à la loi électorale adoptée par le gouvernement RDCongolais, samedi 30 juillet 2011, aurait été déposé aux bureaux de deux chambres du Parlement, depuis le 02 août 2011.
En définitive, le découplage de l’élection présidentielle des législatives ne se justifie pas pour la simple raison que le gouvernement RDCongolais et la Communauté Internationale ont mobilisé les moyens financiers nécessaires pour l’organisation des élections présidentielle et législatives en RD Congo.
Tout compte fait, la VSV est contre toute tentative de découplage de l’élection présidentielle des législatives pour des raisons susévoquées mais également pour éviter qu’un Président, quel qu’il soit, élu avant les législatives n’exerce son influence sur l’élection des députés nationaux sensés être de vrais représentants du peuple et non des individus.
Eu égard à ce qui précède, la VSV exige :
A la Ceni :
- L’organisation et la tenue effective des élections présidentielle et législatives, le 28 novembre 2011, conformément au calendrier publié par la CENI.
Au Parlement :
- L’adoption sans délais des annexes à la loi électorale n°11/003 du 25 juin 2011, en vue de l’organisation des élections à la date précitée.
Au Président de la République, garant des institutions et autorité morale de l’Alliance de la Majorité Présidentielle (AMP, actuelle MP) dont est issue la majorité parlementaire :
- de faire pression sur cette dernière pour l’examen et l’adoption rapide des annexes précitées.
Fait à Kinshasa, le 04 août 2011.
LA VOIX DES SANS-VOIX POUR LES DROITS DE L’HOMME (VSV
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