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mardi 6 septembre 2011

Au cœur de « Viva Riva ! », premier polar made in Kinshasa

Le Soir
05/09/2011

« Viva Riva ! », sur nos écrans ce 7 septembre, est le premier film de fiction 100 % congolais. Reportage exclusif dans les coulisses de ce polar bourré d’énergie signé Djo Tunda Wa Munga.











Récit
Kinshasa
De notre envoyé spécial
Mardi 9 août 2011.
21 heures et des poussières.
Rétrospectivement, ce premier contact avec Kinshasa fait l’effet d’un rêve éveillé. Une fois sortie de l’aéroport de N’Djili, la jeep fonce dans la nuit noire. C’est le premier choc avec la ville. Des braseros le long de la route – les coupures d’électricité sont une plaie pour la capitale congolaise – font l’effet d’un champ de lucioles.

Les gens se massent sur l’artère principale en provenance des ruelles des quartiers. Des gamins se faufilent entre les voitures. On a l’impression de débarquer dans une fourmilière à ciel ouvert. Et de sentir, humer et respirer cette électricité palpable qu’on jurerait pouvoir toucher du bout des doigts. Cette énergie incroyable « à la new-yorkaise » qui fait de Kin une ville unique au monde.

Avant de retrouver Boris Van Gils et Michael Goldberg, les producteurs (belges) de Viva Riva !, on fait une rapide halte au Flat Hotel Nikta Logde. Un petit hôtel à la bonne franquette, dans le quartier résidentiel de Ma Campagne ; Qui a, avec ses villas cachées derrières de hauts murs coiffés de fils barbelés, de petits airs de Beverly Hills.

On a même aperçu sur la porte d’un garage, un autocollant du genre « Attention chien méchant » mais avec une menaçante tête de serpent mamba. Qui nous renvoie à l’univers de Tarantino et à son Black Mamba, le reptile mortel de Kill Bill 2.

Comme le réalisateur de Pulp Fiction, Djo Munga connaît sa grammaire cinématographique. Avec Viva Riva !, premier film de fiction de cet ancien étudiant de l’Insas, se sert des codes du polar pour signer ce qui s’apparente à une lettre d’amour à Kinshasa autant qu’à une chronique sociale. Et raconte une virée nocturne de Riva, de retour en ville les poches pleines après dix ans d’absence, fin prêt à s’offrir une nuit d’enfer avec son vieux pote J.M.

Viva Riva ! a l’énergie d’un Slumdog Millionaire mixé à la sauce Blaxploitation des Shaft, Foxy Brown et compagnie. La musique est infernale et certaines scènes plutôt « hot ». « Tu ne peux pas être à Kinshasa sans l’aimer, concède Djo quelques jours plus tard. Il y a ceux qui partent, ceux qui sont partis et ceux qui sont là. Dans ceux qui sont là, tu aimes, tu souffres, tu regrettes, tu peux être énervé et désolé, tu brasses une foule de choses et de sentiments, mais il y a d’abord une histoire d’amour. »

Arli, assistante de production de Suka ! (boîte fondée par Djo Munga lui-même) et précieuse guide le temps de notre séjour, nous invite à rejoindre Boris Van Gils et Michael Goldberg. Qu’on retrouve attablés dans la relative fraîcheur d’une terrasse d’un des nombreux bars de Bon Marché, quartier festif. On descend de la voiture entre les vendeurs de Stella ou d’Ambassade, les cigarettes locales, et quelques shégués (enfants de rue, NDLR) qui quémandent francs congolais ou dollars. « Kalemba », le tube de Buraka Som Sistema, s’échappe des enceintes du Sheeta 2.

Après quelques Primus, on se sent tout de suite à la maison autour d’un plat de brochettes de bœuf grillées sur un tapis de braises. Quelques frangines sirotent des Fanta ou des Sprite avec un sourire canaille. Un jeune homme profite du coma passager d’un de ses potes pour lui flanquer une cigarette dans l’oreille. Scène universelle s’il en est, voir ces visages illuminés et morts de rire a quelque chose de touchant quand on sait que nombre d’entre eux ne savent pas s’ils sauront nourrir leur famille le lendemain.

Dans le magnifique et ensorcelant Mathématiques congolaises, l’écrivain In Koli Jean Bofane explique très bien combien et comment la faim qui tenaille de nombreux Kinois modifie le rythme de la ville.

 « Ici, c’est au jour le jour. Pas le choix, nous confie Floyd, assistant décorateur de Viva Riva ! On fait la fête et puis on voit le lendemain ce qui se passe. Alors oui, les Congolais se réconfortent entre la bière, les filles et la musique. »

C’est cette réalité que montre, et joliment, Djo Munga à travers son film qui accumule critiques dithyrambiques et prix de part le monde.

Écrire que les Kinois sont aussi doux et affables que fêtards invertébrés est un pléonasme. Nous en avons fait l’expérience lors d’une virée épique et mémorable quelque part entre On The Road de Kerouac, After Hours de Scorsese ou La Cité de Dieu de Fernando Meirelles et Katia Lund. Le tout à la sauce congolaise.

En commençant la soirée en mangeant du crocodile avec un haut gradé de l’équivalent de notre sûreté nationale. Festoyer ensuite à Bandal où beaucoup de Kinois commencent leur soirée avant de sillonner les clubs. Et rencontrer des personnages hauts en couleur.

Au 243, une gargote en plein air, on tombe sur Papy Mbavu, star locale qu’on entend sur la bande originale de Viva Riva !

Ce solide gaillard entre notre Uman national et Snoop Dog a fait danser Kinshasa au son de « Kotazo », tube d’une imparable efficacité et visible sur You Tube. C’est au 243 qu’on papote avec Diplôme. Junior, pour l’état civil, incarne Azor, variante congolaise de Scarface dans Viva Riva ! Ancien shégué et aujourd’hui sculpteur, Diplôme – c’est sa plus grande fierté – met à profit son expérience pour sortir les jeunes de la rue. D’ailleurs, il les connaît tous, les shégués. Grâce à sa connaissance de la rue et à sa propre expérience, Diplôme est aussi respecté qu’un Don. Boris voulait nous emmener chez Temba, une boîte old school, nous présenter « Etats-Unis », un videur/catcheur de deux mètres de haut et autant de large. Manque de bol, « Etats-Unis » ne travaillait pas ce soir…

Un des moments les plus forts de notre séjour se déroule à Bon Marché. C’est au deuxième étage d’une maison toujours en construction, sans fenêtres, ni rampe d’escalier, que nous rencontrons Moïse, un autre acteur de Viva Riva !

Moïse est l’un des trois chanteurs de Washiba, groupe kinois qui totalise une centaine de concerts en deux années d’existence. On a eu la chair de poule et les larmes aux yeux lors d’un morceau d’une beauté absolue avec deux guitares sèches, une basse, deux percussionnistes et trois chanteurs/rappeurs. Qui nous rappelle ce groupe de rap iranien chantant son amertume sur le toit d’un immeuble surplombant Téhéran dans Les chats persans, le très beau film de Bahman Ghobadi.

On retiendra de ce moment magique et suspendu par le temps une foi rarement rencontrée et une chaleur inouïe. Washiba résume l’état d’esprit de la communauté artistique locale. « Soit on pleure et on gémit. Soit on chante parce que le pays va mal. Et comme notre pays va mal, chaque chanson parle de quelque chose. C’est notre façon de transmettre notre message. Faire de l’art, c’est le levier du développement durable. Et l’art, c’est l’âme du peuple. »

Viva Riva ! capture l’âme de Kinshasa. Mais plus que cela et c’est sans doute le plus important. Le film de marque un tournant dans l’histoire du cinéma congolais. Une petite industrie est née avec le film. On a jamais vu les producteurs aussi émus que sur le tournage de Komona, film canadien sur un enfant-soldat de 14 ans qui « raconte sa grossesse non désirée à son enfant sous une forme poétique ».

Boris et Michael étaient aussi heureux que fiers de découvrir que la moitié de l’équipe avait travaillé sur Viva Riva ! On attend vivement la suite…
Philippe Manche

Viva Riva ! sort ce mercredi 7 septembre. Dès ce lundi 5, un bar éphémère Viva Riva !, avec l’équipe du film, s’installe au 18, rue Longue Vie à Ixelles. Avant-premières (complètes) les 6 au KVS et 7 au cinéma Vendôme.
Nous publierons dans le MAD de ce 7 septembre notre entretien avec le réalisateur Djo Tunda Wa Munga ainsi que la critique de Viva Riva !

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