07/09/2011
Un organe de presse incendié. Deux sièges des partis politiques, PPRD et UDPS, saccagés. Les symboles de la liberté d’expression et du droit à la différence, c’est-à-dire la démocratie, viennent d’être touchés. Auparavant, des marches populaires ont été violemment réprimées par la police, les journalistes dans l’exercice de leurs fonctions brutalisés. C’est le paroxysme. Les tensions politiques sont montées d’un cran, engendrant des violences en cascade. Le processus électoral est en péril. Le spectre de la «guerre d’août 2006» à Kinshasa réapparaît.
Lundi 5 septembre, à 22h30, le présentateur de la chaîne de la RTLV annonçait aux téléspectateurs qu’il venait de recevoir une menace selon laquelle les installations de cette chaîne allaient être incendiées la nuit. Il en serait de même du siège de l’UDPS, affirmait-il. Les faits se sont confirmés plus tard. A 3 heures du matin pour la chaîne de télévision appartenant à un leader de l’opposition et presque au même moment, le siège de l’UDPS, parti d’ Etienne Tshisekedi, candidat à la présidentielle 2011, subissait le même sort. Auparavant, le siège provincial du PPRD, parti au pouvoir, était incendié.
Ces trois faits suffisent à eux seuls pour démontrer que les tensions politiques sont de plus en plus vives et que la violence est montée d’un cran. Simplement parce que quelques jours auparavant, les marches organisées par l’Opposition pour plus de transparence dans les opérations de la CENI avaient été violemment réprimées, provoquant des dégâts humains et matériels considérables. Bien plus, les journalistes dans l’exercice de leurs fonctions ont été brutalisés physiquement, interpellés avant d’être relâchés après avoir perdu des biens personnels, en nature et en espèce. Il nous revient également qu’à Mbuji-Mayi, une personne aurait trouvé la mort lors d’une marche organisée le 1er septembre.
Là où la situation devient inquiétante, jusqu’à menacer sérieusement le processus électoral en cours, c’est que ces violences ont atteint et touché les symboles de la liberté d’expression, du droit à la différence. En gros, les symboles de la démocratie. Mais alors, à quelles élections se prépare-t-on à amener le peuple congolais le 28 novembre 2011? En attendant la réponse exacte à cette interrogation, il y a péril en la demeure.
Responsabilités partagées
La protection des biens et des personnes fait partie des pouvoirs régaliens de tout gouvernement, quelles que soient les tendances politiques ou religieuses des uns et des autres. Dès lors qu’un individu ou groupe d’individus entravent la loi, le gouvernement a l’obligation politique de s’appuyer sur des textes légaux pour dire le droit, rétablir la justice, l’ordre public et la sécurité.
Dans le cas du siège brûlé du PPRD, les responsables de l’acte de vandalisme devraient être pris sur le fait ou après investigations afin qu’ils répondent de leurs actes répréhensibles. En ce qui concerne la RLTV et le siège de l’ UDPS, dès lors que le présentateur de cette chaîne de télévision avait fait part de cette menace, l’autorité compétente devrait prendre des mesures adéquates illico afin de protéger ses installations. Pourquoi ne l’a-t-on pas fait ? Devrait-on conclure qu’un groupe de sympathisants d’un parti se seraient fait justice ?
En plus, le défi de la sécurité est du ressort de l’Etat en ce cas d’espèce du processus électoral à conduire à bon terme. Le gouvernement devrait disposer des unités spécialisées et préparées en conséquence pour réagir de façon adéquate, et surtout éviter tout dérapage. Comment expliquer que des éléments des services de l’ordre soient cités dans ces actes de provocation?
Le processus électoral évolue en dents de scie.
Il est entendu que ’éducation politique et civique des militants est en premier lieu du ressort de responsables des partis politiques, tant de la Majorité que de l’Opposition. Verser dans la provocation pour pousser l’autorité à la faute est une tactique qui ressemble à un couteau à double tranchant. Car, tout dépend toujours de cette capacité à maîtriser la situation avant qu’elle ne devienne incontrôlable.
Il serait préjudiciable et gravissime de se tourner vers la Communauté internationale afin de solliciter son concours en vue de protéger les biens et les personnes. Où en est-on avec l’option de «s’approprier les élections » ? Faut-il continuer à douter de la maturité politique des politiciens congolais ? Le défi doit être absolument relevé. Sinon, ce regain de tensions risque de faire croire que la classe politique a menti pour des raisons encore inavouées. Et dire que c’est l’existence même de la RDC en tant qu’Etat et Nation qui est l’enjeu principal de ce processus électoral !
Au stade actuel du processus électoral, la violence est l’un des points des agendas cachés de toutes les parties. Les élections de novembre 2011 ne semblent rassurer personne.
CENI : le devoir moral
L’on serait incomplet si l’on n’interpellait pas la CENI. Son rôle ne se limite pas seulement à s’occuper du Fichier central, imprimer les bulletins de vote, fabriquer les urnes et proclamer les résultats.
Tout ce qui touche au processus électoral ne peut échapper à son contrôle. C’est le sens à donner à l’élaboration du « Code de bonne conduite » pour réglementer le comportement des protagonistes. En ce moment précis où les tensions deviennent de plus en plus vives, la CENI devrait convoquer une rencontre, genre causerie morale, afin de sauver le processus électoral en cours. Un rappel à l’ordre au Code de bonne conduite placerait tous les protagonistes devant leurs responsabilités pour que, dans un sursaut d’orgueil, ils s’abstiennent de tout comportement narcissique qui ne serait que de l’huile sur le feu. Appel est lancé de partout pour le respect des règles du jeu.
La guerre des communiqués
Surchauffe sur le terrain politique
Le gouvernement promet des sanctions aux « délinquants et leurs commanditaires »
La réaction du gouvernement ne s’est pas fait attendre après des actes de vandalisme et autres altercations qui opposent ces derniers temps les militants des partis politiques. Pour le gouvernement, les actes posés par ces différents manifestants sont constitutifs d’infractions de pillage, de destructions méchantes, de coups et blessures volontaires… Tout en condamnant ces actes inciviques, le gouvernement indique que « tous les délinquants appréhendés et leurs commanditaires seront jugés et sanctionnés conformément à la loi ».
COMMUNIQUE OFFICIEL
Il s’observe depuis un certain temps une tendance à la surchauffe sur le terrain politique et une instrumentalisation de la jeunesse, appelée déjà maintenant, à contester les résultats des élections qui n'ont pourtant pas encore eu lieu. Dans cette stratégie préparatoire à une insurrection souhaitée par certains politiciens, la CENI est devenue le bouc émissaire de prédilection.
En lieu et place des stratégies électorales, l'on assiste plutôt chaque jour à des manifestations de rue non encadrées par les organisateurs débouchant régulièrement sur des actes de vandalisme.
Des faits
Déjà jeudi 1er septembre 2011, en marge de la marche dite de colère, organisée par l'UDPS et ses alliés contre la CENI, de nombreux policiers ont été blessés. Il a été en outre déploré la destruction méchante des véhicules de particuliers ainsi que des engins et véhicules de l'Office des Voiries et Drainage (OVD) destinés aux travaux de reconstruction et de réhabilitation des infrastructures routières.
D’autres incidents sont survenus hier lundi 5 septembre 2011, à l’occasion du dépôt de la candidature à la présidentielle de la République de M. Etienne Tshisekedi, particulièrement sur le boulevard Sendwe. 1.
En effet, il a été enregistré dans la journée du lundi 5 septembre, des actes de vandalisme perpétrés par des militants de l’UDPS. Ils ont saccagé la permanence de la section interfédérale du PPRD située sur le boulevard Sendwe dans la commune de Kalamu. Ils ont aussi incendié six véhicules appartenant à des privés. Par ailleurs, le bilan fait état de 12 personnes grièvement blessées dont l’une a eu la jambe gauche fracturée. 2.
Dans la nuit du lundi 5 au mardi 6 septembre 2011, probablement en réaction à ces incidents, il a été constaté que d'autres inciviques ont saccagé la permanence de l'UDPS située sur la 10ème rue, Quartier Résidentiel, dans la commune de Limete.
Il a été aussi enregistré dans la même nuit, l'incendie du siège de la chaîne RLTV située au croisement des avenues Tombalbaye et Huileries dans la commune de la Gombe.
Dans la matinée de ce mardi 6 septembre, des échauffourées se sont poursuivies entraînant malheureusement mort d'homme.
Pour toutes ces raisons, sur instruction du président de la République, chef de l’Etat, le Premier ministre, chef du gouvernement, Adolphe MUZITO, a réuni autour de lui quelques membres du gouvernement dont le vice-Premier ministre, ministre de l'Intérieur et Sécurité, le ministre de la Justice et Droits humains, le ministre en charge des Relations avec le Parlement, le gouverneur de la ville-province de Kinshasa et les Responsables des services de sécurité pour faire le point de la situation prévalant dans le pays et, notamment dans la ville de Kinshasa.
Il a été noté que les actes posés par ces différents manifestants sont constitutifs d'infractions de pillages, de destructions méchantes, de coups et blessures volontaires et autres.
Le gouvernement condamne avec la plus grande fermeté ces actes inciviques.
Tous les délinquants appréhendés et leurs commanditaires seront jugés et sanctionnés conformément à la Loi.
C'est ici l’occasion de rappeler au sens de responsabilité et de patriotisme des acteurs et leaders des partis politiques. Ils ont l'obligation d'éduquer leurs militants au respect de l'ordre public, de la propriété privée et de concourir à la sécurité individuelle et collective en contribuant, comme le souhaite l'ensemble de notre population; à la tenue des élections libres, démocratiques, transparentes et apaisées dans notre pays.
Le gouvernement de la République salue le professionnalisme de la police nationale et félicite la population pour son comportement responsable en ne se laissant pas entraîner par la manipulation politicienne.
Sous l’impulsion du président de la République, M. Joseph KABILA KABANGE, le gouvernement rassure la population qu'il ne ménagera aucun effort pour garantir la sécurité des biens et des personnes et préserver la paix chèrement acquise ainsi que la cohésion nationale.
Fait à Kinshasa, le 6 septembre 2011
Pour le gouvernement,
Le vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur et Sécurité Adolphe Lumanu Mulenda Bwana N’Sefu
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