29/11/2011
Les jeux sont faits en ce qui concerne les scrutins présidentiel et législatifs 2011. Reste la publication officielle des résultats qui pourra intervenir dans les prochaines heures. Ça, c’est le côté cour. Côté jardin, la RDC demeure au centre des enjeux internationaux du fait d’être le dernier carré minier regorgeant la nouvelle matière première très recherchée et dont la Chine détient 97% de réserves mondiales. L’onde de choc qui accompagnera la ruée vers ce «nouvel or» appelé «Terres rares», n’épargnera pas la RDC.
Les élections présidentielle et législatives 2011 appartiennent désormais au passé. La publication imminente des résultats de ces scrutins permettra au pays de repartir vers une nouvelle aventure qui s’annonce palpitante et décisive face aux grands défis du développement. Aussi bien sur le plan intérieur qu’extérieur.
Ces défis devraient constituer les véritables enjeux électoraux 2011. C’est-à-dire, disposer d’un Etat à même de s’adapter aux mutations politiques et économiques qui caractérisent le monde actuel. Des mutations qui trouvent leurs origines dans la conquête des espaces économiques pour le contrôle des minerais. Les pays qui ont été favorisés par la répartition inégale- naturellement parlant- des ressources, deviennent ainsi des cibles patentées, des objets de convoitises des enjeux divergents.
La RDC fait justement partie de ces «pays favorisés». D’où ces «guerres économiques» qu’elle est en train de subir pendant plus d’une décennie. Ou encore ce complot de balkanisation qui plane sur ce pays et ne vise que le contrôle des ressources naturelles dont la nature l’a gratifiée. Les élections 2011 ne devraient nullement occulter cet aspect du problème. Le minimiser serait faire preuve de surdité et cécité politiques inadmissibles.
Les «Terres rares»
La RDC n’est pas encore sortie de l’auberge. Les rapports des experts des Nations unies sur l’exploitation illicite des minerais de sang n’ont pas encore produit les effets attendus qu’il est question maintenant de faire face à un nouveau défi : la «guerre des terres rares».
Détrompez-vous. Il ne s’agit pas de «terres arables», un autre volet qui suscite également des convoitises en RDC, mais plutôt des métaux, des «minerais rares» qui interviennent dans toutes les industries de haute technologie.
Au total, il s’agit de «17» métaux précieux indispensables dans l’électronique, l’armement, le laser et les énergies renouvelables. Ils sont utilisés dans la fabrication des voitures électriques, téléphones et iPod, futurs TGV, ordinateurs, têtes de missiles, les fibres optiques, les pots catalytiques, les appareils de vision nocturne, les batteries électriques, les ampoules à basse consommation, les écrans plats, les panneaux solaires, les engrais pour le bétail.
Ces minerais rares sont également utilisés par l’armée, les services de santé et le raffinage du pétrole.
Le fond du problème c’est que, selon les statistiques internationales, la RDC détient, à elle seule, plus de 60% de réserves mondiales du colombo tantalite, autrement dit le coltan, métal principal dans la fabrication des ordinateurs, des téléphones portables et très sollicité par les industries aérospatiales. Ajouter à cela le cuivre, le diamant, le nickel et la cassitérite. Ces minerais ne sont pas du tout vendus en tonnes mais bien en kilogrammes. Ce qui explique l’augmentation constante de leurs prix.
Aujourd’hui, il faut compter avec le pétrole et l’énergie électrique du barrage d’Inga. Bien plus, la RDC constitue l’un des rares pays, grâce à ses nombreux cours d’eau, où il est possible de développer un vaste réseau d’Internet. Lequel nécessite des fibres optiques.
Cette situation fait de la RDC un véritable enjeu stratégique et technologique de premier ordre. Les grandes puissances le savent pertinemment bien.
La ruée ou la guerre
D’aucuns sont d’avis que la «guerre des terres rares» a déjà commencé. Ils soupçonnent le rappel des troupes observé dans le chef de grandes puissances occidentales. Toutefois, selon Pierre Picquart, dans son livre «La Chine dans vingt ans et le reste du monde», la ruée vers les «terres rares» ne fait que commencer. Si certains pays, tels les Etats-Unis ont déjà commencé l’extraction de ces minerais, la Chine en a ralenti l’exploitation. Raison avancée : celle-ci est onéreuse ; elle exige beaucoup de moyens et de temps.
Possédant les 97% des réserves mondiales des «terres rares», la Chine ne semble pas s’en satisfaire. Elle s’est tournée vers l’Afrique, et particulièrement, vers la RDC. C’est ce qu’indique Marc Cassou dans un article à publier incessamment à Paris, avec comme titre «Au cœur d’une mystérieuse concession chinoise au Congo». Si la Chine, estime-t-il, parvenait à contrôler les «minerais rares» de la RDC, elle deviendrait la nation la plus puissante au monde.
Les autres grandes puissances ne resteront pas les bras croisés. Elles rentreront dans la «guerre». N’importe comment. L’on ne serait pas surpris que la RDC serve de terrain d’affrontements des intérêts divergents de grandes puissances.
Un leadership fort
Voilà des défis qui attendent les nouveaux élus. Les exploitants des minerais tenteront par tous les moyens de contrôler les minerais congolais. Ils s’emploieront à régler les problèmes au-dessus de leurs têtes en manipulant les élites congolaises, qu’elles soient de la majorité ou de l’opposition. L’on assistera encore à la signature des contrats léonins, à la spoliation des concessions minières en maintenant les populations congolaises dans la misère la plus effroyable.
Le mérite des élections 2011 serait de disposer d’un leadership fort, des institutions nationales dépersonnalisées. Plus d’institutions fortes que des hommes forts, comme le soulignait si bien le président américain, Barack Obama, en s’adressant à l’Afrique.
En effet, plus que jamais, l’on doit dépasser le stade des «conflits des individus» pour ne privilégier que l’intérêt supérieur de la nation tant il est vrai que les hommes passent, les institutions restent.
Le Congo-Kinshasa a besoin de stratèges qui ont une vision de grandes questions nationales, régionales et internationales dans tous les secteurs de la vie nationale. L’heure des «griots» est largement révolue. Cette ruée vers les «terres rares» ; cette «guerre des minerais rares» pourrait provoquer de grandes mutations à travers le monde. Et la RDC ne sera pas épargnée par l’onde de choc des enjeux internationaux divergents.
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