31/01/2012
Le ministre congolais de la Défense nationale, Charles Mwando Nsimba, s’est entretenu lundi 30 janvier avec le chef de la Mission onusienne de "stabilisation" au Congo, le très controversé Roger Meece. L‘entretien s’est déroulé à l’état major général des FARDC (Forces armées de la RD Congo). Les deux hommes se sont contentés de constater ce que tout le monde savait. A savoir que la situation sécuritaire à l’Est est «préoccupante». Notons un fait nouveau: la paix et la tranquillité sont menacées au Nord Katanga par l’ex-chef milicien Kyungu Mutanga, alias «Gédéon». Dans la Province Orientale, on reparle des «éleveurs» Mbororo. Qui a intérêt à entretenir tous ces foyers d’incendie?
A quoi sert un gouvernement ? Le rôle d’un gouvernement ne consiste-t-il pas principalement à assurer à la population des conditions minimales de sécurité tant pour les personnes que pour les biens ? Le rôle de tout gouvernement digne de ce nom ne consiste-t-il pas à garantir la paix et la tranquillité aux membres de la collectivité? N’est-il pas paradoxal que les problèmes sécuritaires à travers le Congo préoccupent plus des acteurs de la «communauté internationale» que les dirigeants congolais lesquels investissent l’essentiel de leur temps à spéculer sur leur plan de carrière?
Lundi, Charles Mwando et Roger Meece ont diagnostiqué une situation sécuritaire «préoccupante» dans les provinces du Kivu. Le ministre congolais de la Défense nationale n’a préconisé aucune thérapie pour éradiquer définitivement ce fléau. C’est à croire que ce pourrissement arrange bien pas mal de monde. Congolais comme étranger. «Pour la Monusco et les FARDC, indique une dépêche de l’ACP, rien ne sera laissé au hasard pour tout ce qui a trait au combat contre ces groupes qui continuent à semer la mort et la désolation parmi la population dont les premières victimes sont comptées parmi les femmes et les enfants.» Cela fait plus d’une décennie que les Congolais entendent ce genre de discours. «Au sujet de la lutte pour l’éradication de ces groupes armés, poursuit la dépêche, les deux personnalités ont mis en exergue l’excellence de la collaboration entre les pays co-frontaliers pour un résultat probant». L’Etat congolais compte-t-il sur certains pays voisins pour rétablir son autorité sur son propre territoire ? Quels sont ces pays «co-frontaliers» qui souhaiteraient voir le Congo-Kinshasa restaurer la stabilité dans sa partie orientale? Le Rwanda de Paul Kagame? Le Burundi de Pierre Nkurunziza? L’Ouganda de Yoweri Museveni? Allons donc!
Les "bandes armées"
Dans les provinces du Kivu, les groupes armés nationaux et étrangers continuent non seulement à "prospérer" mais aussi à imposer leur "loi". La loi de la jungle. A Shabunda, la population est traumatisée par les massacres qui ont eu lieu au cours de ce mois de janvier. Des tueries massives imputées, à tort ou à raison, aux miliciens des FDLR. "Il y a désormais des vrais et des faux FDLR", ricane un Kivutien. C’est assez étrange de relever que ces bandes armées aient pu observer une sorte de «trêve» durant les opérations électorales du 28 novembre. Le président sortant "Joseph Kabila" a battu campagne en parcourrant cette partie du pays au volant de son véhicule. C’est à croire que «quelqu’un» contrôle la manette pouvant «activer» ou «désactiver» ces "combattants". Qui donc? Poser la question revient à y répondre. On rappelle les contacts établis jadis avec les FDLR par un certain Daniel Mulunda Ngoy, alors "simple" président de l’ASBL "Parec" dans le cadre de l’opération "une arme contre 50 dollars" au Nord Kivu. Mulunda avait réussi à prendre langue avec ces miliciens avant de transférer près de 200 d’entre eux au Katanga. On rappelle également la démarche entreprise par cet officier de l’armée belge - proche d’André Flahaut - pour "délocaliser" plus d’un millier des FDLR au Maniema. Et ce, pour le compte de "Joseph Kabila". Contre espèces sonnantes et trébuchantes. Objectif : Eloigner les opposants armés de Kagame des frontières du Rwanda. L’affaire n’a jamais été démentie.
"Gédéon»
En septembre dernier, l’ex-chef milicien Kyungu Mutanga, alias «Gédéon» s’est «évadé» de la prison de haute sécurité de la Kasapa à Lubumbashi. Ancien membre des FAP (Forces d’autodéfense populaires) mises sur pied fin 1998 par le président LD Kabila, « Gédéon» compte encore quelques «vieux camarades» au sein de l’appareil d’Etat kabiliste. C’est le cas notamment du «général» Joseph Numbi Banza et de Daniel Mulunda Ngoy Nyanga. Selon des sources diocésaines, la « résurrection » de ce hors-la-loi suscite une réelle terreur au sein de la population civile. «Il devient quasiment impossible de donner le chiffre exact des déplacés, indiquent certaines sources religieuses. On n’est certainement pas loin de 18 000 sinistrés. Il y en a qui se cachent en brousse. Les sites de regroupement de la population en détresse s’étendent désormais sur quatre territoires du Katanga : Pweto ( Kikomo, Kabola, Katendeji, Kasongo-Mwana, Manda, Kamazanga, Mumpulu, Lukona, Mwino, Kabangu, Kampangwe, Kitondwa et Mishiko), Mitwaba(Mitwaba cité, Kasengeshi, Nkonga, Watupempe et Kintya), Malemba (Nambya, Kipya, Kansonge et Kalamba), Manono(Kabusonji, Shamwana et Monga). L’assistance humanitaire tarde. Nous ne savons plus où donner de la tête».
Etrangement, ce qui se passe au Nord Katanga semble très peu préoccuper les autorités de Kinshasa. Encore moins les responsables de la Monusco. On le sait, l’essentiel des forces onusiennes sont concentrées dans les deux Kivu sans que cette présence ait eu pour effet de décourager la naissance d’autres bandes armées quasiment par «génération spontanée». Dans la Province Orientale, il est fait état de la réapparition des Mbororo à la frontière avec la RCA. Personne n’en parle. Devrait-on donner raison à ceux qui soutiennent que le Congo-Kinshasa est victime d’un complot international ?
Le 28 novembre dernier, «Joseph Kabila» s’est fait «réélire» à la tête du pays dans les conditions irrégulières que l’on sait. L’homme parait décidé à se maintenir au pouvoir par la force des armes. Pour quoi faire alors qu’il a donné toute la mesure de son impéritie à promouvoir le progrès économique et social et à donner à la population congolaise le bien le plus précieux à l’homme : la sécurité. Le président "mal réélu" devrait tirer les conséquences de son échec. Il n’est pas encore trop tard!
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