27/07/2012
Augustin Matata Ponyo.
Pendant que l’armée congolaise guerroie contre les mutins du M23 soutenus par l’armée rwandaise, le Premier ministre Augustin Matata Ponyo est en vadrouille dans la province du Bas-Congo. A Kinshasa, les membres du gouvernement ont signé, mercredi 25 juillet, un "Acte d’engagement éthique". Pour couronner le tout, "Joseph Kabila" reste impertubable. Il se tait.
Au Nord Kivu, les affrontements continus entre les FARDC et les mutins du "Mouvement du 23 mars" lesquels tentent d’éffacer toute référence au CNDP (Congrès national pour la défense du peuple). Créé en 2005, par Laurent Nkunda Mihigo, initialement pour la défense des membres de la communauté Tutsi, le CNDP passe pour un mouvement pro-rwandais. Le M23 essaie de camoufler cette "proximité" en s’abstenant d’utiliser les papier à en tête "CNDP-M23". Une manière de donner raison à l’homme fort de Kigali qui soutient sans convaincre que les événements qui se déroulent dans la province du Nord Kivu constitue une "affaire congolo-congolaise".
Quelle est la situation sur le terrain? Au cours d’un point de presse animé, mercredi 25 juillet, par le porte-parole militaire de la Monusco, le commandant Thibaut De Lacoste, on apprenait le "renforcement" des unités des FARDC dans le territoire de Rutshuru. L’objectif est d’empêcher les insurgés que d’aucuns qualifient déjà d’"envahisseurs" de s’emparer de la ville de Goma. Jeudi 26, les FARDC ont été attaquées à Rumangabo. Plusieurs dizaines de milliers d’individus déplacés continuent à errer, livrés à leur triste sous les intempéries.
Mutisme
Pendant que la population congolaise a les yeux et les oreilles braqués sur la situation au Nord Kivu, aucun officiel ne se donne la peine d’informer l’opinion, au jour le jour, sur l’évolution de la situation sur le terrain autant que les enjeux. "Joseph Kabila" garde le mutisme. Contre toute attente, le Premier ministre Matata est en vadrouille dans la province du Bas-Congo. Il y est arrivé le dimanche 22 juillet. Après avoir fait supprimer des "taxes illégales" lors de sa visite au Port de Matadi, le "Premier" a visité, mardi 24 juillet, la Cimenterie nationale (Cinat) à Kimpese. Celle-ci n’a plus produit un seul sac de cimment depuis trois ans. L’entreprise a besoin de capitaux faris pour le renouvellement son outil de production. "Après la CINAT, le Premier ministre a visité le Centre d’information et de vulgarisation agro-alimentaire de Kimpese (CIVAK), une initiative privée du révérend Père Charles Kusika Nzau du diocèse de Matadi, dans son combat pour l’autosuffisance alimentaire", indique une dépêche de l’Agence congolaise de presse. Sur le chemin de retour vers Kinshasa, le Premier ministre a visité l’usine fabrication de sachets d’Inkisi, à Kisantu. A l’issue de cette visite, le chef du gouvernement congolais "a interdit l’importation des sachets et recommandé à toutes les industries et sociétés locales de s’approvisionner désormais à la sacherie d’Inkisi, afin de favoriser les investissements socio-économiques locaux et le développement du pays".
"Rupture avec le passé"
A Kinshasa, les membres du gouvernement ont procédé, mercredi 25 juillet, à la signature d’une sorte de "charte" intitulée "Acte d’engagement éthique". Cette manifestation fait suite à un "séminaire" qui a regroupé les membres du gouvernement à Zongo, au Bas-Congo. Le salon rouge du ministère des Affaires étrangères a servi de cadre de cette cérémonie pour le moins ubuesque. En présence du vice-Premier ministre, Daniel Mukoko Samba, les membres du gouvernement ont pris l’engagement de se montrer "vertueux" dans l’exercice de leurs fonctions. Débordant d’enthousiasme, le ministre du Plan, Célestin Vunabandi, a estimé que "la signature de l’Acte d’engagement éthique est une étape importante de «rupture avec le passé». Il a par ailleurs exhorté ses collègues ainsi que les agents et fonctionnaires de l’administration publique, "à s’impliquer dans la bonne gouvernance". Plus lyrique, Tryphon Kin-Kiey Mulumba, ministre des Postes, télécommunications et NTIC a appelé "au sens élevé de la moralité pour donner un sens à la révolution de la modernité". Questions : Le gouvernement Matata 1er n’est-il pas entrain de s’embrouiller dans les "détails" pendant que le pays tout entier attend de le voir "conduire la politique de la nation" en fixant les grandes orientations et en rencontrant les vrais problèmes existentiels de la population? Peut-on promouvoir la vertu par un simple "décret"? Ne faudrait-il pas commencer par donner aux agents et fonctionnaires l’incontournable "minimum vital" tout en renforçant l’indépendance de l’appareil judiciaire? Comment le gouvernement espère-t-il amorcer la "rupture avec le passé" alors que le sommet de l’Etat est loin de prêcher par l’exemplarité?
Madeleine Wassembinya/B.A.W
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