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samedi 10 novembre 2012

Le Lac des Cygnes à la sauce zouloue

Slate Afrique 
10/11/2012

L'automne, il commence à faire vraiment froid à Paris. Pourtant l'on se réchauffe grâce au bouillonnement de la vie culturelle africaine des bords de Seine. Chroniques. 

Dada Masilo, la chorégraphe de Swan Lake, septembre 2012. 
© PHILIPPE DESMAZES / AFP 

Vous savez quoi? J’ai bien failli finir le mois d’octobre dans la déprime! Oui, moi, Issa Dieng, l’un des gars les plus joyeux de la planète, j’ai failli tomber raide morose à force de voir le temps pâlir et le ciel pleurer toutes ses larmes.


C’est que depuis le temps que j’habite le Mbenguè (l’Europe), j’ai pris l’habitude de voir débarquer le fameux été-des-Indiens, vous savez, le plan sioux du ciel pour nous faire croire que le froid de l’hiver ne viendra jamais et que c’est juste une légende qu’on raconte aux enfants. 

Sauf qu’on a eu seulement «1,2,3 (jours de) Soleil» et c’était terminé! Makach, le soleil! 

Dès la mi-octobre, le froid a fondu sur tout le monde avec sa mesquinerie habituelle et j’ai commencé à me demander ce que j’étais venu chercher comme galère dans le pays des droits de l’Homme… 

Je me suis dit:

«C’est fini, je ne sors plus. Même une chronique pour SlateAfrique truffée de potins et d’actu, même ça, je le ferai pas! Fini! J’ai pas la force. Je vais me retirer dans ma carapace avec mes arachides pour l’hiver, regarder la télé, manger et dormir jusqu’à ce que les cieux et les dieux se montrent un peu plus cléments!» Et c’est ce que j’ai fait. Mais à force de regarder la télé, j’ai constaté qu’on y parlait beaucoup de moi. Bon, je précise, quand je dis moi, en fait, ça veut dire nous: les Ouest-Africains. 

Vous avez remarqué, non? De quel pays on parle tout le temps ces temps-ci? Le Mali, le Mali, le Mali. C’est bien simple, je parie que si on demande ces jours-ci à un Français de donner le nom d’un pays d’Afrique, il citera le Mali. 

Non seulement parce que le Nord-Mali est actuellement douloureusement au cœur de l’actualité, mais parce qu’on a l’habitude, en France, de considérer que l’Afrique se limite à l’Afrique de l’Ouest. 

Vous avez bien remarqué, non? Sénégal, Burkina Faso, Mali… A côté de ces pays, on a l’impression que le Ghana, le Zimbabwe, la Tanzanie, ou la Zambie sont des territoires aussi mystérieux ou inconnus que tous les Machinstans qu’on trouve en Asie centrale! 

Je suis sûr que, si aux infos, Claire Chazal parlait du Ghanastan, du Zambistan ou du Tanzanistan, la plupart des gens n’y verraient que du feu. Quelle pitié! Le pire, c’est que, souvent, les Français se vantent d’être nuls en géographie. Alors que les Africains, eux, savent parfaitement où se trouve la France sur une carte et comment ce pays s’orthographie!… Quelle pitié! 

Moi je dis seulement: heureusement que je viens d’Afrique de l’Ouest, hein, avec mon père sénégalais, ma mère malienne et mon grand-père burkinabè (enfin, de l’ex-Haute-Volta, mais bon, je ne veux pas vous tourner la tête avec tous ces noms!). Parce que sinon, à la place des ressortissants d’Afrique centrale, je serais totalement jaloux, hein! 

Après tout, eux aussi ont copieusement été maraboutés à l’époque à coup d’ancêtres gaulois et autres «vous êtes les meilleurs, car vous nous avez vus les premiers»… Eux aussi sont francophones! 

Si tu veux rire, ouvre les yeux! 
Est-ce que Kabila fils —dit Kabila-2-le-retour— n’a pas essayé de le prouver en organisant le sommet de la Francophonie sur ses terres kinoises? Cette histoire de Francophonie, c’était trop marrant! C’est là que j’ai commencé à me dire: 
«Issa, cette deuxième partie du mois d’octobre sera peut-être météorologiquement déprimante, mais désopilamment hilarante si tu sais bien ouvrir les yeux.» 
Et je les ai ouverts. Et, qu’est-ce que j’ai vu? 

Devant les télévisions du monde entier? J’ai vu la pauvre RTTDC (République très très démocratique du Congo —comme dirait le président Mamane) se faire tacler, mais alors là, vraiment tacler 40 à zéro par La Hollande. 

J’explique. Kabila-2-le-retour a eu beau préparer un beau discours en français moussa, il a été multiplié par zéro par la Hollande, hein! Le président François l’a fait attendre jusqu’à 40 minutes avant de pointer son nez à la cérémonie d’ouverture de la grande fiesta francophone, puis il l’a encore nargué en saluant Abdou Diouf plus longtemps que Joseph et en n’applaudissant même pas le discours de Joseph. 

Il paraît qu’après, Kabila-2-le-retour a fait venir son esclave plumitif pour lui demander de vérifier que son discours n’avait pas été écrit en lingala… Et comme l’esclave a bien confirmé que c’était du français, Kabila-2-le-retour s’est fâché tout noir. 

Il paraît qu’il était prêt à décréter que désormais et pour tous les siècles à venir, si un Français, un Belge ou un Québécois voulait se rendre en Rétédécécé, il faudrait qu’il prouve sa lingalaphonie en remplissant une demande de visa en langue! 

Il paraît aussi que c’est Papa Wemba (et ses musiciens) qui l’en ont dissuadé! Dans toute cette histoire, on n’a jamais compris les choses fondamentales qui ont été dites sur la langue française pendant le sommet. Alors pour mieux comprendre, je suis allé voir le one-man-show d’un big artist du stand-up: le comédien camerounais Emile Abossolo Mbo. 



Mbal'a Loba (ou «vrai de Dieu » comme on dit chez lui), ce Camer' est trop fort pour rassembler, ramasser et servir au public tout son français celui-là! Son «Champs de son» est à suivre jusqu’au bout de la brousse, hein, je vous jure! Tâchez d’être parmi les Happy few de sa prochaine programmation.

Bon, mais je me perds, je me perds dans ces histoires de francophonie. Alors que je voulais parler du Mali! Sénégal par-ci, Burkina Faso par-là et Mali, Mali, Mali!

Vous savez qu’il y a des gens pour dire que, en raison du nombre de Soninkés au kilomètre carré dans cette banlieue de Paris, Montreuil est la deuxième ville du Mali, non? Eh ben, je peux vous annoncer que la colonisation de Paris par le Mali a peut-être commencé… C’est ce que d’aucuns murmurent du côté des Lepénistes et des Copéistes… La preuve? On a vu des Diawara et des Traoré faire meeting! Oui! Exactement!

Je peux vous dire, de source sûre, qu’une certaine Fatoumata Diawara s’exprimait en langue à La Cigale, le 23 octobre. Et on aurait vu aussi une certaine Rokia Traoré s’exprimer en langue aussi, quelques jours plus tard (le 29, selon une source policière anonyme) à la Cité de la musique.

Moi, je pense que rien que les lieux choisis pour ces meetings (boulevard Rochechouart, près de Tati et dans le fin fond du XIXe arrondissement) suffisent à mettre le moustique à l’oreille. Et quand on sait que des dizaines de personnes sont allées écouter chacune de ces Maliennes et applaudir vivement leurs propos (soigneusement enrobés dans une musique à donner le change)… Brrrr!



Toute cette chaleur, ces applaudissements, cette bonne humeur, cette bonne musique… ça fait froid dans le dos, non? On se dit que, c’est certain, les Maliens sont partis pour coloniser la France à coup de bambaraphonie… 

Tout ça m’a redonné envie de sortir. Ne serait-ce que pour prendre la mesure des terrains conquis par l’envahisseur. Côté colonisation bambara, je n’ai rien remarqué vraiment et j’avoue que j’ai même eu des doutes. 

En revanche, côté Afrique australe, j’ai bien repéré la tentative de prédation sud-africaine sur la culture occidentale. Imaginez plutôt: une troupe de danse présentant le Lac des Cygnes à Paris. Jusque là, sur le papier, comme ça, tout va bien, non? 

Sauf que, à l’intérieur de leurs tutus, tous les danseurs étaient noirs! Vraiment noirs, foi d’Issa. Et non seulement ils dansaient le Lac des Cygnes, mais ils avaient rajouté à ce ballet une grosse pincée de danses zouloues! Je ne vous dis pas le goût de la sauce! Hmmm, c’était troooop bon. 



Mais il faut croire que Dada Masilo, la chorégraphe, a des super-pouvoirs car elle a réussi à marabouter tout le monde en rendant le public daltonien.

Tombés sous le charme dis donc! Tout le monde debout pour la standing ovation pendant 10 bonnes minutes!

Au moins, les Sud-Africains, ce sont pas des «mal décolonisés», comme on dit de nous, les Ouestaf! On devrait faire pareil qu’eux. J’en parle à mon marabout! 
Issa Dieng

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