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samedi 23 mars 2013

La dernière cavale de Terminator



Le carnet de 
Colette Braeckman 
22/03/2013



Dans son centre d’accueil, où il apprend la menuiserie, Raphaël a certainement appris avec un mélange de soulagement et de tristesse que son « afande » (commandant) Bosco Ntaganda avait pris la direction de la Cour pénale internationale.
C’est un appareil américain de couleur noire, pareil à ceux qui transportaient les détenus de Guatanamo, qui a décollé de Kigali pour La Haye, avec l’appui des autorités rwandaises.
Durant des années, Raphaël, aujourd’hui âgé de 17 ans, a suivi Bosco Ntaganda comme son ombre.
Recruté à l’âge de douze ans, le jeune homme a tout fait pour son chef : le protéger, le servir, mais surtout exécuter ses ordres, au quart de tour.
« Lorsqu’il interrogeait quelqu’un, ou se fâchait, il suffisait qu’il me jette un coup d’œil, et je comprenais ce qu’il me restait à faire : tirer une balle dans la tête de celui qu’ « afande » avait condamné. »

 
Lorsque nous l’avions rencontré à Goma, voici quelques mois, Raphaël, bien que décidé à revenir à la vie civile, avouait cependant : «si mon chef, sachant que je suis ici me demande de repartir avec lui, je reprends le fusil, tout de suite… »

C’est bien cela qui, durant tant d’années, a fait la force de Bosco Ntaganda, un mélange de violence brutale, sans scrupules, mais aussi un magnétisme qui lui permettait de s’attacher, par la peur ou la persuasion, la fidélité de ses combattants, recrutés au début de l’adolescence. A mois de 40 ans, Bosco Ntaganda a traversé toutes les guerres de la région des Grands Lacs : né en 1973 à Kinigi, près de la ville rwandaise de Ruhengeri, ce jeune Tutsi rejoint en 1990 le Front patriotique rwandais alors en lutte contre le président Habyarimana. En 1994, il participe aux combats qui mettent fin au génocide des Tutsis et installent le FPR au pouvoir. En 1996-97, lors de la première guerre du Congo, il fait partie des forces spéciales qui traquent les réfugiés hutus et lors de la deuxième guerre du Congo (1998-2002), il rejoint les rebelles du « Rassemblement congolais pour la démocratie », soutenus par le Rwanda. 

En 2002, il met le cap sur l’Ituri, (dans le « grand nord » du Kivu), déchiré par les affrontements entre les Lendus (proches des Hutus) et les Hemas (apparentés aux Tutsis). Il y rejoint l’Union des patriotes congolais (UPC) dirigé par Thomas Lubanga (un chef politique qu’il retrouvera d’ici peu derrière les murs de la CPI où il purge une peine de 14 ans de prison…). Placé à la tête des opérations militaires, Ntaganda se livre à de véritables épurations ethniques contre les Lendu afin de les chasser d’un territoire qui possède d’importantes réserves d’or : des villages sont incendiés, des femmes violées, des garçons recrutés comme miliciens. Au fil des massacres, il gagne son surnom de « Terminator ». 

Lorsque les Casques bleus rétablissent la paix dans l’Ituri, c’est vaincu, désargenté, que Ntaganda arrive au Kivu et propose ses services à un autre officier tutsi, lui aussi issu de l’armée rwandaise, Laurent Nkunda. Amnistie et réconciliation obligent, les deux hommes seront intégrés au sein de l’armée congolaise, mais ne se rendront jamais à Kinshasa pour y recevoir leurs grades. Se posant en protecteurs des Tutsis du Kivu, ils créeront plus tard un autre mouvement rebelle, le CNDP (Conseil national pour la défense de la démocratie). 

« Désireux de conclure la paix avec Kabila et d’écarter Laurent Nkunda, j’ai proposé Bosco pour le remplacer »…James Kabarebe, le ministre rwandais de la Défense, qui est resté le vrai patron des deux hommes, nous expliquera plus tard comment, en 2009, il plaça Bosco Ntaganda à la tête des 3000 hommes du CNDP qui avaient accepté leur intégration dans l’armée congolaise. Cette « armée dans l’armée », qui avait gardé ses propres structures de commandement, n’allait pas seulement tenter d’éliminer les rebelles hutus des FDLR (toujours perçus comme une menace par le Rwanda) elle allait aussi, Bosco en tête, prendre le contrôle des principaux carrés miniers du Nord et du Sud Kivu, protéger de juteux trafics et coopérer avec des hommes d’affaires tutsis congolais. C’est que le chef de guerre, avait aussi pris goût au business et à la bonne vie : tout le monde à Goma connaissait sa villa, ses restaurants préférés, les courts de tennis où il entretenait sa forme avec des officiers de la Monusco. Propriétaire d’une station service, d’un hôtel, faisant exploiter à son profit les mines de Nyumbe, Nyabibwe et surtout de Lweshe (niobium) et faisant passer ses minerais au Rwanda via une frontière contrôlée par ses hommes, Bosco Ntaganda s’était aussi lancé dans un juteux trafic d’or. 

Trop riche, trop arrogant, visé par un mandat d’arrêt de la CPI, dénoncé par tous les défenseurs des droits de l’homme, Bosco Ntaganda, début 2012, avait fini par devenir gênant et Kinshasa comme Kigali avaient convenu de l’écarter, sans pour autant déférer devant la justice internationale un homme détenteur de tant de secrets. 

C’est alors qu’éclata une nouvelle rébellion, le M23, dirigée par le colonel Sultani Makenga (un ancien fidèle de Nkunda). Bosco Ntaganda, passé du côté des mutins et retranché dans sa ferme du Masisi, réussit à passer entre les filets de l’armée congolaise qui s’avéra impuissante à l’arrêter. 

C’est finalement l’implosion du M23 qui eut raison de « Terminator » : de violents combats opposèrent les fidèles de Bosco, -l’aile dure du mouvement- aux troupes de Sultani Makenga, désireux de trouver un accord avec le gouvernement. Vendredi dernier à Kibumba, Makenga, qui contrôlait les collines et les réserves d’armement, infligea de lourdes pertes à son ancien chef. Laissant sur le terrain 150 morts et de nombreux blessés, Bosco conseilla à ses fidèles de fuir en direction des forêts de Walikale via le parc des Virunga ou de rallier l’armée gouvernementale congolaise. Quant à lui, il franchit la frontière du Rwanda près de Ruhengeri, sa région d’origine, sans savoir quel sort l’attendait tandis que 600 de ses hommes arrivaient à Gisenyi. 

C’est là qu’un véhicule du chef d’état major rwandais le général Kayonga, vint chercher le fugitif, lui annonçant qu’il était attendu pour une réunion à Kigali. Dans un premier temps, des sources militaires rwandaises démentirent catégoriquement la présence de Ntaganda dans le pays. Mais à mesure que se multipliaient les informations sur le sujet, le sort de Terminator se décida : il serait abandonné par ses anciens protecteurs. C’est dans le véhicule l’amenant à Kigali qu’il apprit ce qui lui restait à faire : traverser seul le trottoir de l’ambassade américaine, se présenter et demander son transfert à la CPI. Sans tenter d’aller à gauche ni à droite, sous peine d’être « cueilli » tout de suite… 

La suite est connue : le Rwanda déclara n’avoir rien à voir avec le sort de Bosco Ntaganda, les Etats Unis, même ne reconnaissant pas la CPI, décidèrent de l’extrader vers La Haye par avion spécial. 

Reste à savoir qui touchera la prime de 5 millions de dollars que les USA avaient offert à celui qui livrerait « Terminator » : Sultani Makenga a déjà rappelé que c’est lui qui l’avait forcé à fuir, tandis que le Rwanda souligne que le fugitif s’est rendu, « volontairement »… 

Ne pas pavoiser trop vite… 

La reddition et le transfert de Bosco Ntaganda représentent certainement un succès pour la CPI car le fait que les Etats Unis, qui ne sont pas signataires, pas plus que le Rwanda, aient accepté de coopérer avec la justice internationale, représente un précédent important, un avertissement pour d’autres criminels. 

Cette issue de la cavale de « Terminator » réjouira aussi tous ceux qui luttent contre l’impunité et mettra peut-être un peu de baume au cœur des victimes. 

Cependant, les populations du Kivu demeurent circonspectes : il y a trop longtemps qu’un chef de guerre en cache un autre, que les accords de paix, fondés sur l’amnistie et l’impunité, portent en germe de nouvelles rébellions. Il faudra que la pression internationale soit forte pour que Kinshasa s’interdise la solution de facilité, consistant à intégrer, sans autre forme de procès, les anciens mutins de Makenga et à récompenser leur chef, qui a permis la neutralisation de Bosco Ntaganda. Mais il faudra aussi, pour empêcher d’éventuelles récidives, que le rétablissement au Kivu de l’autorité de l’Etat s’accompagne de mesures concrètes : améliorer la gouvernance et la justice sociale, reconstruire une région sinistrée, permettre le retour des déplacés et des réfugiés. Sinon les prétextes de nouvelles guerres demeureront posés.

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