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dimanche 29 septembre 2013

Le café, de la traite des Noirs au commerce équitable

LeMonde.fr 
27.09.2013
Par Pierre Bezbakh (Maître de conférences à l'université Paris-Dauphine)

A Minas Gerais, au Brésil.
AFP PHOTO/Mauricio LIMA 

C'est le produit de grande consommation dont les Français auraient le plus de mal à se passer : 80 % d'entre eux en boivent au petit déjeuner, 74 % après le déjeuner et 35 % dans l'après-midi. Mais, si leur consommation annuelle de café est d'environ 5 kg par personne et par an, elle est bien plus élevée en Allemagne (6,5 kg) et dans les pays nordiques (entre 9 et 13 kg), en des temps de surproduction qui explique la baisse actuelle des cours. 

Le café, dont la production s'élève à 7,4 millions de tonnes, est le deuxième produit (en valeur) échangé dans le monde (pour un montant de 11,23 milliards d'euros), après le pétrole. Sa culture est présente dans 50 pays de la ceinture tropicale et occupe 125 millions de personnes, dont 25 millions de petits producteurs, répartis dans 5 millions d'exploitations.

Le premier producteur mondial est le Brésil (avec 35 % de la production), devant le Vietnam (15 %), qui a développé récemment la culture du robusta, l'Indonésie (7,6 %) et la Colombie (5 %), qui ne produisent que de l'arabica... 

Les principaux pays consommateurs sont les Etats-Unis, l'Europe et le Japon. En France, il représente le deuxième produit d'importation (toujours après le pétrole), et le deuxième chiffre d'affaires de la distribution alimentaire. 

AU YEMEN, UN "DOPANT" POUR LES SOUFIS 
Si c'est en Ethiopie que se trouve l'origine de l'utilisation du fruit du caféier, qui y poussait à l'état sauvage, ce fut au Yémen que s'effectuèrent les premières plantations, entre le XIIe et le XIVe siècle. Cependant, elles ne se développèrent vraiment qu'au XVe siècle, quand les soufis, qui l'utilisaient comme "dopant" lors des cérémonies religieuses, répandirent la consommation du qahwa (revigorant) durant les pèlerinages à La Mecque. Sa consommation s'étendit à l'ensemble du monde musulman, favorisée par l'interdiction de l'alcool. 

L'étymologie, incertaine, du mot "café" pourrait provenir de Kaffa, la province d'Ethiopie d'où il vient, de Kaaba, la pierre sacrée de La Mecque, de kahwe – "rôti" en turc –, les premières "maisons du café" s'ouvrant à Istanbul en 1554, qui en comptera deux cents quelques années plus tard. 
Lire : "Dans les archives du "Monde" : le café du havre" 
Mais ce sont les Européens qui vont étendre l'ère géographique de la production de café et populariser sa consommation. En 1614, le marchand anversois Pieter Van den Broecke (1585-1640), découvre un breuvage "noir et chaud" dans le port de Moka, sur la côte sud-est du Yémen, en naviguant pour le compte de la Compagnie hollandaise des Indes orientales. 

En 1615, des navires vénitiens rapportent un sac de grains de café d'Istanbul et près de 20 000 quintaux arrivent à Marseille en provenance de Turquie en 1660. En 1690, un autre Hollandais, Nikolaus Witten, vole des caféiers dans la même région de Moka. Ils seront plantés dans le jardin botanique d'Amsterdam et permettront aux Hollandais de développer la culture du café aux Indes et en Guyane néerlandaise, ainsi qu'au Suriname voisin. 

Parallèlement, de nombreux établissements proposant la consommation du café s'ouvrent en Europe : à Oxford en 1650 (The Angel), à Amsterdam en 1670 (le Hopper), à Venise en 1683, puis en 1720 (création du célèbre café Florian), ou encore à Paris en 1686 (ouverture, près de l'Odéon, du Procope, qui existe toujours). En Amérique, le London Coffee House voit le jour à Boston en 1689... 

ANTILLES, ESCLAVES ET PLANTATIONS FRANÇAISES 
La France va jouer au XVIIIe siècle un rôle important dans l'essor de la culture du café. En 1669, l'ambassadeur de Turquie avait déjà offert du café à Louis XIV, séduit par ce breuvage. Puis lors du traité d'Utrecht (1713), le maire d'Amsterdam offre à son tour au roi de France quatre arbustes caféiers. Louis XIV les confie à Jussieu, conservateur du Jardin du roi, à Marly. Et, en 1720, le chevalier Gabriel de Clieu (vers 1687-1774) en obtient deux pieds, qu'il part planter en Martinique. Dix ans plus tard, les colons martiniquais exportent du café vers la métropole, qui en importe 7 000 tonnes vers 1740. 

Puis les plantations s'étendent à l'ensemble des Antilles, grâce à la traite des Noirs, qui s'effectue dans le cadre du "commerce triangulaire" reliant des ports de l'Europe du Nord, les côtes africaines, les Caraïbes et le Brésil. Les Antilles françaises deviennent ainsi au milieu du XVIIIe siècle les principaux producteurs mondiaux de café. Utilisant 500 000 esclaves noirs en 1790, Saint-Domingue produit à elle seule 40 000 tonnes par an à la veille de la Révolution. Mais la révolte de Toussaint Louverture, à Saint-Domingue, portera un coup fatal à la production de café, les rebelles détruisant la plupart des plantations coloniales. 

Au XIXe siècle, la culture du café qui s'est développée en Inde est victime de plusieurs maladies et de la concurrence du thé, qui sera (avec le coton) l'une des principales productions de la colonie britannique. C'est finalement au Brésil que la production de café connaît le plus grand essor, à partir de 1815, grâce à l'afflux d'esclaves, entrant à raison de plus de 40 000 par an durant les années 1820-1840. Le café représente alors plus de 40 % des exportations du pays en 1830 et plus de 60 % entre 1880 et la fin du siècle. La culture du café se développe aussi en Colombie et le long de la cordillère des Andes. 

Au Chiapas (Mexique), en janvier 2013. Si le commerce équitable 
représente 0,1% du commerce mondial, le café en occupe la première place.
Janet Jarman/Janet Jarman 

AUJOURD'HUI, UNE STAR DU COMMERCE ÉQUITABLE 
Le paradoxe de l'histoire est que le café est aujourd'hui le produit phare du "commerce équitable", dont la firme Malongo, spécialisée dans ce produit, est l'un des principaux promoteurs, et le label Max Havelaar (qui certifie de nombreux produits alimentaires), le garant le plus connu. 

Il s'agit de donner la possibilité aux petits producteurs de bénéficier d'un prix d'achat indépendant de celui du marché, leur assurant une rémunération supérieure à leurs coûts de production, qui leur permet d'investir, d'éduquer leurs enfants et d'avoir accès à des soins médicaux. Ces petits producteurs sont en effet victimes des fluctuations des prix mondiaux comme de leur faiblesse vis-à-vis des multinationales bénéficiant d'une situation dominante dans la collecte mondiale du café (sept d'entre elles, dont Nestlé, Sara Lee, Lavazza... achetant plus de 50 % de la production mondiale). Le commerce équitable constitue donc une forme de relation économique Nord-Sud alternative au commerce classique. 

Si ce type de commerce est encore extrêmement marginal, puisqu'il représente moins de 0,1 % du commerce mondial (avec un chiffre d'affaires de 4,5 milliards d'euros, dont 84 % de denrées alimentaires), le café en occupe la première place. En France, parmi les produits labellisés "Fairtrade/Max Havelaar", la part du café s'élève à 41 %, devant le coton et le cacao (13 %-14 %), les bananes et le thé (8 %). 

La dégustation du café est à rapprocher de celle du vin et a ses passionnés. En France, les Editions Jean Lenoir proposent, sous le nom de Nez du café, un coffret de petites fioles contenant différents arômes (caramel, chocolat, noisette, abricot...) que l'on peut retrouver dans les diverses variétés de café, et un petit ouvrage explicatif. L'amateur de café peut ainsi d'une façon ludique devenir un consommateur érudit. 

Pierre Bezbakh (Maître de conférences à l'université Paris-Dauphine) 

Une histoire récente 
XIIe-XIIIe siècle Premières plantations de caféiers au Yémen. 
1615 Les commerçants vénitiens importent du café depuis Moka (Yémen). 
1669 La cour de Louis XIV goûte au café pour la première fois. 
1718 Le café arrive au Suriname avant de se propager en Amérique du Sud. 
1720 Gabriel de Clieu importe le café à la Martinique. 
1780 La France, avec ses plantations antillaises, devient le premier producteur mondial de café. 
1890 On attribue l'invention du café soluble instantané au Néo-Zélandais David Strang, que lui conteste l'Américain Satori Kato, en 1901. 
1963 Création de l'Organisation internationale du café.

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