************ QUI AURAIT SOUVENIR D'UN MAGASIN MAMPEZA A COQUILHATVILLE ? IL ETAIT TENU PAR UNE FAMILLE PORTUGAISE ! PRENDRE CONTACT AVEC LA WEBMASTER. EMAIL : tvcn156753@tvcablenet.be MERCI. ************ QUI AURAIT CONNU DANS LA PROVINCE DE L'EQUATEUR , FIN DES ANNEES 1940 ET JUSQUE 1960, DENIS GOUVRIER, AGRONOME. IL AURAIT TRAVAILLE PRINCIPALEMENT A MONKOTO, BOENDE ET PEUT-ETRE DANS LA REGION DE COQUILHATVILLE. PRENDRE CONTACT AVEC LA WEBMASTER. EMAIL : tvcn156753@tvcablenet.be. MERCI. ************

dimanche 22 juin 2014

Invité Afrique RFI : Médecines traditionnelle et occidentale : faire se rencontrer 2 mondes


RFI
Invité Afrique
22/6/2014
Amélie Tulet

Centrafrique: deux médecins examinent
un enfant ayant l'estomac gonflé,
 le 4 mai 2014.
AFP PHOTO / ISSOUF SANOGO
Ecoutez l'interview
Mauvais sort, empoisonnements, mangeurs d’âme. En Afrique, comment les médecins réagissent-ils lorsqu’ils reçoivent des patients convaincus que leur maladie est d’origine occulte ? Faut-il combattre les croyances ou les accepter pour mieux soigner ? Ce matin notre invité est Olivier N'kulu Kabamba, médecin belge d'origine congolaise. 

RFI : Est-ce fréquent pour un médecin qui exerce en Afrique d’être face à un patient convaincu que ses souffrances sont liées à la sorcellerie ? 
Olivier N'kulu Kabamba : C’est vraiment une situation de grande ampleur que ce soit en ville, à la campagne, dans les quartiers riches ou des quartiers pauvres. La sorcellerie, aujourd’hui, est un phénomène qui pénètre profondément toutes les couches [sociales], les gens en parlent et en ont peur. 

Dans quelles circonstances les patients évoquent la sorcellerie ?
Prenons l'exemple de quelqu’un qui, après avoir réalisé quelque chose de bien, avoir construit une maison, acheté une moto ou une voiture pour ceux qui ont de l’argent, tombe malade. Il se dit alors : ce n’est pas normal, je viens d’avoir un succès, ce n’est pas possible que je puisse tomber malade. Donc cette maladie vient de quelqu’un, par jalousie ou tout simplement parce qu’il ne veut pas que je puisse jouir de mon bien. 

Pour eux, ce qui n’est pas explicable vient forcément d’un acte malveillant ? 
Exactement et la problématique première pour les médecins, c’est de voir qu’eux-mêmes sont devant deux rationalités : la rationalité européenne occidentale - parce que la médecine que nous exerçons en Afrique nous a été enseignée ou nous est venue de l’Occident -, et de l’autre côté, la sorcellerie, qui répond à une autre rationalité, une rationalité culturelle. 

Comment les médecins que vous avez rencontrés, réagissent concrètement lors d’une consultation ou une hospitalisation pour peut-être rassurer le patient qui pense qu’il a été victime de sorcellerie ? 
Je prends l’exemple du médecin de Maputo que j’ai rencontré. 
Lui me dit : « La sorcellerie, dans la réalité, c’est parce que les gens vont beaucoup dans les églises. On leur inculque la peur du sorcier ». Quand [les patients] arrivent au cabinet médical de ce médecin à Maputo, il doit d’abord se faire pédagogue. 
Comme je le montre dans mon ouvrage, il y a trois cas de figure : il y a les médecins qui disent que la sorcellerie n’existe pas et, si on peut parler rationnellement et scientifiquement, [que] sorcellerie égale empoisonnement. Il y en a d’autres qui disent : nous ne pouvons pas nous prononcer et le troisième cas de figure, ce sont les médecins, et ils sont nombreux, qui croient que la sorcellerie existe. 
Pour moi, cela complique la relation thérapeutique. 

Est-ce cela peut avoir un impact sur le traitement ? Pourrait-il y avoir des traitements parallèles suivi par le patient ? 
Dans la journée, vous avez votre patient en milieu hospitalier, il est soigné par la médecine moderne mais quand arrive le soir, il reçoit qui de la cendre, qui une boisson, qui des écorces... [Face à ] cette réalité... [certains] médecins ferment les yeux, [mais] il y en a d’autres qui n’acceptent pas du tout. Et le médecin qui soigne, il va chercher coûte que coûte à évacuer la rationalité africaine. 

Et donc à expliquer que deux traitements parallèles peuvent parfois entrer en concurrence ? 
Je vais vous donner un exemple. 
Le médecin de Luanda me racontait : j’ai eu un patient qui était convaincu véritablement que c’était son oncle qui lui avait lancé un mauvais sort, et j’avais interdit à cet oncle de rendre visite à la personne malade tant qu’elle était hospitalisée. Mais celle-ci étant convaincue que sa maladie venait de la sorcellerie, le soir elle recevait une boisson qui lui donnait la diarrhée de telle manière que, quand je lui prescrivais des anti-diarrhéiques, je ne comprenais pas pourquoi ces anti-diarrhéiques n’agissaient pas. C’est parce que tout simplement le soir, elle recevait une boisson qui lui disait, vous devez évacuer la sorcellerie. C’est vrai qu'il y a même des patients qui en sont morts ! A cause de ces traitements parallèles. 

Et quelle est la demande qui émane des médecins que vous avez rencontrés pour écrire cet ouvrage ? 
La première chose que disent les médecins, c’est que la façon dont on nous enseigne la médecine en Afrique n’est pas adaptée. Les médecins attendent justement que, dans l’information ou dans la formation continue, cette réalité, qui est générale en Afrique, soit abordée et qu’ils aient des outils. 
Le premier outil est de faire se rencontrer les deux mondes : il faut que, dans les facultés de médecine on amène des personnes connues, qui ont pignon sur rue, que l’on dit guérisseurs, pour qu’ils comprennent avec quelles rationalités ces tradi-praticiens, ces tradi-thérapeutes fonctionnent. 

Quand vous dites notamment rapprocher les deux mondes, on le voit avec l’épidémie de fièvre Ebola en Afrique de l’Ouest que la question se pose entre les messages de sensibilisation véhiculés par les médecins dits « modernes », des messages pas toujours bien reçus car ils sont en contradiction avec les pratiques traditionnelles et avec les croyances locales ? 
Oui et on le voit dans toutes les épidémies. 
Dernièrement au Congo, à Kisantu où je me trouvais, le médecin me dit « c’est parce qu’il y a un sorcier qui a été empoisonner la source ». Lui, il l’intègre parce qu’il a reçu trois, quatre, cinq, six patients qui lui ont dit : nous n’avons jamais été victime de cette maladie, cette maladie vient justement de la source. Pour qu’il puisse aider les gens, dans la situation épidémique où ils sont, à avoir de bons réflexes, le médecin ne doit pas faire une croix sur cette rationalité-là. La première chose qu’il va dire c’est : est-ce que nous pouvons protéger cette source contre ces sorciers ? Là les gens adhèrent, les gens comprennent… 
Je donne le cas du médecin sénégalais qui me disait : comme il y avait eu une diarrhée presque endémique, j’avais dit [aux malades] : puisque vous dites que le sourcier vient faire « couac » à votre puits, veillez maintenant à faire garder votre puits la nuit. A ce moment là, j’ai pu aider les gens à se soigner, me dit-il, étant assuré que, la nuit, le puits d’eau est gardé. 
Je pense que cette réalité-là est véritablement intégrée. 
Comme je l’écrit dans le livre, on ne verra pas demain, alors que véritablement il le faut, sur les fiches médicales écrit, noir sur blanc : « le patient évoque la sorcellerie dans sa maladie » ; « le patient évoque la sorcellerie dans la source de sa maladie » ou encore « le patient évoque la sorcellerie dans l’évolution de sa maladie ». Que ce soit une donnée du dossier médical d’un patient africain. Pourquoi pas ? Et à ce moment là, on va se tourner vers cette rationalité-là qui est aussi, pour moi, une rationalité à intégrer dans la relation des soins

Olivier N'kulu Kabamba enseigne l'éthique médicale au Canada et à l'université de Lubumbashi en RDC. Il publie chez L’Harmattan "Les médecins en Afrique et la sorcellerie", un livre écrit à partir d’entretiens avec 36 médecins du continent.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire