19 /09/ 2014
Les débats ont été passionnés, les choix difficiles…
Après de longues discussions entre les groupes politiques du Parlement européen, deux candidats au prix Sakharov ont fini par émerger : le mouvement ukrainien Euromaidan et le gynécologue congolais Denis Mukwege.
Ce dernier fut vivement défendu au nom du groupe libéral par le belge Louis Michel appuyé par le socialiste Marc Tarabella.
L’accord politique conclu entre le groupe libéral et le groupe socialiste du PE devra encore être ratifié en commission le 23 septembre prochain et c’est vers le 16 octobre que sera connue la décision définitive.
Mais il est d’ores et déjà certain que le Dr Mukwege, déjà par ailleurs lauréat du Prix Roi Baudouin pour le développement et, plus récemment, du prix Solidaris, figure dans le peloton de tête.
Ce dernier, après avoir été l’inventeur de la bombe à hydrogène, est devenu le plus célèbre, le plus offensif des dissidents russes, luttant contre l’armement nucléaire et fondant un Comité pour la défense des droits de l’homme et des victimes politiques.
Vu le caractère assez politique du prix Sakharov, la candidature du Dr Mukwege eut affaire à une forte concurrence, celle d’Euromaidan, celle aussi d’un candidat originaire d’Azerbaïdjan. Il apparut cependant que le gynécologue congolais, qui a consacré toute sa vie à tenter de reconstruire physiquement et moralement les femmes détruites par la violence sexuelle, était aussi, à l’instar d’autres prestigieux lauréats, un militant pour les droits de l’homme et la tolérance, comme Nelson Mandela, les Mères de la place de Mai, Taslima Nasreen du Bangla desh ou la Birmane Aung San Suu Kyi.
En effet, en plus de prodiguer aux femmes du Kivu les meilleurs des soins gynécologiques, le Dr Mukwege, voici une quinzaine d’années, a décidé d’ajouter à son action médicale une démarche de plaidoyer et de témoignage.
Invité aux quatre coins du monde, le médecin chef de Panzi a réussi à briser l’indifférence de la communauté internationale et à attirer, enfin, l’attention, sur un scandale majeur : au Kivu, de manière particulièrement atroce, le viol, pratiqué à l’encontre des femmes adultes mais aussi des fillettes et des femmes âgées, a été utilisé comme arme de guerre et de terreur.
Se répandant comme une métastase de la violence guerrière, cette pratique a été utilisée par la plupart des groupes armés se disputant, dans les campagnes de l’Est du Congo, l’accès aux terres et aux ressources naturelles.
Cependant, le Dr Mukwege, par son exemple et son témoignage est aussi un militant des droits de l’homme et de la tolérance : dans son hôpital, il a toujours refusé l’exclusion, prêché pour que vivent en bonne intelligence toutes les communautés du Kivu et il n’a jamais hésité à prendre à partie les hommes politiques de son pays afin que, eux aussi, veillent à mettre fin aux souffrances des femmes de l’Est du Congo.
Ce plaidoyer passionné, éloquent qui amené Denis Mukwege jusqu’à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies n’a pas été sans risque : en novembre 2012, le médecin de Panzi, qui revenait d’une longue tournée à l’étranger, a échappé de justesse à une tentative d’assassinat et depuis lors, craignant de nouvelles menaces sur sa vie, cet homme qui est l’un des plus célèbres et des plus respectés des Congolais, vit en reclus dans son hôpital, qu’il ne quitte plus que sous la protection des Nations unies…
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