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samedi 11 octobre 2014

Les combattants de MSF sur le front Ebola

LE MONDE 
09.10.2014 
Par Rémi Barroux

Fanny Michaëlis
La jeune infirmière infectée par le virus Ebola est sortie guérie, samedi 4 octobre, de sa chambre confinée de l’hôpital militaire Bégin, à Saint-Mandé (Val-de-Marne), aux portes de Paris. Première Française à avoir été infectée, lors d’une mission au Liberia, par la maladie qui a tué plus de 3 860 personnes en Afrique de l’Ouest depuis fin mars, Lucie est une volontaire travaillant pour Médecins sans frontières (MSF). En première ligne dans la guerre menée contre Ebola, les membres de cette organisation sont exposés et… touchés. Plus de 400 personnels médicaux sont tombés malades depuis le début de l’épidémie, dont 16 de MSF : 232 sont morts, dont 9 de MSF – un bilan très lourd, exceptionnel, pour ce genre d’interventions. 

Depuis son exfiltration discrète de l’hôpital, la jeune femme se repose des fortes fièvres qui caractérisent la maladie. Trois jours après sa sortie, un avion sanitaire rapatriait jusqu’à Oslo une médecin norvégienne d’une trentaine d’années, infectée en Sierra Leone et travaillant elle aussi pour MSF. Comme elle l’a fait pour la Française, l’ONG cache soigneusement l’identité de cette femme, préservant la vie privée et la sécurité de ses membres.

Pourquoi des milliers de personnes quittent-elles le confort relatif d’hôpitaux, de cabinets de santé, d’administrations, pour rejoindre des pays où tout manque, où la moindre mission s’apparente à une guerre sans merci contre la maladie, la pénurie, la misère ? Ils sont plus de 3 000 à s’être engagés pour MSF depuis le début de l’épidémie, dont au moins 250 expatriés, dans les trois pays d’Afrique de l’Ouest les plus touchés, Guinée, Liberia et Sierra Leone. Les rotations de volontaires suivent un rythme soutenu : d’un mois à six semaines maximum dans les centres de traitement, pour éviter que la fatigue, le stress ne provoquent des accidents ou que le moindre relâchement de l’attention ne permette l’infection. 

NORMES DE SÉCURITÉ DRASTIQUES 
Géraldine Bégué, jeune infirmière luxembourgeoise, salariée de la branche suisse, est intervenue en Guinée puis en Sierra Leone. Rencontrée à la fin juillet sur une pirogue qui lui faisait traverser les eaux boueuses de la rivière Makona, frontière naturelle de la Guinée avec le Liberia et la Sierra Leone, la jeune femme avait juste eu le temps d’apprendre à enfiler rapidement et correctement l’indispensable équipement de protection personnelle. 

Quelques jours à Guéckédou, en Guinée, avant de plonger dans l’enfer sierra-léonais de Kailahun : là, elle a vu mourir des nourrissons qu’elle avait serrés dans ses bras, équipée de sa tenue de spationaute. « Il y a des gros coups de blues, la crainte est toujours là et il faut qu’elle soit là », explique Géraldine. Ebola, c’est sa deuxième mission pour MSF, après un passage en Haïti en 2013, dans un hôpital créé par l’ONG à la suite du séisme de 2010. « Etre utile », voilà la motivation partagée par les volontaires. Le goût pour les voyages aussi. La crainte d’une contamination, ils en parlent rarement. « J’ai plus peur des gens, de leurs réactions, que du virus lui-même », dit l’infirmière luxembourgeoise. 

Après la contamination, en août, dans le centre de Kailahun, d’un médecin de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui avait dissimulé son état aux équipes d’intervention, plusieurs personnes de MSF ayant été en contact avec lui sont devenues suspectes. La mission de Géraldine a été écourtée. « On a dû évacuer douze personnes, il y avait beaucoup de colère, de frustration, c’était affreux », raconte la jeune femme. 
« Ce qui m’a frappée, c’est qu’une partie de la communauté médicale a peur des gens qu’elle doit soigner » Kathryn Dedieu, ingénieure 
Les normes de sécurité dans les centres de traitement sont pourtant drastiques. Kathryn Dedieu, une Américaine de 43 ans, vient de rentrer du Liberia, où elle a passé un peu plus de deux semaines pour ouvrir un centre dévolu au traitement d’autres pathologies qu’Ebola, qui compliquent la lutte contre la maladie. Ingénieure à Boston dans le secteur de l’eau, pour un salaire quatre fois supérieur à celui que lui propose MSF, elle est « watsan » (« water and sanitation »), c’est-à-dire chargée de veiller à l’alimentation, au traitement des eaux et à la gestion des déchets. Après neuf missions au compteur, dont le Soudan du Sud, l’Américaine ne redoute plus la maladie : « Nous avons des protocoles, nous sommes très encadrés, dit-elle. Mais ce qui m’a frappée, c’est qu’une partie de la communauté médicale a peur des gens qu’elle doit soigner. » 

Pour MSF, dont les besoins en personnels vont croissant, il n’est pas question de recruter des têtes brûlées. L’organisation compte environ 25 000 salariés dans le monde, intervenant dans plus de 250 000 centres. Ses dépenses globales ont atteint 952 millions d’euros en 2013. Chaque année, environ 1 600 volontaires partent à l’étranger pour l’organisation française. Il n’y a pas de profil type ou d’âge requis, explique Marc Ferrier, responsable des embauches à MSF France. « Il reste un côté un peu militant, la volonté de lutter contre le scandale du manque de moyens du Sud. Mais, depuis les “French doctors” des années 1970, MSF est devenu une multinationale, un employeur qui offre des contrats de travail, paie ses salariés selon des barèmes, une grille », analyse cet ancien logisticien qui a effectué sa première mission en 2001 au Soudan du Sud. 

« ON PEUT SE TROMPER » 
Rony Brauman, ancien président de MSF France, animateur du Crash, le Centre de réflexion sur l’action et les savoirs humanitaires (de MSF) et professeur à Sciences Po, responsable du master droits de l’homme et action humanitaire, témoigne de l’évolution mais aussi des constantes de MSF. « Le monde a changé, l’anti-impérialisme des origines, sorte d’esperanto politique, a disparu, l’antitotalitarisme a ensuite pris le relais, puis on a assisté à une sorte de privatisation de l’intérêt général. L’horizon de justice et d’égalité s’est embrumé, l’intervention de la puissance publique a faibli. Mais la conscience individuelle et collective de la nécessité d’intervenir reste au cœur de nos motivations », explique-t-il. 

Lors de l’entretien d’embauche, les motivations des candidats sont analysées avec soin. « On peut se tromper, voire même licencier quelqu’un qui ne respecterait pas les consignes de sécurité », précise Marc Ferrier. « Une fois, s’amuse-t-il, un photoreporteur a essayé de se faire embaucher pour accéder à des zones de conflit, mais on s’en est aperçu avant. » Certains peuvent souhaiter ne pas partir dans les pays infectés par Ebola ou dans les territoires palestiniens, comme cela a été le cas cet été, mais les volontaires savent en général à quoi ils s’engagent. 

Il faut gérer, assurer, payer, sécuriser aussi, ces hommes et ces femmes qui donnent entre six mois et un an à l’organisation. Après une première année sous le régime du volontariat, avec une indemnité de 1 000 euros net par mois (non imposable), ils deviennent salariés, avec un contrat en bonne et due forme et un salaire allant de 1 500 euros pour un infirmier à 1 700 euros pour un chirurgien. « Un chef de mission très expérimenté touche un salaire de 2 800 euros », précise Marc Ferrier. 

L’employeur cotise aux caisses de retraite, paie les assurances et finance tous les frais, visa, voyage, hébergement. Sur place, MSF les « soigne » : « L’idée, c’est que nos expats soient à 200 % concentrés sur leur travail. On les soulage de tous les soucis et des préoccupations éventuelles. » Cuisiniers, chauffeurs, gardiens, c’est une véritable économie locale qui profite de la présence des missions sanitaires. Au point que les locaux en arrivent à espérer que les centres de traitement et les camps d’hébergement ne ferment pas trop vite. 

« PARTIR, J’Y PENSE TOUS LES SOIRS » 
Dans la guerre contre le virus, MSF mobilise toutes les compétences. Jean-Guy Audéoud, cartographe grenoblois de 26 ans, a passé sept mois dans la campagne sierra-léonaise. « C’est la première fois que MSF faisait appel à un cartographe, témoigne le jeune homme. Au début, les équipes étaient un peu sceptiques, mais très vite tout le monde m’a demandé mes cartes. Dans la lutte contre Ebola, cela permet de gagner du temps. » 

A l’étranger, MSF emploie depuis la seconde moitié des années 1980 une majorité de personnels nationaux. Les expatriés, qui viennent aussi en nombre des pays voisins, ne représentent qu’une minorité. La prudence s’impose, pour ne pas désorganiser les services de santé du pays. Beaucoup de médecins et d’infirmiers préfèrent en effet travailler pour MSF qui paie mieux que les autorités locales. « On permet aux nationaux de prendre des responsabilités qui leur seront utiles plus tard, mais on fait attention : les salaires sont corrélés au marché du travail local, avec 25 % en plus », précise Marc Ferrier. 

Les « expats », eux, se retrouvent dans des camps spécialement aménagés par MSF. Parfois avec les membres de la Croix-Rouge et du Croissant rouge international, ou de l’OMS. Français, Américains, Marocains, Canadiens, Belges, Afghans, Egyptiens ou Sénégalais, hommes et femmes, y vivent durant des mois. Le soir, lors des rares moments de détente où l’on ne se laisse jamais vraiment aller – aucun contact physique, pas même des mains qui se touchent –, les discussions tournent souvent à l’évocation des souvenirs de missions passées. Haïti, le Soudan du Sud, la Syrie, la Somalie, autant d’expériences fortes qui soudent la communauté. Nombre de ces interventions ont lieu dans le cadre de conflits armés. MSF brandit alors son indépendance comme garantie de sa sécurité, mais cela ne suffit pas toujours. En Somalie, l’ONG doit recourir à la protection de gardes armés depuis les années 1990. 

A Bordeaux, Claire Ragot, 30 ans, attend avec impatience son premier ordre de mission pour MSF. Médecin réanimatrice au centre hospitalier universitaire, elle dit « avoir choisi médecine pour faire de l’humanitaire, pour aller là où il y a de gros besoins ». Son entretien d’embauche, début septembre, s’est bien passé, pense-t-elle. « Avec ma formation, ma connaissance des maladies infectieuses, je pense qu’ils devraient avoir besoin de moi », espère la jeune femme. Elle a demandé deux mois de congé à son employeur mais n’a obtenu que cinq semaines. 

Ebola ne lui fait pas peur, mais elle s’inquiète des conditions difficiles d’intervention. « Venir aider et sentir que l’on n’est pas forcément les bienvenus, cela doit être difficile, confie-t-elle. Mais pour moi, partir là-bas, c’est énorme, j’y pense tous les soirs quand je me couche. » 

Rémi Barroux 
Journaliste au Monde

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