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lundi 10 novembre 2014

Le sexe et la race à l’épreuve de la science et du «bon sens»

LeTemps.ch 
10/11/2014 
Nic Ulmi

Fresque de rue à Londres, dans le quartier cosmopolite de Notting Hill. 
Si l’on lit attentivement Darwin, l’évolution mènerait à la paix entre les peuples. 
(Deschamps/Alpaca/Andia.fr) 

En niant les différences à coups de science, les combats pour l’égalité tombent trop souvent à plat. Historien des sciences et spécialiste de Darwin, Patrick Tort explore d’autres voies «Depuis une vingtaine d’années, une mode, fortement soutenue par une opinion humaniste-progressiste en quête de certitudes faciles et répétables, a imposé l’idée que les races, en dépit de l’évidence visible, n’existeraient pas […] et que, en conséquence, le racisme serait une sottise réfutée par la biologie.» Qui a prononcé cette phrase? Eric Zemmour? Jean-Marie Le Pen? Non: un antiraciste engagé du nom de Patrick Tort. Philosophe, historien des sciences, officier des Arts et des Lettres, spécialiste de Darwin, Français avec une racine algérienne qui le rattache à une «histoire de métissage et de matriarcat», le savant aborde le travail antiraciste à rebrousse-poil dans un petit livre en forme d’entretien appelé Sexe, race & culture. On y trouve rassemblés les fils d’une pensée développée au cours d’une trentaine d’années, dans le but affiché de «réinstruire l’antiracisme contemporain». 

Question piège, en effet: le sexe et la race existent-ils ? Prenons la race, pour commencer. Pour Eric Zemmour et Jean-Marie Le Pen, cela ne fait pas de doute: la race se voit. Pour la génétique d’aujourd’hui, en gros, non: la race n’existe pas. Mais marteler ce constat scientifique comme le fait l’antiracisme «dans ses versions institutionnelles» ne sert à rien: c’est un entêtement qui a «engagé l’opinion publique progressiste sur une voie désastreuse», avance Patrick Tort. Car «en faisant dépendre le racisme de l’existence ou de la non-existence biologique de la race», on sous-entend que «si d’aventure les races existent, alors on peut être raciste sans être forcément un sot». Il suffira dès lors au raciste de dire «ben, si, elles existent, regardez» – et le tour est joué.

Le sexe, c’est plus ou moins la même question. Existe-t-il des femmes et des hommes biologiquement déterminés en tant que tels, ou n’y a-t-il que du genre construit par la culture? D’un côté, certes, l’Occident fait une véritable fixation sur les «polarités distinctes» et les «différences bien marquées», car «le mixte le désoriente» – alors que la «mixité sexuelle» au sein d’une même personne a toute sa place dans la réalité objective. D’autre part, nier qu’il existe biologiquement deux sexes relève d’un «véritable délire idéologique». Si on veut promouvoir l’égalité homme-femme et les droits des minorités sexuelles, il faut chercher ailleurs. 

Pour ce faire, Patrick Tort dispose d’un allié de taille en la personne de Charles Darwin. Car oui, Darwin était explicitement antiraciste et féministe, contrairement à ce que l’appropriation de L’Origine des espèces par le «darwinisme social» et la sociobiologie ont pu faire croire. C’est aussi en lisant Darwin – et notamment La Filiation de l’Homme, le seul ouvrage où le naturaliste se penche sur notre espèce – que Patrick Tort trouve l’argumentaire pour dépasser l’opposition factice nature/culture et «le vieil antagonisme de l’inné et de l’acquis». Son livre dilate ainsi prodigieusement le domaine des possibles ouverts à l’humanité. 

La race existe-t-elle ? «Dans la tradition naturaliste, «race» est un synonyme de «variété», écrit Patrick Tort. C’est un terme courant du vocabulaire «de la zoologie, de la botanique, de la zootechnie, de l’agriculture et de l’horticulture des trois derniers siècles». Or, comme toutes les autres espèces, l’humanité «comprend des variétés». Donc… des races? Non, si l’on se réfère à des lignes de partage entre groupes humains observables par la biologie moléculaire. Oui, si l’on accepte d’appréhender la variété humaine par un mot fondé sur des critères imprécis, mouvants, instables, «peu délimitatifs», mais néanmoins utilisé par nos sociétés de manière persistante. 

Le problème du racisme, c’est de considérer que ces variétés sont permanentes, porteuses d’une «destinée identitaire» et de «signes d’infériorité native», «autorisant naturellement une domination» qui permettrait de traiter des populations «comme des animaux domestiques qu’il est loisible tantôt d’exploiter, tantôt de discriminer, tantôt d’éliminer». Il s’agit là d’une «perversion organisée par une idéologie» et pas d’une ancienne errance de la biologie. Car «aucune idéologie ne peut «naître» d’une science: l’idéologie naît toujours de l’idéologie». Le problème de l’antiracisme, c’est qu’en basant sa réfutation sur le niveau moléculaire, il risque d’apparaître comme «une pure invention de l’élite initiée aux secrets invisibles de la génétique et de l’hémotypologie» et de rater sa cible. 

Darwin légitime-t'il le racisme ? Bien au contraire, souligne Patrick Tort. Le problème du darwinisme, c’est la décennie qui sépare L’Origine des espèces (qui paraît en 1859 et ne traite pas de l’espèce humaine) de La Filiation de l’Homme (1871), ouvrage fondamental et méconnu, que Patrick Tort s’efforce de mettre en valeur depuis trente ans. Dans l’intervalle entre ces deux dates, Herbert Spencer en aura profité pour détourner la notion de sélection naturelle en bâtissant le «darwinisme social» et Francis Galton, en fondant l’eugénisme. 

Dans La Filiation, Darwin affirme, au contraire, que la sélection naturelle, basée initialement sur «l’inévitable élimination des moins adaptés», a accentué en nous des traits naturels qu’il nomme «instincts sociaux». Ceux-ci ont permis notre formidable développement rationnel, mais pas seulement. «A mesure que l’Homme avance en civilisation» – écrit Darwin – il est amené à «étendre ses instincts sociaux et ses sympathies à tous les membres d’une même nation […] puis aux hommes de toutes les nations et de toutes les races». C’est ce que Patrick Tort appelle l’«effet réversif» de l’évolution: «la sélection naturelle sélectionne la civilisation, qui s’oppose à la sélection naturelle». Le racisme représente, lui, un retour en arrière sur l’échelle de l’évolution. 

Le sexe existe-t-il ? «Ce qui serait très caricatural, ce serait de penser que le fait que l’homme ne s’implique dans la procréation que quelques secondes et la femme neuf mois n’ait aucune incidence comportementale sur les partenaires concernés.» Qui dit ça? Zemmour, éreintant la «théorie du genre»? Non, toujours Patrick Tort. Sexiste? Réponse en trois temps. 

Le féminisme de Darwin, pour commencer: d’une part, le processus de civilisation déclenché par les instincts sociaux consiste en une généralisation de l’activité protectrice, qui était initialement celle des femelles, et en un recul de la rivalité, rattachée aux mâles. D’autre part, Darwin «donne une liste des actions culturelles à entreprendre» pour combattre l’inégalité, car il croit à «l’égalité fondamentale des capacités», relève Patrick Tort. En effet – les neurosciences sont venues le montrer – le phénomène de la «plasticité cérébrale» implique que tous les cerveaux sont ouverts à «tous les apprentissages», indépendamment de leur race et de leur sexe. La nature crée à la fois des différences et le mouvement qui conduit à les dépasser. L’enjeu est de taille: «C’est l’entretien de cette inégalité qui constitue à terme, outre une inconséquence de la civilisation, le plus grand obstacle à la survie globale de l’humanité.» 

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