Le Soir 03/12/2010
Colette Braeckman
Le commissaire européen au Commerce arrive dans la capitale, où l’on se souvient de ses critiques anti-Kabila.
Louis Michel n’est jamais meilleur que lorsqu’il improvise. Présidant à Kinshasa la 20e session réunissant plus de 450 parlementaires de l’Union européenne et des pays ACP – Afrique, Caraïbes, Pacifique –, l’eurodéputé a confessé que n’étant plus venu au Congo depuis un an et demi (un reproche voilé ?), il avait été « conditionné par les rumeurs peu optimistes ». Or, après avoir vu, de ses yeux, « une capitale transfigurée », le voici qui repartira réconforté, plus convaincu encore d’avoir un jour « parié sur le Congo ».
Ces quelques mots ont suffi à donner le ton : les parlementaires, arrivés à Kinshasa bardés de précautions, ont baissé la garde, se sont laissés convaincre par la chaleur de l’accueil, la franchise aussi. Car le pays hôte n’a éludé aucune question : à la veille de l’assemblée plénière, il a été question de la liberté de la presse – huit journalistes assassinés en quatre ans –, de la tâche de Sisyphe entreprise par la Justice, de la situation à l’Est et de la loi américaine sur les minerais venus du Congo, que le Parlement européen est prêt à appuyer.
Les termes élogieux de Louis Michel, l’écoute des parlementaires ont incité le président Kabila à lui aussi relâcher sa garde : alors que depuis des mois, on le décrivait comme solitaire, voire isolé, il est apparu souriant, détendu, fier de présenter la croissance retrouvée, saluant chaleureusement l’ancien commissaire européen au Développement.
Les astuces du protocole.
Il est vrai que les astuces du protocole lui ont facilité la tâche : le commissaire Karel De Gucht, qui hante la mémoire des Congolais pour ses vives critiques à l’encontre du régime Kabila à l’époque où il était chef de la diplomatie belge, n’arrivera à Kin’ que ce vendredi, pour repartir dès le lendemain. Même s’il n’aura guère le temps de multiplier les contacts dans la ville, l’actuel commissaire européen au Commerce est néanmoins très attendu, moins par les Congolais que par les parlementaires ACP.
Il leur expliquera une fois de plus la teneur des accords de partenariat que défend la Commission. Ces accords devraient remplacer ceux de Cotonou, qui accordaient aux pays ACP un accès direct et privilégié au marché européen.
Devant une assistance peaufinant ses arguments, Louis Michel a déjà relevé que c’est sur le marché mondial que les produits africains doivent désormais se défendre. A quels termes, dans quelles conditions ? Les débats avec De Gucht promettent d’être chauds…
Les Congolais, eux, se réjouissent d’ores et déjà de leur succès diplomatique : après avoir accueilli l’assemblée ACP-UE, ils prépareront leur capitale pour le sommet de la Francophonie, en 2012. Le président a prévenu ses collègues africains : « Le Congo est à nouveau debout… »
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