Le Climat Tempéré
par L. Manthale
07/02/2011
Après avoir, en 2006, fait un joli cadeau aux autres concurrents qui ont vu son retrait de la course comme « un bon débarras », Tshisekedi, avec ‘’ses UDPS’’, ne va-t-il pas cette fois faire le lit de la coalition au pouvoir, en torpillant de l’intérieur les chances pour l’opposition de s’unir ? Les questions fusent de partout face à ce qui paraît bien une curieuse manière pour Etienne Tshisekedi et ‘’son UDPS’’ de préparer une éventuelle victoire électorale en 2011. Depuis la semaine dernière, la confusion bat son plein à l’UDPS. Le leader donne l’impression d’être incapable de jouer au rassembleur et de faire régner la paix.
Autrefois, il s’est trouvé des analystes pour soutenir que Tshisekedi ne se sent bien que dans la peau de l’opposant, et qu’il a peur de confronter son mythe aux réalités de l’exercice du pouvoir d’Etat. Cet homme s’est en effet retrouvé à quatre reprises aux fonctions de Premier ministre, mais à chaque fois, ses intransigeances ou ses caprices l’en ont fait éjecter. Toute la faute en avait toujours été attribuée à Mobutu.
Mais les déballages actuels entre frères ennemis, au sein de l’UDPS, suggèrent qu’Etienne serait lui-même la véritable clé de ses échecs. En tout état de cause, pour la prochaine présidentielle où le sphinx de Limete est d’ores et déjà positionné comme candidat, tous les analystes s’accordent à dire que les termes de l’équation sont on ne peut plus clairs. Si la majorité actuelle veut conserver le pouvoir, elle n’a pas d’autre choix que de rester unie autour de son candidat le mieux placé, Joseph Kabila, et de ratisser le plus large possible.
A l’inverse, si l’opposition, qui est plurielle, veut l’emporter, il lui faut se ranger derrière une candidature unique. Et depuis le retour de Ya Tshitshi de son exil médical en Europe, l’on a embouché la trompette de l’opposition sur toutes les tonalités de l’union. Il s’agit de faire tout de suite, et d’un seul coup, les ralliements qui étaient censés devoir se faire après le premier tour, dans la perspective du second.
Or, sur ce point, quelques faits intriguent et semblent indiquer que l’opposition risque d’enclencher elle-même la machine à perdre. Il y a d’abord toutes ces candidatures qui, dans ce camp, se déclarent pour la présidentielle, la toute dernière en date étant celle du député Lisanga Bonganga. Là-dessus, l’on peut se dire que ce phénomène n’a pas à inquiéter outre mesure. Tout le monde sait qu’un politicien ne s’aligne pas derrière un autre, sans qu’il n’ait su ce qu’il peut en tirer comme dividende.
Si l’opposition doit parvenir à une candidature unique, ce sera au prix de négociations. Chacun aura à cœur de savoir ce qu’il gagnera ensuite. Il est compréhensible donc que d’aucuns se positionnent comme candidats pour pouvoir poser leurs éléments de la négociation, le désistement constituant à cet effet un sacrifice qui devra être rétribué une fois la victoire obtenue. De telles tractations sont le lot de l’entre deux tours. Dans un scrutin à un seul tour, il est normal que cela se fasse maintenant.
Ceci n’est d’ailleurs pas l’apanage de la seule opposition. Même dans la coalition au pouvoir, l’alignement derrière Joseph comme candidat unique passe forcément par des renonciations pour tous les autres prétendants. Des renonciations qui seront rémunérées en son temps, notamment pour le PALU. En renonçant à une éventuelle candidature à la présidentielle, le parti d’Antoine Gizenga va mettre donc tout le poids de sa machine électorale au profit de Kabila. Il y aura un prix à payer, quel qu’il soit.
Dans le même ordre d’idées, Nzanga Mobutu, en annonçant qu’il pourrait être candidat à la présidence, donc contre Joseph Kabila, pose là aussi un terme de négociation au camp présidentiel qui a tendance à le sous-estimer. Au point que, dans une coalition où un des partenaires, l’UDEMO, l’Union des Démocrates Mobutistes, dont justement la figure mythique est Mobutu Sese Seko, l’on peut entendre le porte-parole de la coalition présenter ce Mobutu là comme une honte nationale historique.
Puisque, d’après lui, « il est de notoriété publique dans le landerneau politique congolais que l’assimilation de celui que l’on veut détruire au défunt Maréchal de l’ex-Zaïre, anti-héros devant l’Eternel, constitue l’injure suprême ». On peut s’attendre voir l’UDEMO élever une vive protestation contre ‘’ce crime de lèse-mémoire’’. Il n’empêche, l’objectif étant, pour la majorité autant que pour l’opposition, de ne pas disperser ses voix, de ne pas se diviser pour ne pas perdre, il est évident que le chantage de Nzanga « retenez-moi, sinon je fais un malheur » pourrait porter.
Mais, en définitive, ce qui comptera c’est la situation effective des candidatures au jour ‘’j’’. A l’opposition, le député Jean Claude Vuemba a énoncé les choses en des termes sans équivoque : « Nous aurons un candidat unique de l’opposition. Le peuple doit savoir que tout autre se présenterait à l’élection présidentielle sous l’étiquette d’opposant à Kabila, en dehors du candidat investi par l’opposition, serait en réalité un pion à la solde du pouvoir, un candidat suscité par le camp Kabila pour faire éparpiller les voix de l’opposition.
C’est quelqu’un qui travaillerait pour Kabila ». Pour autant, si l’annonce des candidatures relève de la tactique de négociation préélectorale, en revanche, il n’en est pas ainsi des déchirements qui peuvent surgir au sein des partis. A l’UDPS donc, Beltchika est depuis le milieu de la semaine dernière en croisade contre Tshisekedi.
Il s’est fait désigner président national intérimaire de l’UDPS par la fameuse aile de Righini, et passe désormais son temps à démonter pièce par pièce l’édifice du mythe Tshisekedi, le taxant d’usurpateur, d’autocrate, de plus grand commun diviseur de l’UDPS. C’est la confusion. D’ici aux élections, bien des choses peuvent encore se passer, à l’avantage ou au désavantage d’un camp ou d’un autre. Où est-ce que la machine à perdre jouera le plus ? C’est l’une des clés des prochaines élections.
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