Le Potentiel
12/03/2011
Les instances judiciaires congolaises viennent de réussir un joli coup. Un démenti à ses détracteurs. De gros poissons, et non des moindres, sont tombés dans les filets de la justice. Certains se recrutent dans le rang du gouvernement central, d’autres d’un gouvernement provincial et des entreprises du portefeuille. L’administration publique, notamment celle des finances, n’a pas été épargnée. Ces opérations visent à rendre les lettres de noblesse à la campagne « Tolérance zéro », réitérée en juillet 2010 par le Chef de l’Etat.
L’opération « Tolérance zéro », lancée par le président de la République, n’est pas restée un vœu pieux comme d’aucuns l’ont fait croire. La déclaration, selon laquelle les portes des prisons étaient grandement ouvertes, relayée par celle faisant état de la « fin de la recréation », n’a nullement été un simple slogan. Gare aux sceptiques
En effet, le rouleau compresseur de l’appareil judiciaire s’est mis en marche, prêt à écraser tous ceux qui résistent au changement des mentalités dans la gestion de la chose publique. Ceux qui ont regimbé, tardant à s’allier à la grande dynamique du changement, paient désormais les prix de leur intransigeance.
Des arrestations ont été diligentées par le procureur général de la République. Elles concernent d’abord un ministre du gouvernement central et un ministre provincial. Le premier, Philipe Undi Yangia, était en charge du Développement rural. Sa révocation de l’équipe gouvernementale est tombée hier vendredi aux termes d’une Ordonnance présidentielle. Le second, ministre provincial des Infrastructures de la province de l’Equateur, croupirait déjà à la prison centrale de Makala, sous mandat d’arrêt provisoire. Il est reproché aux deux personnalités des malversations financières dans l’exercice de leurs fonctions.
Les entreprises du Portefeuille n’ont pas été épargnées. Le directeur général adjoint SEP Congo, une entreprise d’économie mixte, a été révoqué et mis à la disposition de la Justice. Le PCA (président du Conseil d’administration) et l’ADG (Administrateur délégué général) de la Société nationale de loterie (Sonal), récemment transformée en Société commerciale, sont également poursuivis. Même si, pressentant la menace, ils se trouveraient à l’heure en cavale.
Il sied de signaler, concernant la Sonal, qu’il y a quelques mois, sur décision de la ministre du Portefeuille, les deux fugitifs ont été suspendus de leurs fonctions pour malversations financières. Malheureusement, moins d’une semaine après, les deux mandataires ont vite été réhabilités sur ordre du Premier ministre. Rasions invoquées : vice de procédures dans le chef de la ministre du Portefeuille.
Aujourd’hui, la justice vient de donner raison à la patronne du portefeuille congolais. Le PCA Claude Mashala et l’Adg Willy Makiasi de la Sonal, actuellement en fuite, sont activement recherchés pour répondre de leurs actes.
Le tsunami judiciaire s’est étendu également au secteur de la justice. Des sources proches du dossier font état de la suspension pour raison d’enquête de deux hauts magistrats, d’un procureur général et d’un président du Tribunal de commerce. Il s’agit de MM. Mulumba Kilufia, procureur général près la Cour d’appel du Nord-Kivu et Jimy Munyange, président du tribunal de commerce de Lubumbashi au KATANGA.
LES REGIES FINANCIERES SUR LA LIGNE DE MIRE
Ce n’est pas tout. Haut lieu de la corruption et de détournement des deniers publics, les régies financières ont été aussi ciblées par cette opération de nettoyage au sein des services publics congolais. Ainsi, plusieurs hauts fonctionnaires du ministère des Finances, particulièrement ceux des administrations douanières et fiscales ont été interpellés. Les enquêtes sont en cours. Toutefois, de graves indices de détournement des fonds publics, destinés vers le compte du Trésor, pèsent sur ces fonctionnaires du ministère des Finances.
La vague promet d’être impétueuse pour assainir les mœurs dans le rang des mandataires publics. En réunissant le vendredi 23 juillet 2010 autour de lui le président de l’Assemblée nationale, le Premier ministre, certains membres du gouvernement et les chefs des services d’intelligence, le président de la République a promis de donner une nouvelle impulsion à l’opération « Tolérance zéro ». Bref, à la lutte contre l’impunité. Il avait été affirmé que cette opération concernait « toutes les catégories de personnes, sans exception, sur toute l’étendue du pays ». La preuve vient d’être donnée avec cette série d’arrestations et d’interpellations, du gouvernement jusqu’à l’administration publique.
Cela s’inscrit dans la droite ligne de la lutte contre l’impunité, maintes fois prônée par le chef de l’Etat, lequel est décidé cette fois-ci de mettre de l’ordre dans la boutique. Aussi, d’aucuns souhaitent que l’on ne s’arrête pas en si bon chemin, la gangrène ayant atteint des proportions inquiétantes.
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