Procès Chebeya : Me François Cantier affirme que le meurtre a été prémédité

Le potentiel

14/03/2011

Floribert Chebeya a été arrêté et a subi des violences, c’est la conviction de Me François Cantier, membre du collectif des avocats de la partie civile, au nom d’Avocats sans frontières/France et du réseau mondial Avocats sans frontières.

Après avoir assisté à plusieurs audiences du procès qui oppose le ministère public aux assassins présumés du défenseur des droits de l’Homme Floribert Chebeya Bahizire, Me François Cantier, président d’Avocats sans frontières/France, déclare avoir étudié le rapport d’autopsie où les médecins légistes ont détecté, à l’analyse du corps de Chebeya, des anomalies cardiaques. Cet avocat du barreau de Toulouse fait remarquer que ces mêmes médecins ont bien dit que la cause de la mort pourrait se trouver dans un stress important qui a déclenché la mort. Et, il a précisé : « Or, nous savons que Floribert Chebeya a été arrêté et a subi des violences ».

D’abord, a déclaré Me François Cantier, la partie civile est en train de vérifier la validité des conclusions des experts. Mais en toute hypothèse, a argué cet avocat venu d’outre-mer, Chebeya a été arrêté illégalement et a subi des violences. C’est ainsi qu’il est mort.

Il a fini par demander : « S’il s’était agi d’un accident, pourquoi auraient-ils tué son chauffeur Fidèle Bazana Edadi et fait disparaître son corps. Pourquoi avoir fait toute cette mise en scène ». Par-là, a-t-il insisté, ils démontrent que ce sont eux qui sont à l’origine de la mort de Chebeya.

Clairement, a dit le président d’Avocats sans frontières/France, il y a eu l’arrestation et les violences.

Par conséquent, la mort a été préméditée. Chebeya est-il mort avant ? On ne le sait…Mais toujours est-il que l’expert Tshomba, colonel médecin, n’exclut pas qu’on l’ait tué par une méthode qui ne laisse pas de traces, a fini par souligner Me Cantier.

Pourquoi avoir laissé sa douce France pour venir défendre la cause d’un Congolais assassiné ? A cette préoccupation, Me François Cantier a répondu : « Nous ne faisons pas ce travail pour l’argent, mais pour défendre des valeurs universelles telles que le respect de la vie, de l’intégrité du corps humain, de la liberté d’opinion et d’expression qui sont des droits fondamentaux ». Avant de dire qu’il est pour l’émancipation des peuples, où il y a le droit à la santé et à l’économie, Me François Cantier a déclaré : « Ce qui est intéressant est que personne n’ose revendiquer la disparition de Floribert Chebeya et de Fidèle Bazana, ce qui prouve que ce sont des crimes contre la conscience humaine. Voilà pourquoi je suis là ».

En passant, Me Cantier dit avoir observé des insuffisances au niveau de l’enquête, d’autant plus que les auteurs du crime ont tout fait pour dissimuler les preuves. C’est ainsi qu’il a lâché avec regret : « La caméra de l’Inspection générale de la police aurait pu raconter toute l’histoire ».

A propos du barreau de la République démocratique du Congo, Me François Cantier s’est ainsi exprimé : « Je salue le courage des avocats congolais, notamment ceux de la partie civile qui travaillent dans des conditions matérielles et psychologiques difficiles, notamment en raison des menaces qui pèsent sur eux ».

Me François Cantier a aussi révélé qu’il était à Genève dans une conférence quand Abdou Diouf a demandé une minute de silence en mémoire de Floribert Chebeya. Rendant hommage au disparu, il a dit que Chebeya était un Congolais, mais aussi un citoyen du monde dans le travail qu’il abattait en faveur des droits de l’Homme.

En effet, Me François Cantier, inscrit au barreau de Toulouse, président fondateur d’Avocats sans frontières/France, président des ONG internationales dans la mission Démocratie, Paix et Droits de l’Homme de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), a ajouté que s’il est venu en RDC, c’est parce que Chebeya était pour eux un personnage emblématique de la défense des droits de l’Homme. Et cela, non seulement en RDC, mais aussi sur le plan international. Il a ajouté que l’ONG «La Voix des Sans Voix (VSV)» fait toujours partie de l’Union interafricaine des droits de l’Homme (UIDH), où Chebeya occupait la vice-présidence, et qui fait partie des ONG de la mission Démocratie, Paix, et Droits de l’Homme que Me Cantier préside.