Article lu dans le journal "Le Monde" de ce marcredi 17 août 2011.
Indépendance
Les quatre Etats membres du Conseil de l'Entente - Côte d'Ivoire, Haute-Volta, Niger et Dahomey - viennent de fêter le premier anniversaire de leur indépendance. Les quatre Etats de l'ancienne AEF sacrifient au même rite, dans le même esprit d'amitié avec l'ancienne puissance colonisatrice. Les discours officiels semblent prouver, autant que les réalités quotidiennes, que la France a heureusement réussi à faire l'économie de toute violence au sud du Sahara.
Sur le plan diplomatique, en dépit de dissonances mineures, les jeunes républiques d'Afrique française ont su conserver une attitude compatible à la fois avec leur indépendance et avec leur amitié pour la France. Est-il besoin de rappeler les positions lucides et courageuses défendues par M. d'Arboussier, ministre de la justice du Sénégal, devant les Nations unies au moment du débat algérien ?
Cette solidarité des Etats du bloc de Brazzaville ne s'est pas davantage démentie au moment des discussions relatives à Bizerte. Et, si l'on excepte une "fausse note" due à la Haute-Volta, c'est un sujet de satisfaction de noter qu'Ivoiriens et Dahoméens ont, comme leurs collègues des "républiques soeurs" de la Communauté, épaulé l'ancienne métropole. Paris peut d'autant plus se féliciter de cette attitude qu'au même moment Londres livre un difficile combat avec ses partenaires ghanéens et nigériens notamment, pour les convaincre de l'intérêt du Royaume-Uni à entrer au sein du marché commun.
Certes il n'y a guère d'horizons absolument dépourvus de nuages. Il faut évidemment déplorer dans la plupart des capitales africaines d'expression française certaines insuffisances dans les domaines économique et administratif. Il est incontestable qu'ici ou là des dépenses excessives compromettent l'équilibre de budgets traditionnellement en déficit. Il est non moins regrettable que le désordre constaté dans de nombreuses administrations locales entrave et retarde le progrès économique national. Ces phénomènes restent néanmoins relativement limités et ne sont, hélas pas toujours propres aux Etats d'Afrique noire.
En revanche la permanence de certaines querelles intestines est plus préoccupante. Ainsi la réconciliation tarde au-delà des limites de la raison entre Bamako et Dakar, et l'on comprend mal que les considérations d'amour-propre n'aient pas dans cette affaire déjà cédé le pas à l'intérêt des Maliens et des Sénégalais.
(17 août 1961)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire