Groupelavenir
01/09/2011
Le torchon brûle dans la province de l’Equateur entre la population de Yalisika, le plus grand groupement du territoire de Bumba dans le district de la Mongala, et la société forestière SIFORCO. Cette dernière est reprochée du non respect du protocole d’accord et cahier des charges signés depuis janvier 2005 pour ce qui est des droits de réjouissance des populations locales. Celles-ci, encore victimes des exactions pour manifestations de protestation, ont traduit la société Siforco en justice. « Les communautés locales du groupement Yalisika exigent que la justice soit faite au regard des exactions : Décès, viols, traitements inhumain et dégradant, destruction méchante, arrestations arbitraires, et d’autres formes des violences dont elles avaient été victimes de la part des forces de l’ordre (la Police nationale et la marine) suite au conflit qui les oppose avec la société Siforco en date du 20 avril 2011.
Pour ce faire, elles informent l’opinion tant nationale qu’internationale qu’une plainte vient d’être déposée à l’Auditorat supérieur de Mbandaka pour que la loi s’applique dans toute sa rigueur contre toutes les personnes impliquées à l’opération punitive à son égard. Elles profitent de cette occasion afin de demander aux différents partenaires ici présents et autres¸ travaillant pour l’amélioration des moyens existentiels des communautés locales et la paix de bien vouloir les aider avec toutes formes d’appui afin que le procès qui va bientôt s’ouvrir se passe dans les meilleures conditions », a déclaré hier M. John Biselele Tshikele, avocat au cabinet Lutumba wa Lutumba et Associés engagé par la communauté Yalisika pour le suivi de son dossier. Cette déclaration a été faite au cours d’un point de presse tenu au siège du Réseau ressources naturelles (RRN) à Kinshasa-Barumbu en présence des organisations de la société civile, des représentants des ministères concernés par l’exploitation forestière en Rdc, de la Police nationale congolaise, de la société Siforco… Cette rencontre avec les journalistes avait pour but de présenter le rapport accablant d’une mission du cabinet Lutumba wa Lutumba qui a été dépêchée sur terrain.
Avant de répondre aux préoccupations des professionnels des médias et des autres participants, maître Biselele a situé l’assistance sur le contexte congolais de l’exploitation forestière en Rdc, le cas du conflit actuel entre la Siforco K8 et la population de Yalisika, le contexte du conflit. Mais avant cela, Joseph Bobia, le coordonnateur de RRN dans son introduction, a émis le vœu de mener les différentes parties d’échanger entre-elles de sorte qu’elles puissent entretenir une paix sociale.
Le contexte du conflit
Le secteur forestier en Rd Congo nous le savons, est réglementé par la loi n°011/2002 du 29 août 2002 portant Code forestier congolais. Mais fort malheureusement, la loi souffre d’un manque criant et flagrant des mesures d’application capables de permettre une bonne appropriation par les usagers. Ce qui fait que les droits des populations autochtones sont négligés, méconnus, bafoués, et même oubliés. Cet état des choses a pour conséquence, des conflits récurrents entre industriels forestiers œuvrant en Rdc et les communautés autochtones ne cessent de prendre l’ampleur. Ce qui conduit toujours à des situations des tensions souvent très violentes, notamment entre les communautés d’un côté et les sociétés forestières de l’autre avec la complicité des gouvernements central, provincial et local. C’est le cas qui prévaut actuellement à Yalisika, groupement situé à quelques 180 km de la ville de Bumba dans le territoire portant le même nom, district de la Mongala dans la province de l’Equateur. La population de cette partie de la République se dit martyrisée par la société Siforco alors Siforzal, qui exploite son bois depuis 1993, mais sur base des accords et des promesses de réalisation des ouvrages non réalisés jusqu’à ce jour.
Au prix du sang de ses fils et filles, la communauté de Yalisika avait réussi à signer un protocole d’accord et cahier des charges avec la société Siforco K8 en date du 18 janvier 2005 avec d’autres communautés en présence du gouverneur de province de l’époque, M. Yves Mobando Yogo. Au terme de cette signature, il a été convenu pour le compte de Yalisika, que la société forestière érige une école (institut Bonduka à Mangbakpale) à titre d’infrastructures scolaires et un centre de santé à Lilongo à titre d’infrastructures sanitaires et hospitalières.
Cependant, ce protocole d’accord et cahier des charges n’a été qu’un leurre parce que jusqu’en 2009, soit 4 ans après, rien n’avait été encore fait et aucune intention de réalisation n’était même pas visible à l’horizon. D’où des manifestations de protestation de la population ont éclaté pour rappeler la Siforco à l’ordre. Et, l’échéancier fut signé en 2009 avec ces différents groupements dont Yalisika aux termes duquel pour Yalisika la construction de l’institut Bonduka devrait être réalisé en 2010 et du centre de santé en 2011. Mais, rien encore fait jusqu’à ce jour et Siforco K8 se retrouve aujourd’hui en conflit avec les communautés locales, particulièrement avec celles du groupement Yalisika. Le 20 avril 2011, les jeunes de cette contrée s’étaient mobilisés et ont saisi quelques matériels de cette société forestière. Selon leur avocat, c’était l’unique moyen de pression que disposait cette population.
Après cet événement, plusieurs tentatives de récupération avec violences des matériels se feront, mais sans succès. Le 02 mai 2011, des événements malheureux se sont produits à Yalisika perpétrés par les hommes en uniforme contre les populations civiles. L’on a ainsi enregistré des cas des viols des femmes et filles ; des tentatives de viol, des coups et blessures ayant même entraîné la mort d’une personne, destruction des biens meubles dans quelques maisons, torture à l’endroit des victimes de l’arrestation arbitraire, etc.
« Nous fustigeons le trafic d’influence exercé par Siforco envers les autorités locales. Et chaque fois, elle fournit sa logistique à l’Etat pour mener les opérations punitives contre les populations ans moyen de défense… », a certifié maître Biselele.
Lepetit Baende
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