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vendredi 17 février 2012

Pierre Jacquemot, ancien ambassadeur de France à Kinshasa : «Katumba Mwanké était très craint»

RFI 
15/02/2012

C'est un pilier du régime de Joseph Kabila qui est mort dimanche dernier, 12 février 2012, dans le crash d'un petit jet à Bukavu. Augustin Katumba Mwanké était le plus proche conseiller du président congolais. Pierre Jacquemot l'a bien connu quand il était ambassadeur de France à Kinshasa. Aujourd'hui, le diplomate est chercheur associé à IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques) à Paris. L'ancien ambassadeur de France à Kinshasa est aussi l'auteur d'un livre publié l'an dernier chez l'Harmattan, 
"Congo : Puissance et fragilité", sous le pseudonyme de Pierre Cappelaere. 



RFI : Pierre Jacquemot, vous avez connu Augustin Katumba Mwanke. Qu’est-ce qui faisait sa force dans l’appareil d’Etat congolais ? 
Pierre Jacquemot : On l’appelait l’éminence grise, le cerveau politique, on l’appelait aussi l’autorité morale. Ce qui faisait sa force c’est son intelligence, sa parfaite connaissance des dossiers, mais également sa proximité avec le président Joseph Kabila, qu’il a connu avant que celui-ci ne devienne président. On raconte qu’il aurait sauvé la vie de Joseph Kabila, lorsque les troupes rwandaises attaquaient la ville de Bweto. C’était en 2000. Joseph Kabila était dans une forêt et Katumba Mwanke, qui était à l’époque gouverneur du Katanga, aurait envoyé un hélicoptère pour le sauver. 

RFI : Au moment de l’assassinat de Laurent Désiré Kabila, Katumba Mwanke était donc gouverneur du Katanga. Quel rôle a-t-il joué dans la succession entre le père et le fils ? 
P.J. : On ne sait pas trop. On sait simplement que du fait de cette proximité avec Kabila père puis avec Kabila fils, il aurait pu jouer le rôle, un peu, de Mazarin. Il a une certaine influence dans la formation politique du jeune Kabila. Il a certainement joué un rôle, aussi, pour retirer de l’entourage immédiat du jeune président un certain nombre de caciques de la période Kabila père, pour lui donner plus de liberté d’action. Donc il a eu un rôle certainement important dans son apprentissage du pouvoir. 

RFI : Après l’installation de Joseph Kabila au pouvoir, Katumba Mwanké reste auprès du nouveau président. On dit que toutes les décisions du régime dans le secteur minier, et notamment le contrat chinois de 2007, c’était lui. 
P.J. : C’est exact. En fait, Katumba Mwanké a eu un petit problème en 2002. Chaque année, il y a un rapport d’enquête des Nations unies sur l’exploitation des ressources minières de la RDC. Il (Katumba Mwanké) a été cité dans le rapport de 2002. Et donc, il a décidé à ce moment-là de prendre un petit peu de recul et on l’a retrouvé ambassadeur itinérant... N’empêche qu’il a eu un rôle effectivement important et c’était une personne très réservée et surtout très crainte. Et il avait certainement la haute main sur un certain nombre de portefeuilles ministériels, comme celui des mines, des hydrocarbures, de l’énergie. Il avait une influence très forte dans ces différents domaines. 

RFI : Comment a-t-il réussi à échapper à la disgrâce, après ce rapport de l’ONU de 2002 qui l’avait épinglé, notamment sur la disparition de cinq milliards de dollars de ressources minières ? 
P.J. : Comme beaucoup de rapports des Nations unies, il n’a pas été suivi d’effets, en termes de sanctions. Donc il s’est fait simplement un peu plus discret qu’auparavant. Mais de toute façon, c’était une personnalité assez secrète. Il apparaissait très peu en public. 

RFI : On dit que c’était lui qui fixait le pourcentage des dessous de table que les grandes compagnies minières internationales devaient payer pour décrocher un contrat. 
P.J. : Vous savez, la République démocratique du Congo est la République des rumeurs. Beaucoup d’opérateurs économiques avaient l’habitude de voir la main d’Augustin Katumba Mwanké derrière toutes les opérations, y compris les plus délicates. Alors c’est très difficile de démêler le vrai du faux. Je crois qu’il ne faut pas trop charger la barque et incriminer une personnalité qui vient de mourir dans des conditions terribles. Et il faut plutôt d’ailleurs, regarder l’état des pistes aériennes au Congo, et s’inquiéter de cette situation de façon à pouvoir sécuriser. Mais je crois que c’est plutôt ça. C’est la priorité, plutôt que d’aller chercher en permanence des histoires, sans pouvoir jamais les prouver. 

RFI : Donc vous croyez plus à la thèse de l’accident qu’à celle de l’attentat ? 
P.J. : Je crois à la thèse de l’accident, absolument. Je n’ai aucune raison de penser qu’il y a eu un attentat. Malheureusement, ce n’est pas le premier accident. Il y en a beaucoup. Les exemples sont, malheureusement, très, très nombreux. 

RFI : Mais en même temps, par son influence, est-ce qu’il ne s’était pas fait beaucoup d’ennemis?
 P.J. : Certainement. Mais vous savez, ce pays a traversé tellement de drames ! Et encore aujourd’hui, il affiche une très grande fragilité. Et donc toutes les personnalités politiques suscitent autour d’elles des réactions parfois violentes et en tout cas, extrêmement tranchées. Personne n’est véritablement épargné dans ce pays. 

RFI : Les fonds secrets de la présidence, est-ce lui qui les gérait ? 
P.J. : Je pense qu’il avait une certaine influence dans l’orientation des dépenses hors budget. C’est comme ça qu’on les désigne dans le vocabulaire du Fonds monétaire. 

RFI : Ce qui représentait de grosses sommes ? 
P.J. : Cela pouvait probablement représenter des grosses sommes, notamment nées des négociations dans le secteur minier, les commissions ou les pas de porte, mais également de plus en plus sur le secteur pétrolier du lac Albert, et bientôt dans la cuvette centrale du pays. 

RFI : On dit que plusieurs ministres du gouvernement congolais devaient passer par Katumba Mwanké pour pouvoir parler au président. 
P.J. : C’est fort possible. En tout cas, ce qu’on dit aussi c’est que Katumba Mwanke était la seule personnalité qui pouvait entrer dans le bureau du président sans avoir préalablement pris de rendez-vous. 

RFI : Après son décès, est-ce que Joseph Kabila est fragilisé ou pas ? 
P.J. : S’il est fragilisé, c’est plus par les conditions qui ont prévalu pendant les dernières élections présidentielles et législatives, dont l’organisation était largement contestée et le dépouillement également, à commencer par les Congolais et tout particulièrement l’Eglise congolaise. Donc, il appartient à Joseph Kabila de conquérir sa légitimité. D’abord auprès du Parlement qui vient de s’installer, et trouver une majorité crédible, mais également auprès de la population, par l’action qu’il doit mener. Et il y a beaucoup de choses à faire, notamment au titre de ce qu’il appelle « les cinq chantiers ». C’est plus comme ça, à mon avis, qu’il doit raisonner. Dans cet accident d’ailleurs, il faut signaler qu’il y a eu également des blessés, parmi lesquels des personnalités de grande qualité. Je pense particulièrement au ministre des Finances, un autre conseiller du président, au gouverneur du Sud-Kivu… Donc le drame a atteint plusieurs personnalités et de nombreuses familles. Et je crois qu’on doit aussi nous associer aux condoléances. C’est un drame congolais.

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