01/03/2012
Un milicien des FDLR dans le Kivu. Photo Reuters |
La partie Est de la République démocratique du Congo se trouve manifestement sous la coupe d’un vaste réseau maffieux. A la lumière du dernier rapport des Nations Unies sur l’étrange «longévité» du séjour des FDLR (Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda) sur le sol congolais, il ne fait plus l’ombre d’un doute que ce groupe armé rwandais bénéficie des parapluies protecteurs aussi bien à Kinshasa, Kampala, Kigali, Bujumbura qu’en dehors du continent africain.
En effet, le verdict des enquêteurs onusiens est sans appel : toutes les opérations militaires menées contre ce mouvement rebelle, dans le dessein le décapiter, ont fait flop. La raison est bien simple : les FDLR servent d’écran au trafic illicite des minerais et des armes, au blanchiment d’argent sale, à l’enrichissement sans cause de certains responsables tant civils que militaires en RDC, en Ouganda, au Rwanda et au Burundi.
Dans l’environnement actuel où les FDLR bénéficient des soutiens divers dans les cercles des décideurs politiques et militaires à Kinshasa, Kampala, Kigali et Bujumbura, il serait illusoire de parler de leur démantèlement ou de leur rapatriement. La survie ou l’élimination de la rébellion rwandaise en terres congolaises dépend donc de la volonté de ses divers «parrains».
Les révélations du panel des enquêteurs de l’ONU rappellent à la mémoire collective congolaise que les complicités internes comme externes dont jouissent les Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda ne datent pas d’aujourd’hui. Déjà sous le régime Mobutu, entre 1994 (année de leur arrivée au Nord et Sud-Kivu) et 1997 (année de la chute du « Maréchal »), les opérations « Kimia » et « Mbata » destinées à les domestiquer avaient récolté un retentissant fiasco. En effet, des généraux affairistes des ex-FAZ (Forces Armées Zaïroises) au lieu d’amener les troupes à désarmer les forces négatives rwandaises, avaient plutôt découvert elles un filon d’or pour le commerce des armes et munitions.
L’opinion congolaise est dès lors en droit de s’inquiéter du rôle de la Monuc puis de la Monusco dans les initiatives visant le retour d’une paix durable au Nord et Sud-Kivu. Compte tenu du décor peint par le rapport des Nations Unies, on peut soupçonner les troupes onusiennes de fermer les yeux sur les opérations maffieuses de pillages des ressources naturelles de la RDC en vue du financement des activités des FDLR.
Quant aux armées rwandaises et ougandaises, associées plus d’une fois à l’armée congolaise dans des opérations mixtes de traque de ces rebelles rwandais, c’était trop leur demander que de les entraîner dans une entreprise destinée à liquider leur propre « fond de commerce » et celui de certains de leurs dirigeants politiques.
Au regard de ce qui précède, ces deux provinces du pays devront attendre encore plusieurs décennies avant de retrouver le chemin de la paix. Mais alors, à quoi jouent ceux qui font croire aux Congolais en général et aux populations de l’Est de la RDC en particulier que le temps de la paix et de la stabilité est tout proche ?
Kimp, In Le Phare
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