09/07/2012
Des soldats des FARDC regroupés dans le camp de Nyakabunde en Ouganda.
Images TV
Qu’avons-nous fait au Bon Dieu pour subir autant d’humiliations? L’image a fait le tour du monde : des soldats des FARDC, hagards, désarmés et rassemblés dans un camp en Ouganda. Un officier ougandais donne des explications à la presse. Déployés à Bunangana, province du Nord Kivu, pour «contrer» les mutins du «M23» soutenus par l’armée rwandaise de Paul Kagame, ces soldats congolais ont fui les combats en trouvant refuge au pays de Yoweri Museveni. Comme à l’accoutumée, les "loyalistes" ont abandonné une importante cargaison d’armes et de munitions y compris des chars.
Et pourtant. Lors de la réunion du Conseil des ministres présidée le 21 mai par «Joseph Kabila», le ministre de l’Intérieur, le PPRD Richard Muyej Mangez, a lu un compte-rendu plus que rassurant sur la situation au Nord Kivu. «La situation est en voie de stabilisation avancée», clamait-il en ajoutant que «les FARDC contrôlent la situation». Dans une récente interview accordée au mensuel «Notre Afrik», édition juillet-août 2012, le Premier Augustin Matata Ponyo débordait d’enthousiasme. A la question de savoir si l’armée congolaise avait les moyens de faire face militairement aux «rebelles» de l’Est, Matata d’exulter : «Bien sûr, tout est mis en œuvre pour préserver l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national. D’ailleurs, les forces armées s’y comportent de manière efficace et citoyenne». Paroles, paroles, chantait Dalida. Les propos tenus par Muyej et Matata n’étaient que de la pure forfanterie. De la démagogie.
Lors de son accession à la tête de l’Etat congolais dans les conditions que l’on sait, «Joseph Kabila» avait pris, dans son allocution d’investiture, l’«engagement» de promouvoir «une armée et une police nationale modernes, fortes, bien équipées, (…), capables de défendre la nation en toutes circonstances». Cette promesse date du 26 janvier 2001. Les réalités sont là ! L’armée et la police sont toujours incapables de défendre le territoire national contre les invasions extérieures et d’assurer la paix et la tranquillité à l’intérieur. L’armée et la police ne sont «efficaces» que lorsqu’il s’agit de brimer la population et de traquer les représentants des forces politiques et sociales du pays.
En octobre 1996, l’AFDL a été créée au Rwanda par les dirigeants rwandais actuels. But : camoufler l’agression du territoire zaïrois en une rébellion interne. Les Congolais ont vite oublié que Laurent-Désiré Kabila et «Joseph» ont été des "purs produits" de l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo). "Joseph" a été le bras droit du "colonel James" qui n’est autre que l’actuel ministre rwandais de la Défense.
En portant LD Kabila au pouvoir suprême le 17 mai, Paul Kagame, alors vice-président rwandais, espérait d’une part, "anéantir" les "génocidaires" et de l’autre, installer une marionnette au pouvoir à Kinshasa. Après la rupture avec LD Kabila, une nouvelle rébellion a vu le jour... au Rwanda : le RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie). Après le dialogue intercongolais en 2002, plusieurs personnalités civiles et militaires, étiquetées RCD, ont été intégrées dans les institutions nationales et provinciales du Congo. Le pays est infiltré par une sorte de "Cinquième colonne". En 2005, le CNDP (Congrès national pour la défense du peuple) voit le jour au Nord Kivu. L’organisation se veut le défenseur des membres de la communauté tutsie.
Après la défaite des FARDC à Mushake face aux combattants du CNDP, soutenus par des troupes rwandaises,en décembre 2007, «Joseph Kabila» a littéralement déposé les armes aux pieds de l’homme fort de Kigali. Le Congo a «capitulé» devant le Rwanda. Depuis lors, Kigali tire Kinshasa par le bout du nez. C’est dans la capitale rwandaise que sont fixées les règles du jeu : déploiement des soldats de l’armée rwandaise dans le Kivu dans le cadre des prétendues opérations « Umoja Wetu » et autre « Kimya » ; le 23 mars 2009, un «accord de paix» est signé à Goma entre le gouvernement congolais et le CNDP. L’accord prévoit l’intégration des combattants de cette organisation dans l’armée congolaise. Une intégration au mépris de l’article 189 de la Constitution qui impose notamment «de tenir compte des critères objectifs liés (…) à une moralité éprouvée ainsi qu’à une représentation équitable des provinces». Les conséquences sont là!
La mutinerie menée par les soldats étiquetés CNDP suite à la tentative de transfert de Bosco Ntaganda à La Haye, vise à contraindre les gouvernants congolais à venir à la "table de négociation". Afin de procéder à la
«reconnaissance des grades» des cadres militaires du CNDP-M23 ainsi qu’à l’intégration des cadres civils de ce mouvement dans les institutions nationales. Le bénéficiaire est et reste Paul Kagame qui aura réussi à réaliser son rêve d’installer un "régime ami" au sommet du pouvoir à Kinshasa.
Lors de la réunion extraordinaire du Conseil des ministres, tenue samedi 7 juillet, sous la présidence du Premier ministre Matata, le gouvernement a «décrété» une «mobilisation de l’ensemble du peuple congolais». Pourquoi pas ? Reste qu’il y a un préalable : «Joseph Kabila» doit démissionner pour son rôle dans le noyautage des institutions congolaises par des "agents étrangers" au service du Rwanda.
Baudouin Amba Wetshi
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