19/09/2012
A la Une : un pas un avant, deux pas en arrière…
C’est ainsi qu’un diplomate, cité par l’AFP, qualifie les négociations au sein de la Cédéao en vue d’une éventuelle intervention au Mali… Les ministres de la Défense et des Affaires étrangères des Etats d’Afrique de l’Ouest se sont donc réunis pour la énième fois hier à Abidjan pour étudier le déploiement d’une force internationale au Mali. Rien de vraiment concret n’en est sorti. Seulement quelques déclarations d’intention relevées par la presse ivoirienne. « La Cédéao déterminée à engager l’offensive », s’exclame ainsi Le Démocrate qui rapporte que Les ministres concernés « ont exprimé hier, leur détermination à “passer à la vitesse supérieure en menant des actions concertées en vue d’agir plus vite face aux criminels qui occupent le Nord du Mali”. »
Le Mandat, autre quotidien ivoirien cite pour sa part Désiré Kadré Ouedraogo, le président de la Commission de la Cédéao : « l’heure n’est plus aux conjectures ni aux tergiversations, affirme-t-il. L’heure est à l’action concertée. Et c’est maintenant qu’il faut agir. Et agir, c’est vite. Face à l’inacceptable et face aux criminels de toutes sortes qui ont pris le nord du Mali. » Et Le Mandat d’estimer que « sans risque de se tromper, l’on peut affirmer que l’intervention militaire au Mali se précise. »
L’Eléphant déchaîné n’a pas le même point de vue… Le bi-hebdomadaire ivoirien affirme qu’on en est toujours au stade des « tergiversations » et décerne sa médaille à la Cédéao : « dont les chefs d’Etat, écrit-il, les ministres des Affaires étrangères, les ministres de l’Intégration et les chefs d’état-major, se réunissent pratiquement toutes les 24 heures depuis que les autorités de transition au Mali, le putschiste Sanogo en tête, ont réalisé qu’elles ont finalement poussé le ridicule trop loin. En parlant de souveraineté depuis des mois dans un pays qui n’en a plus et dans lequel les criminels qui écument la partie nord passent leur temps à soulager des individus de certains de leurs membres, au nom de leur dieu. »
Feu vert de l’Onu ?
Pour autant, d’après le quotidien français Libération, les choses pourraient avancer un peu : « le destin du pays se jouera peut-être lors de l’Assemblée générale des Nations unies qui s’ouvre aujourd’hui à New York, affirme-t-il. Après la requête officielle du président Dioncounda Traoré, l’Onu pourrait, en effet, donner le feu vert pour une intervention militaire sous l’égide de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest. » Mais, s’interroge Libération : « quand ? Comment ? Avec qui et, surtout, en dépit de qui ? Car l’armée malienne, qui détient quatre portefeuilles ministériels dans le gouvernement d’union nationale, s’oppose, rappelle le quotidien français, à l’envoi de troupes de la Cédéao pour reconquérir le nord du pays : le chef de l’ex-junte au pouvoir, Amadou Aya Sanogo, discret ces derniers temps, est ainsi réapparu le 10 septembre à la télévision pour se démarquer… tout en affirmant être “en phase” avec Dioncounda Traoré. En réalité, estime Libération, on a peut-être frôlé une nouvelle crise, voire un nouveau putsch, tant certains officiers maliens étaient furieux de l’initiative du Président d’appeler à l’aide la Cédéao et l’ONU, en les prenant de court. »
Du coup, la presse ouest-africaine n’est guère optimiste… « Les forces de la Cédéao iront-elles un jour au Mali ? », s’interroge L’Observateur au Burkina. « Tout semble indiquer qu’on s’achemine inéluctablement vers la proposition d’une feuille de route a minima, affirme le quotidien burkinabé. Il ne devrait donc pas être question pour les forces en attente de monter en première ligne au front ni d’entrer dans la capitale malienne. Si débarquement il devait y avoir, ces forces devraient se cantonner dans une drôle de guerre, relève L’Observateur, en attendant qu’on daigne leur faire appel, car l’armée malienne n’aurait besoin que d’un soutien logistique, de renseignements…, se disant capable de se battre comme un grand pour restaurer son honneur bafoué, pour peu qu’on lève l’embargo qui pèse sur ses armes dans certains ports. On comprend certes cet orgueil kaki et teinté de chauvinisme. Reste à se demander, conclut le journal, si la Grande Muette malienne peut, à elle seule, venir à bout de cet adversaire à trois visages (Ansar Dine, MUJAO et MNLA dans une moindre mesure). »
Ramollissement ?
Très sceptique également le site d’information Guinée Conakry Infos : « alors qu’on se serait attendu à ce que la rencontre d’Abidjan exige du Mali qu’il en finisse avec les jérémiades qui ne peuvent que lui être préjudiciables, on a eu droit à un document dont le contenu semble être une somme de concessions que la Cédéao fait vis-à-vis des humeurs du capitaine Amadou Haya Sanogo. (…) Le paradoxe dans la crise malienne, souligne Guinée Conakry Infos, c’est bien le fait qu’à mesure que celle-ci s’aggrave, la position de la Cédéao se ramollit devant les incompréhensibles et injustifiées exigences des autorités transitoires maliennes. » Et le site guinéen de prévenir : « à force de céder aux caprices des ex-putschistes, on légitime tacitement mais progressivement un pouvoir qui va se révéler concurrentiel à celui incarné par Dioncounda Traoré. La meilleure option, estime-t-il, aurait été de renforcer au mieux l’autorité du président intérimaire d’une part, en lui assurant le soutien nécessaire et d’autre part, en contraignant les faucons autour d’Amadou Sanogo de s’aligner derrière les positions du pouvoir civil. Mais en lieu et place, on semble prendre le risque d’entretenir de fait, et de promouvoir même un bicéphalisme qui ne fait que les affaires des occupants du nord du pays. »
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