Publié 08/07/12
par Rodrigue Koffi
Il ne saurait avoir meilleure forme d’expression de son admiration que ces deux phrases prononcées par Kirani James, 19 ans et champion du monde en titre du 400 mètres, au sujet d'Oscar Pistorius. Après leur demi-finale sur cette épreuve dans le cadre des Jeux Olympiques de Londres 2012, le premier, arrivé en tête, s’est précipité vers le second, arrivé en dernière position, pour lui demander son dossard.
Amputé depuis qu’il a 11 mois, Oscar Pistorius se déplace, court grâce à des prothèses en carbone. Avec courage, détermination, mais aussi beaucoup de travail et de dépassement de soi, ce sud-africain est devenu un grand athlète qui marque de son talent et ses performances le monde de l’athlétisme paralympique (pour sportif vivant avec handicap et à mobilité réduite). La reconnaissance, il l’a aujourd’hui avec ce surnom de "blade runner" ("coureur aux lames") que le monde du sport lui a attribué, en référence à ses prothèses.
Mais le grand défi de cet athlète était de participer aux Jeux Olympiques avec les « valides ».
Ainsi, et comme le note Jeune Afrique, « en participant aux Jeux de Londres, Oscar Pistorius réalise enfin son rêve olympique. Il y a quatre ans, à Pékin, il avait manqué sa qualification pour 70 centièmes de secondes, sur fond de polémique autour de l’avantage supposé de ses prothèses en carbone. Cette année, pour être du voyage à Londres, le comité olympique sud-africain lui avait demandé de passer deux fois sous la barre des 45’30 secondes au 400 mètres. Il n’y parviendra qu’une seule fois… Cette fois-ci, il est repêché. »
Cette participation de Pistorius au JO de Londres a posé de nombreuses questions. Tout cela étant lié aux lames qui l’aident à marcher, et à courir. Dans ce contexte, Gérard Masson, président de la Fédération Française Handisport et Pierrick Giraudeau, Directeur Technique national adjoint, estiment que « ce qui est certain, c’est que ce système mécanique ne fait pas tout. Oscar Pistorius reste une exception, un athlète avec ses qualités propres. Équiper n’importe quel autre athlète de ces lames ne suffirait pas à le faire rivaliser avec Oscar Pistorius. »
Dans ce texte écrit à quatre mains, ces spécialistes et responsables du sport en France estiment que « [Oscar Pistorius] véhicule une image positive du handicap, il transmet donc visibilité et attractivité au handisport. Il transcende le monde du sport des valides et des handicapés. C’est grâce à une locomotive comme lui que nous pourrons convaincre de plus en plus de jeunes souffrant d’un handicap de se lancer dans une activité sportive et vaincre les réticences qui existent encore trop souvent. »
Certes, il n’a pas gagné l’épreuve des 400 mètres, mais il a gagné mieux que cela déjà. Il a gagné les Jeux de Londres 2012 du simple fait de sa participation ; et la longue et nourrie ovation que lui a gratifié le public londonien ce 5 août après sa course, ajouté à l’admiration de ses concurrents du jour, sont là pour l’attester clairement.
Rappelons que Oscar Pistorius n’en a pas encore fini avec les JO. Non seulement, il doit s’aligner avec trois compatriotes sud-africains pour le 4X400 mètres, mais va participer aux Jeux paralympiques, qui se tiendront à Londres du 29 août au 9 septembre. Un autre rendez-vous important pour lui.
« C’est un grand objectif pour moi car je défendrai mes trois titres (100 m, 200 m, 400 m ndlr) et je ferai partie de l'équipe sud-africaine qui visera le record du monde du relais 4x100 m », note t-il.
@Image importée de Flickr.com, et prise par Paul Bailey
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