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dimanche 18 novembre 2012

L'Angola, terre de refuge pour les Portugais

lemonde.fr 
18/11/2012

Luanda, la capitale du pays, est la ville la plus chère au monde après Tokyo. 
ISSOUF SANOGO/AFP  

La crise incite de plus en plus de travailleurs à émigrer 
La veille encore, il était à Lisbonne. Un aller-retour express " pour des questions de visas ", explique-t-il sans trop s'attarder. " J'ai trouvé ma ville triste. Je ne dirais pas que je suis content d'être à Luanda, il y a beaucoup de misère. C'est chaotique. Mais au Portugal, il n'y a définitivement plus de travail pour nous. " 


Pedro S. n'a pas encore 30 ans. Depuis trois mois, ce jeune Portugais, ingénieur en génie civil, habite Luanda, la capitale de l'Angola, une ancienne colonie portugaise, où il travaille pour un grand groupe de construction. 

Ce mercredi 14 novembre au Portugal, ses concitoyens protestent contre l'austérité. Lui, est en chemisette dans un café du quartier Maïanga de Luanda, frappé la veille par un violent orage de l'hivernage. Pedro se demande bien quand, et s'il retournera un jour au Portugal. Tous ses amis de l'université sont déjà partis ; la plupart en Angola, mais aussi vers Oman, ou au Canada. Maintenant c'est à son tour de s'expatrier chez le deuxième producteur de pétrole de l'Afrique ; " le Far West, dit-il, la ruée vers l'or pour nous "

C'est en juin 2012 que ce brun au visage encore poupin a dû changer de vie. " Un jour mon patron est venu me voir et m'a dit : "Soit tu quittes l'entreprise, soit tu pars en Angola." Enfin, il ne me l'a pas dit exactement comme ça mais c'était l'idée. " 

Deux mois après, Pedro embarquait dans l'un des deux vols quotidiens Lisbonne-Luanda mettant plus de 5 000 kilomètres entre lui et sa petite amie. " C'est une destination spéciale pour moi, confie-t-il, ma mère est née ici. " Celle-ci faisait partie des " retornados ", ces descendants de colons portugais qui ont quitté l'Angola après l'indépendance, acquise en 1975. 

Ils sont aujourd'hui des milliers comme Pedro, jeunes et moins jeunes, à avoir fui la sinistrose en Europe pour chercher fortune dans ce pays que l'on surnomme " l'Arabie saoudite " de l'Afrique. 

Aucun chiffre tout à fait fiable ne circule - le dernier recensement date de 1970 -, mais les services d'immigration angolais attestent de la montée des flux en provenance du Portugal. Le nombre de résidents portugais est estimé aujourd'hui à plus de 100 000, contre 21 000 en 2003. 

Tous ces exilés volontaires racontent la même histoire. L'effondrement de l'économie portugaise les a incités à partir, la montée du chômage et l'austérité ont achevé de les convaincre. 

Manuel da Silva, entrepreneur de 50 ans, a emménagé ici en septembre. " Je l'ai fait pour mes deux enfants de 16 et 13 ans ", dit-il, un peu blasé. Il y a deux ans, son entreprise de publicité a fait faillite et " à mon âge je n'avais aucune chance de retrouver du travail au Portugal ". L'homme a bien essayé des pistes en France mais " il n'y avait rien " alors qu'à Luanda, " tout commence "

" C'est ici qu'est l'argent ", insiste Carlos, un entrepreneur de BTP qui équipe buildings et villas en matériel de sécurité, climatisation et gadgets technologiques. " L'un de nos clients a dépensé un million de dollars rien que pour l'installation de sa maison ! ", s'étouffe encore ce gaillard enjoué. 

Les taux de croissance à la chinoise de l'Angola suscitent d'autant plus la convoitise que dix ans après la fin de la guerre civile, le pays s'achète une crédibilité. L'arrivée du Fonds monétaire international (FMI) après la crise de 2008 et le plongeon du prix du pétrole a en effet forcé le pays à plus de discipline financière et de transparence. 

Mais Luanda n'est pas Rio et sa baie n'a rien à voir avec Copacabana. De 7 heures du matin à 8 heures du soir, le trafic automobile étouffe une capitale construite pour 500 000 habitants mais qui en accueille désormais, dit-on, quelque 6 millions. 

Pour ceux qui ne bénéficient pas d'un appartement payé par leur entreprise, il faut en trouver un sans se ruiner. Une gageure dans la deuxième ville la plus chère au monde après Tokyo. Et pour un loyer à prix d'or, il faut s'attendre à un immeuble à façade potentiellement lépreuse avec une distribution d'eau et d'électricité plus qu'approximative. 

Les grands groupes portugais commencent d'ailleurs à mégoter. Pedro, comme Manuel, doivent partager un appartement avec leur chef. Une situation qui reste, néanmoins, plus enviable que celle de nombreux Angolais qui s'entassent dans les " musseque ", ces taudis malsains qui pullulent tout autour de la ville. 

" La vie est curieuse, philosophe un Angolais. Avant, beaucoup d'entre nous partaient pour aller travailler comme maçons au Portugal. Maintenant ce sont les Portugais qui arrivent en Angola. " La réalité est plus cruelle encore : l'Angola investit massivement au Portugal. Une situation résumée ainsi : " L'Angola rachète le Portugal".

Cette ironie de l'histoire, les Portugais n'en tirent aucune humiliation, conscients d'avoir en eux ce " desenrascanço ", cette faculté de s'adapter aux aléas de la vie. L'Angola est la promesse de toucher un salaire deux à trois fois plus élevé qu'au Portugal. Et ils se sentent un peu chez eux. Leur pays est un partenaire commercial privilégié de l'Angola et les entreprises portugaises sont omniprésentes. 

Si le pétrole est le domaine réservé des Américains, des Français et des Britanniques, les grandes multinationales portugaises du BTP sont toutes là : Teixeira Duarte, Mota-Engil... aux côtés des banques BCP, Banco Espírito Santo. 

La langue commune facilite aussi beaucoup de choses pour les migrants et, officiellement, l'Angola ne reproche à l'ex-colonisateur ni sa présence passée, ni d'avoir fui le pays quand la guerre civile ravageait le pays. 

A écouter le discours officiel, ces étrangers sont au contraire bienvenus. L'Angop, agence de presse angolaise, fait grand bruit de la première " foire d'emplois " angolais qui se tient à Porto (Portugal) du 11 au 17 novembre. 

Un colloque organisé pour " mobiliser les entrepreneurs portugais ", les inciter à venir dans le pays et assurer " l'angolanisation " de l'économie : recruter et former des Angolais pour remplacer ensuite le personnel immigré. 

" Si nous voulons nous développer à grande vitesse, il nous faut des cadres formés ", explique un proche du gouvernement. Et des cadres, le pays n'en a pas. 

Après seulement dix ans de paix, le système éducatif reste dans un état déplorable. " Nous, Angolais, nous pensons parfois que nous sommes riches et que les étrangers viennent nous piller. Mais nous avons un problème grave de qualification. L'Etat ne dépense que 8 % de son budget pour l'éducation. C'est impossible de développer le pays dans ces conditions. La seule solution, c'est de s'ouvrir ", plaide Carlos Rosado de Carvalho, économiste à Luanda.

Mais les règles du jeu de l'angolanisation ont beau être respectées, dixit les entrepreneurs, les salaires ne sont jamais les mêmes entre expatriés et locaux.

Et l'afflux de plus en plus visible de petits entrepreneurs portugais, ajouté à la présence jugée déjà exaspérante des ouvriers chinois arrivés en masse pour assurer la reconstruction d'après guerre, provoque un malaise.

Car cette richesse dont tout le monde parle, la majorité des Angolais ne la voient pas. " Les entreprises préfèrent les étrangers. Nous avons du pétrole, des diamants, pourquoi la vie est si difficile ? ", s'indigne Ludmila do Rosario, une jeune fonctionnaire.

Le gouvernement de Jose Eduardo dos Santos - ce dernier est à la tête de l'Angola depuis plus de trente ans - a d'ailleurs visiblement compris le message. Partout dans la ville, les affiches - qui le montrent avec vingt ans de moins - martèlent son nouveau slogan, " croître davantage, mieux distribuer ". Tout en promettant de lutter contre la corruption.

Mais ce ne sont encore que des paroles et les étrangers se sentent parfois de trop dans le pays. La plupart constatent que les visas de travail sont de plus en plus difficiles à obtenir et la distribution de " gasosas ", les dessous-de-table, est souvent le seul recours pour faire avancer un dossier.

" Luanda, c'est une ville que j'aime ", confie Fernando Principe un Portugais-Angolais. " Mais c'est une ville épuisante, dit-il. On gagne trois fois plus et on vieillit aussi trois fois plus vite. "

Claire Gatinois © Le Monde

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