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vendredi 15 février 2013

La fin d'un ordre colonial

LE MONDE
15.02.2013
Par Christophe Ayad (Service International)

Les révolutions arabes déclenchées en 2011 sont des processus historiques dont nous sommes loin de mesurer la portée et les conséquences. L'une d'entre elles pourrait bien être la mise à bas de l'ordre dessiné il y a bientôt un siècle, le 16 mai 1916, par les accords Sykes-Picot. Signés dans le plus grand secret à Londres, par les plénipotentiaires britannique (Mark Sykes) et français (François Georges-Picot), ces textes assortis de cartes établissaient un partage du Proche-Orient post-ottoman, attribuant des sphères d'influence à la France et au Royaume-Uni mais aussi dessinant les frontières des futurs Etats de la région. 

Cet ordre colonial a perduré au Proche-Orient après les indépendances qui ont suivi la seconde guerre mondiale. Il a en effet été repris à leur compte par les élites militaires nationalistes qui se sont emparées du pouvoir un peu partout dans la région. Tout en revendiquant un idéal panarabe, Saddam Hussein en Irak et Hafez Al-Assad en Syrie ont été les gardiens jaloux des frontières dessinées par les colonisateurs, pourtant vilipendés pour avoir dépecé la grande nation arabe. Les dictatures bassistes, qui occupaient les deux pays clés du Machrek, n'ont cessé de cultiver leur "nationalisme national", renforçant les identités de pays aux frontières arbitraires. 


Les accords Sykes-Picot ont en effet tranché dans la délicate marqueterie ethnique et confessionnelle du Proche-Orient, créant un Liban séparé de la Syrie pour complaire aux Français, éparpillant les Kurdes sur quatre Etats, dont deux arabes, l'Irak et la Syrie, en plus de la Turquie et de l'Iran. De même Mossoul, sunnite et chrétienne, s'est retrouvée séparée de sa "soeur" syrienne Alep. Des grandes confédérations tribales, comme les Chammakh, vivent à cheval sur quatre Etats : l'Arabie saoudite, la Jordanie, l'Irak et la Syrie. D'autres arrangements ont rejeté une partie des Alaouites syriens en Turquie avec le rattachement à Ankara du sandjak d'Alexandrette. 

Mais cette matrice, reprise à leur compte par les pouvoirs qui ont dirigé après les indépendances, est en train de voler en éclats. L'ébranlement du Proche-Orient de Sykes-Picot a commencé en 2003 avec l'invasion de l'Irak par les Etats-Unis. Cet événement majeur a jeté à bas et rebâti l'un des Etats les plus forts, jacobins et centralisateurs de la région : l'Irak de Saddam Hussein était un mélange de descendant de la civilisation hydraulique de l'ancienne Mésopotamie et de férule sunnito-baasiste. Les idéologues néoconservateurs, qui avaient ourdi à Washington l'invasion et la reconstruction, ont voulu en faire un Etat faible, fédéral et fondé sur une logique ethnico-confessionnelle. Ce projet, établi sur un mélange de militantisme néolibéral et d'a priori coloniaux, avait pour but d'en finir avec le vieux nationalisme arabe, désigné comme la source de tous les maux régionaux, à commencer par l'hostilité radicale à Israël. 

Mais dans un pays fragile et meurtri comme l'Irak, la mise en concurrence des ethnies et des confessions a ouvert la boîte de Pandore des rivalités entre Kurdes et Arabes, entre chiites et sunnites. L'Irak, en proie à des forces centrifuges d'une extraordinaire puissance, est devenu - et reste à ce jour - le terrain de jeu des ambitions et ingérences régionales. Chacun (Turquie, Iran, Arabie saoudite) y pousse ses pions, à travers ses clients ou ses agents d'influence. 

L'avènement des révolutions arabes, en affaiblissant les Etats et leurs appareils de coercition, a fait ressurgir des solidarités, des voies d'échange (de personnes et de marchandises) et des identités anciennes. Il suffit de voir comment le conflit syrien étend profondément ses ramifications dans les sociétés libanaise, turque et irakienne. Ainsi, les réseaux tribaux des Chammakh, auxquels appartient le roi Abdallah d'Arabie saoudite, ont été mis à contribution par Riyad pour armer les rebelles de l'est syrien, dans la région de Deir ez-Zor. 

A la faveur du conflit syrien, les Kurdes de Syrie ont gagné une autonomie, qui vient s'ajouter à la quasi-indépendance des Kurdes d'Irak, et qui ne manquera pas d'avoir des répercussions régionales, même si pour l'instant les divisions interkurdes empêchent l'émergence d'un front commun. Les Alaouites du sud de la Turquie et de Tripoli au Liban se sentent menacés par la probable chute d'un régime étranger. Tandis que sunnites libanais et irakiens y voient une revanche sur leur propre impuissance politique. 

Même hors du coeur du Levant, en Libye notamment, la disparition de l'Etat Kadhafi a réveillé les régionalismes toubou et touareg dans le Grand Sud, tandis que la tentation autonomiste de Benghazi - plus proche d'Alexandrie que de Tripoli - n'a jamais été aussi forte. Si le mouvement devait se poursuivre, il affecterait à coup sûr les pays du Golfe, où d'importantes minorités chiites vivent dans la discrimination à Bahreïn, en Arabie saoudite et au Koweït. 

Ce grand chambardement entraînera-t-il une révision des frontières héritées de la colonisation ? C'est peu probable, tant le tabou est grand au niveau international, surtout dans la région du monde qui compte les plus importantes réserves d'hydrocarbures. Mais rien ne sera plus comme auparavant non plus. Des grandes compagnies multinationales l'ont compris, comme ExxonMobil, Total ou Chevron, qui traitent désormais directement avec l'entité kurde d'Irak, sans même prendre la peine d'en aviser Bagdad. Les chancelleries occidentales semblent, elles, plus lentes à envisager l'écroulement du monde qu'elles avaient bâti pendant la première guerre mondiale. 
ayad@lemonde.fr

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