9e édition du Fespam au Congo: «La grosse particularité est l’introduction de la musique classique et du jazz»

RFI 
14/07/2013

Le Fespam se déroulera du 
13 au 20 juillet 2013 à Brazzaville.
DR

Le Fespam est un festival panafricain de musique qui a lieu tous les deux ans.

Une semaine de concerts dans la capitale congolaise, en partenariat avec RFI.
Onze lieux, près de 70 spectacles avec des artistes du continent et de la diaspora africaine.
Samedi 13 juillet, sur la scène du stade Félix Eboué, a eu lieu la cérémonie d'ouverture avec le duo de hip hop nigérian P-Square, superstars en Afrique.

Parmi les artistes très attendus cette semaine : le rappeur franco-congolais Passi, le chanteur Doudou Copa, et bien d'autres.



Entretien avec Jean-Patrice Passi-Mezene, directeur artistique de la 9e édition du Fespam. 

RFI : Pourquoi avoir choisi pour cette 9e édition du Fespam, le thème « Les musiques africaines, vecteur d’authenticité et facteur d’émergence » ?
Jean-Patrice Passi-Mezene : Le Fespam, qui existe depuis 1993, voudrait vraiment faire une aide à l’actualité internationale. Le continent africain, les pays africains tendent vers l’émergence.

RFI : Quels sont les artistes qui, selon vous, incarnent le mieux cette idée ?
J.P. Passi-Mezene : Ces artistes sont nombreux. Pour la 9e édition, nous avons porté notre dévolu sur l’Afrique du Sud avec une certaine Yvonne Chaka Chaka et aussi Ringo, Zahara, Jessica Mbangela, Kunhle Dube, et bien d’autres encore. Au total, cinq têtes d’affiche, c’est une grande première.

RFI : Quel est votre coup de cœur cette année ? 
J.P. Passi-Mezene : Mon coup de cœur, c’est sans hésiter P-Square du Nigeria.

RFI : Quels seront les autres temps forts de cette semaine ?
J.P. Passi-Mezene : La grosse particularité de la 9e édition, c’est surtout l’introduction de la musique classique et du jazz. Un grand concert classique est prévu avec l’orchestre symphonique kimbanguiste de Kinshasa avec plus de 200 artistes sur scène, car un orchestre symphonique et africain, c’est inédit. Ce sera la même chose pour la soirée jazz qui sera exécutée par un collectif d’artistes, basés localement, qui vont revisiter les grands classiques du jazz mondial. Ce sera un temps fort de la neuvième édition.

RFI : Et ce temps fort comme tous les autres concerts de la 9e édition du Fespam sont-ils gratuits pour tous les spectateurs qui veulent assister à ces manifestations ?
J.P. Passi-Mezene : Absolument, tous ces rendez-vous sont gratuits.

RFI : Combien attendez-vous de spectateurs ?
J.P. Passi-Mezene : Par jour, pratiquement 100 000 personnes, c’est un public dément que nous attendions à la 9e édition.

RFI : La dernière édition du Fespam, il y a deux ans a été endeuillée par un drame. Sept personnes sont mortes dans une bousculade lors de la soirée d’ouverture au stade Félix Eboué. Qu’est-ce qui est fait cette année pour accueillir ces 100 000 festivaliers en toute sécurité ?
J.P. Passi-Mezene : Nous avons tous été très touchés, attristés par la perte justement de ces compatriotes. En 2011 à l’époque, ça se passait à l’extérieur du stade et sur l’avenue Orsy à Brazzaville. Des dispositions particulières ont été prises pour que tout se déroule vraiment en sécurité. Tout est prévu. A côté de la force publique, on a des sociétés qui ont été contactées, qui travaillent dans l’événementiel et qui viendront apporter leur expertise, leur soutien. Tout est prévu en haut lieu pour que le drame de 2011 ne soit plus vécu.

RFI : Est-ce qu’un hommage est prévu en souvenir des victimes de cette bousculade de 2011 ?
J.P. Passi-Mezene : Une plaque commémorative a été posée déjà et un autre hommage sera rendu à ces 7 victimes de la 8e édition.

RFI : Combien coûte l’organisation d’un tel événement comme le Fespam ? 
J.P. Passi-Mezene : Je suis directeur artistique du Fespam, je m’occupe des artistes. Mais, nous avons un budget qui est connu de tout le monde et nous travaillons dans ce budget. Le budget est de 3 milliards de francs CFA. Et c’est dans ce budget que nous faisons tout ce que nous avons à faire pour la promotion de la musique africaine.

RFI : Et d’où viennent ces trois milliards de francs CFA qui permettent de financer le Fespam ?
J.P. Passi-Mezene : L’idée première à l’époque de l’Organisation de l'unité africaine (OUA), aujourd’hui devenue l'Union africaine (UA), était une politique culturelle pour promouvoir la culture africaine et de celle de sa diaspora en ciblant donc des fêtes ordonnées, la musique, les cinémas, la danse. C’est la raison pour laquelle nous avons le Fespaco qui se tient à Ouagadougou. Nous avons la danse du côté de Kigali, le Fespad, le Festival inter-africain de la danse au Rwanda. Il y a aussi Brazzaville avec le siège de la musique africaine et de sa diaspora. Donc il y a contribution des Etats africains au niveau de la participation parce que chaque Etat est tenu d’envoyer des artistes à Brazzaville. Alors, chaque Etat finance les cachets et le transport.

RFI : Que faut-il vous souhaiter pour cette 9e édition ?
J.P. Passi-Mezene : Le souhait est que véritablement le public, que l’Afrique, le continent africain, que la diaspora soient en phase avec nous. Déjà, ils nous ont énormément supportés quand nous avons connu le drame de 2011. Sans eux, il n’y aurait pu eu de Fespam. Le continent africain a besoin de ce rendez-vous.
La 9e édition arrive justement pour faire oublier le drame que nous avons connu. Et c’est la raison pour laquelle je me permets de demander aux Africains qui sont déjà à Brazzaville, au public, aux mélomanes, aux férus de musique, d’appuyer les efforts que nous sommes en train de fournir et être présents pour la 9e édition.