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samedi 15 octobre 2011

Les visages et les corps de l'art dogon

Du 14 octobre au 22 janvier, à la Bundeskunsthalle de Bonn.
http://www.kah-bonn.de/index_e.htm 
Djennenké Figure
Photographer: Patrick Gries
© musée du quai Branly
Au début, on ne voit qu'eux : les visages. Mystérieux. Humbles. Scarifiés. Opaques. Ou au contraire infiniment doux. Mais il n'y a pas que les visages. Dans l'art dogon, le corps est un prolongement de l'âme. La chair est un arbre qui plante ses racines dans la terre, et vient gonfler en fruit les visages.

Après le Musée des arts premiers, à Paris, voici Bonn et son prestigieux Bundeskunsthalle qui célèbrent, dès ce vendredi 14 octobre, les richesses de l'art dogon. La fascination de l'Occident pour cet art raffiné naît en France vers 1930, avec entre autres les travaux exploratoires de l'ethnologue Marcel Griaule. On découvre alors un univers aussi mystérieux que passionnant, qui inspirera de centaines de films et livres. Les peintres européens, de Picasso, précurseur, à Giacometti, n'en sortent pas indemnes. Leur talent puise tantôt aux formes brutes et cubiques, tantôt aux lignes claires et élancées d'artistes obscurs, qui travaillaient le bois en déclinant les rites de leur quotidien, de leur foi animiste ou de leur mythologie ancestrale.

Repliés depuis près de mille ans sur les somptueuses falaises escarpées de Bandiagara, qui sont placées sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco, les Dogons délivrent tout au long de leur
histoire secrète un langage artistique dont la très grande stylisation, l'humble vitalisme ou l'économie de moyens sont autant de passeports vers la lecture universelle. Face à ces figures en bois dressant les bras vers le ciel, en signe d'appels religieux tournés vers les capricieuses pluies, face aux étonnantes silhouettes hermaphrodites, aux femmes en maternité, aux pileuses de mil ou aux modestes assis de Kambari, on ressent une émotion profonde, tant la beauté des 270 pièces exposées nous gagne souverainement, en nous amenant avec une étonnante simplicité vers quelque chose de sacré, qui tient de l'effusion et de la grâce.

À la différence de Paris, qui s'était exclusivement centré sur les oeuvres dogons, Bonn propose ici un très utile complément ethnologique.
On y découvre un résumé de l'histoire des Dogons, de leur culture et de leurs rituels de société.
Un documentaire, qui vient d'être réalisé en pays dogon en septembre, sera également dévoilé à Bonn, ce qui n'est pas du luxe, quand on sait que le pays dogon est actuellement victime d'un bien mauvais procès politique : depuis 2009, on associe le pacifique Mali à Al-Qaïda.
Conséquence : il n'y a presque plus aucun étranger pour oser s'aventurer en cette terre méconnue, pourtant accueillante et douée de grande sagesse.
En ce sens, la très belle exposition de Bonn prend inévitablement un caractère politique. Sans jamais se défaire de sa dimension profondément poétique, et l'on ne peut s'empêcher de penser aux écrits de Griaule, tout en s'inclinant devant ces apparitions humaines en bois, bronze ou cuivre venues d'un autre temps :
"Autrefois, au temps où le ciel était très proche de la terre, les femmes dogons décrochaient les étoiles et les donnaient aux enfants. Quand ceux-ci étaient las de jouer, les mères leur reprenaient les astres et les replaçaient dans la voûte céleste."

L'art dogon se nourrit de magie, de sorcellerie, de quotidien, de labeur, de dévotion au ciel comme de respect envers les anciens. C'est un chant de la terre, qui trouve son accomplissement dans le corps, fier de son pouvoir nourricier et de son sexe fécond, autant que dans les visages, dont la pureté tient ici souvent en une alchimie entre extrême douceur des traits et force tranquille, captée à l'état brut. Bonn n'est pas si loin. Et vaut plus que jamais le détour.

Le Mad - Magazine des arts et du divertissement du journal "Le Soir" du 12 octobre 2011

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