09/10/2013
par Sylvain Mornet
© Pierre René-Worms
Les dernières disparitions d'athlètes africains lors des Jeux de la Francophonie à Nice ont fait couler beaucoup d’encre. Trop pour les gouvernements congolais et sénégalais qui ont décidé de prendre des mesures draconiennes.
À Nice, 25 membres de la délégation congolaise s'étaient éclipsés. Le ministre des Sports et de la Culture, Banza Mukalay, a donc décidé de sévir envers les fédérations qui n’ont pas su retenir leurs athlètes. Il leur reproche d’avoir non seulement souillé l’image du pays, mais aussi d’avoir porté atteinte à son honneur. Dès lors, les Congolais qui pratiquent l’athlétisme, le basket-ball, le cyclisme, la lutte libre, la lutte traditionnelle et le tennis de table sont interdits de sortie de territoire pour une durée de deux ans !
La Fédération de football (Fécofa) a quant à elle écopé d’une simple mise en garde, malgré la disparition de quatre Léopards juniors lors des Jeux de la Francophonie. Pas de problème en revanche pour les handballeuses congolaises qui devraient être autorisées à participer au Championnat du monde qui aura lieu du 7 au 22 décembre en Serbie.
"Nous ne pouvons plus servir d’agence d’immigration clandestine"
Avant la RDC, le Sénégal avait été le premier pays à réagir à ces désertions d’athlètes. Le ministre des Sports a ainsi interdit à cinq fédérations d’envoyer des athlètes en Europe pendant un an. Les Fédérations de judo, de karaté, de handisport, de lutte et de canoë-kayak sont concernées.
Des sportifs sénégalais privés de compétitions à l'étranger : les explications de notre correspondant à Dakar, Babacar Fall (02:30)
"Nous ne pouvons plus servir d’agence d’immigration clandestine", affirme sur RFI Souleymane Boune Daouda Diop, directeur de la Haute compétition au ministère des Sports et de la Vie associative. "Nous mettons à disposition de ces athlètes les moyens de défendre les couleurs nationales. À l’arrivée, ils disparaissent dans la nature. D’abord, nous perdons beaucoup d’investissements, ensuite cela dévalorise l’image de marque du pays."
Dans le monde sportif sénégalais, tout le monde n’est pas d’accord avec cette mesure, notamment la championne du monde du 400 mètres en 2001, Amy Mbacké Thiam, qui pointe du doigt la politique sportive du Sénégal. "L’État doit revoir sa politique sportive et mettre les sportifs dans de bonnes conditions pour les maintenir dans leur pays d’origine, confie ainsi à RFI l’athlète de 36 ans. Il faut accompagner les sportifs, les encadrer et puis assurer leur avenir, car ce qui inquiète les sportifs c’est leur après-carrière."
Le gouvernement sénégalais a semble-t-il entendu le message. "Si un athlète préfère la clandestinité à son statut de sportif de haut niveau au Sénégal, c’est parce que nous devons revoir notre politique sportive de haut niveau et c’est ce que nous allons faire, promet ainsi Souleymane Boune Daouda Diop. Il faut donner au sport de haut niveau des moyens pour que l’athlète puisse vivre de son activité." Une rencontre est ainsi prévue entre le gouvernement et le comité olympique sénégalais le 30 octobre.
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