Les Observateurs
05/11/2013
Photo postée sur Twitter par Jason Stearns.
Au centre du "O", le logo de la ville de Kinshasa.
Après une vaste offensive dans la province du Nord-Kivu, l’armée congolaise a mis en déroute le mouvement rebelle du M23, dont les éléments ont été chassés de leurs deux dernières positions le 5 novembre. À Kinshasa, de grandes affiches vantent déjà la puissance des forces congolaises, mais certains de nos Observateurs demeurent circonspects.
Isidor Goma |
Après une dizaine de jours de combats, le M23 a annoncé mardi matin qu’il mettait "un terme à sa rébellion". Les Forces armées de République démocratique du Congo (FARDC), soutenues par les casques bleus de la Monusco, ont repris l’intégralité du territoire qu’occupait le M23 depuis dix-huit mois. Le gouvernement congolais parle de "victoire totale" et a annoncé que l’armée allait continuer son offensive contre plusieurs autres factions armées implantées dans le nord-est du pays.
À Kinshasa, capitale située à 2000 km de la province du Nord-Kivu, plusieurs affiches sont apparues ces derniers jours pour rendre hommage à l’armée.
Charly Kasereka |
"La situation sécuritaire dans la zone reste extrêmement complexe"
Visiblement lancée par la ville de Kinshasa, cette campagne est jugée prématurée par Isidor, (pseudonyme) un de nos Observateurs à Goma. La capitale du Nord-Kivu avait été occupée par le M23 pendant quelques jours en novembre 2012.
Il y a effectivement eu des avancées, mais la situation sécuritaire dans la zone reste extrêmement complexe et les populations continuent de souffrir. Par ailleurs, le Kivu connaît des problèmes récurrents depuis des décennies, et il est un peu tôt pour insinuer que ces problèmes ne vont pas ressurgir. Enfin, les opérations militaires dans la zone sont loin d’être terminées.
L’action militaire est, certes, un volet important, mais le politique doit aussi avancer. Nous savons que des pays voisins ont intérêt à ce que ces conflits se poursuivent afin de pouvoir piller les ressources naturelles de cette très riche région. [L’Ouganda et le Rwanda ont été accusés par la communauté internationale de soutenir la rébellion du M23 ] Ces questions ne doivent pas être éludées.
Pour moi, ces campagnes hâtives visent à servir la popularité des dirigeants et notamment du président Kabila. Isidor Goma
"C’est une source de fierté et de courage pour un soldat congolais"
Des T-shirt arborant le même message ont aussi été aperçus dans la capitale congolaise, et un hommage aux soldats fut rendu lors d'une messe. À Goma, notre Observateur Charly Kasereka, n’y voit rien de plus que des gestes de solidarité appréciables.
C’est une façon pour les gens de l'Ouest et les autorités de Kinshasa de "soutenir " moralement les efforts de l'armée. Lire un slogan comme "FARDC, Eloko Ya Makasi" est source de fierté et de courage pour un soldat congolais.
À Goma, on vit avec ces militaires lourdement armés, on entend les crépitements des balles tirées, alors forcément la population ne peut que les acclamer.
Photo postée sur la page Facebook de la ville de Kinshasa.
Le Congo, théâtre de deux guerres sanglantes ces 20 dernières années, a connu un énième cycle de violences après que le M23, rassemblement de soldats déserteurs, avait lancé en avril 2012 une offensive contre l’armée congolaise. La majorité des combats ont eu lieu dans la région du Nord-Kivu, une zone stratégique puisqu’elle dispose de ressources minières (or, cassitérite, coltan et pétrole) considérables.
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