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lundi 16 décembre 2013

Dany Laferrière à l’Académie française

LE MONDE 
13.12.2013 
Par Arnaud Robert (Port-au-Prince (Haïti)) 

Dany Laferrière raconte, dans ses livres,
sa vie d'exilé, sa fuite d'Haïti sous la dictature
de Jean-Claude Duvalier, les usines québecoises...
AFP/Miguel Medina
Sa montre s'est arrêtée avant l'aube, jeudi 12 décembre. Il ne songe pas à la remonter. Dany Laferrière regarde son téléphone qui vrombit depuis que la nouvelle de son élection à l'Académie française s'est ébruitée. « C'est Amin Maalouf qui m'a averti. » Dans sa chambre d'hôtel au-dessus de Port-au-Prince, Laferrière jette un oeil furtif sur la ville où il est né il y a soixante ans. Il évoque, avec un rire mutin, le siège de Montesquieu et d'Alexandre Dumas, autre insulaire, où il s'assoira bientôt. « La compression du temps », murmure-t-il. Le soir, il s'est couché mortel. Le matin, il se réveille immortel. 

C'est une curiosité, à bien des égards. Deuxième Noir académicien après Senghor, une candidature suscitée par Jean d'Ormesson qui s'est réglée rapidement, en un tour, par treize voix sur vingt-trois. « Victor Hugo, lui, a tenté le coup six fois avant d'être admis », s'amuse Laferrière, qui va occuper le siège d'Hector Bianciotti, écrivain originaire d'Argentine, mort en 2012. Il a adressé aux « habits verts » une lettre avec un imparable argument : « Depuis trente ans, j'ai créé un pont entre Haïti et le Québec, deux pays où dix millions de gens parlent le français. Il faut parier sur cette relation. » Presque une vision de marché pour cet écrivain dont la carte de visite affiche, pour profession « Import-Export ». 

Il y a, chez Dany Laferrière, un esprit de conquête. Depuis son roman Comment faire l'amour avec un Nègre sans se fatiguer, (1985), l'écrivain exclut la notion de littérature périphérique, refuse l'assignation à résidence que subissent les écrivains de la « francophonie ». Il veut se faire Paris. Il se dit écrivain québécois quand il est en Haïti, et inversement : « Ne jamais être de l'endroit où l'on se trouve, rester une cible mouvante. » Il aime cette idée de rejoindre, et peut-être de vivifier, l'espace même où cette langue se légifère : « Petit-Goâve, la baie où j'ai grandi, et le Quai Conti viennent de se mêler dans ce moment exaltant. »

SUR UNE REMINGTON 
Jeudi 12 décembre, quand il arrive enfin à la fondation Fokal à Port-au-Prince, face à une foule d'étudiants, Dany Laferrière est traité comme un héros national. « Il montre à qui ne voulait pas encore l'entendre qu'Haïti peut inspirer le monde », souffle son ami l'écrivain et éditeur Rodney Saint-Eloi. L'élu répond aux questions en créole, en français. Il annonce déjà qu'il ne vivra pas en permanence à Paris : « Mais je serai courtois avec mes nouveaux camarades. Je participerai avec assiduité, comme je l'ai promis, aux travaux de l'Académie. » 

Dany Laferrière, dans ses livres, raconte sa vie d'exilé, sa fuite d'Haïti sous la dictature de Jean-Claude Duvalier, les usines québécoises où il a payé son droit de passage, les chambres minuscules où il a peaufiné sur une Remington une oeuvre saturée d'humour et de lectures. Il pense à l'exil, « ce qui permet de se voir totalement sans tomber dans soi-même ». Il veut appeler sa mère en secret, elle qui est l'héroïne de certains de ses récits. Il est désormais un écrivain de Montréal né en Haïti, élu à l'Académie française. Quand on lui demande d'où il vient, il répond : « De nulle part. C'est un joli coin. » Arnaud Robert (Port-au-Prince (Haïti))

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