04/03/2014
Par Trésor Kibangula.
Un bébé albinos à Kinshasa. © Patricia Willocq
Mention d'honneur au concours photo de l'Unicef, le reportage "Blanc ébène" réalisé par Patricia Willocq tente de montrer "des images positives d'intégration" des albinos en RDC. Mais pas seulement.
"Lorsque je suis revenue en juin à Kinshasa, j'ai rencontré un albinos par hasard dans la rue. Je me suis alors souvenue de la fascination que j'avais quand j'étais petite pour les enfants albinos".
La jeune photographe belge, Patricia Willocq, 33 ans, est née et a grandi – jusqu'à ses 10 ans - en RDC, un havre de paix pour les albinos dans une région où ces derniers sont souvent victimes de plusieurs abus, notamment au Burundi et en Tanzanie. "Dans beaucoup de pays africains, il y a du trafic d'organes d'albinos pour la confection de gris-gris. Ce n'est pas le cas au Congo", affirme-t-elle.
>> Lire aussi : ces albinos devenus stars.
Retrouvez l'intégralité du reportage-photo sur le site de Patricia Willocq. |
Mention d'honneur au concours Unicef Photo Of The Year Award, "Blanc ébène" montre en effet "[ces] images positives d'intégration" des albinos en RDC. Patricia Willocq a également traversé le fleuve Congo pour aller photographier Thierry Moungalla, ministre des Postes et Télécommunications (voir la dernière image du diaporama ci-dessous).
Des "fausses croyances" ont la peau dure
Toutefois, même en RDC, "quelques fausses croyances" autour de l'albinisme persistent, reconnaît Patricia Willocq. Les droits des albinos ne sont pas non plus toujours respectés. "Il y a encore du chemin à faire, notamment en ce qui concerne l'égalité en matière d'accès à l'éducation et à la santé - le cancer de la peau est toujours la première cause de mortalité chez les personnes albinos -", explique la photographe qui se félicite du travail de sensibilisation des ONG sur la question, à l'instar de la fondation Mwimba Texas, le célèbre catcheur albinos congolais, qui lutte pour protéger le droit des albinos depuis 15 ans.
Un accès égal à l'éducation permet une meilleure intégration sociale des albinos.
Pour sa part, Patricia Willocq ne se limite pas non plus à photographier les albinos. Elle a ajouté un "volet social" à son projet. "Les enfants albinos étant tous malvoyants, j'ai contacté le Lions Club Unikin et, ensemble, nous avons trouvé des sponsors pour la prise en charge de 150 enfants au centre ophtalmologique de Masina, à Kinshasa. Ils ont reçu des lunettes photo-chromiques et progressives", se réjouit-elle, soulignant avoir reçu également de "nombreuses bourses d'études" pour les enfants albinos. "Un accès égal à l'éducation leur permet une meilleure intégration sociale", assure-t-elle.
Convaincue que sa démarche est destinée à "rendre aux albinos la dignité qu'ils méritent", Patricia Willocq expose des photos du reportage "Blanc ébène" à Victoire, la place des artistes, à Kinshasa. Et ce durant un mois, à compter du 3 mars. Une sorte de "sensibilisation grand public" sur l'albinisme. "Les gens viennent nombreux et se renseignent sur la question", explique-t-elle.
Patricia Willocq, le 26 février à Kinshasa, jour du lancement du projet "Blanc ébène".
Le 26 février déjà, avec le soutien de la Gertler Family Foundation , elle a fait venir le chanteur malien Salif Keïta dans la capitale congolaise pour participer au lancement de sa campagne "Blanc ébène". "Dans les mois qui suivent, le projet compte s'exporte dans les autres villes de la RDC, puis au Burundi", lâche Patricia Willocq. Plus que jamais engagée dans la défense et la protection des albinos sur le continent.
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