31/05/2014
Reconnaissance méritée pour l’ex-ministre italienne d’origine Rd-congolaise Cécile Kyenga qui a dirigé le portefeuille de l’Intégration et qui vient de réussir la prouesse de se faire élire députée au Parlement européen
Hier ministre de l’intégration, aujourd’hui l’Italo-congolaise Cécile Kyenge Kashetu, a été brillamment élue députée européenne, coiffant au poteau quelques-uns de ses détracteurs les plus déchaînés. Une bonne partie de l’Italie jubile. En France, en Belgique, en Hollande ou en Grande-Bretagne les élections européennes semblent avoir libéré les forces que jusque-là les leaders politiques ne fréquentaient qu’en prenant bien soin de regarder si personne ne les guettait. Or, en les plaçant en tête de pays généralement bien ancrés dans l’humanisme politique, les électeurs européens ont donné une respectabilité à certains des partis qui prônaient jusqu’ici des thèses europhobes où même racistes. Ces partis deviennent des acteurs majeurs de la politique européenne aujourd’hui. Il faudra compter avec eux, d’autant que les formations classiques de gauche ou de droite se sont effondrés ou sont minés par des querelles intestines d’envergure comme en France.
La victoire de la gauche du parti démocratique
Donc la gauche du Parti démocratique (PD) a triomphé aux européennes qui en Italie se doublaient aussi d’un vote aux communes et aux localités. Le PD a raflé même à la droite de Silvio Berlusconi quelques-uns de ses bastions historiques. Le Premier ministre Matteo Renzi, venu au pouvoir en écrasant jusqu’à ses camarades de parti, peut savourer une importante victoire. Il est désormais en mesure de gouverner et de ne pas devoir louvoyer dans la crainte d’un effondrement de la coalition qu’il forme avec une aile dissidente de la droite de Berlusconi. Il a les moyens de gouverner presque seul, et il a désormais les atouts en mains pour que même ses adversaires à l’intérieur du PD lui disent « chapeau bas, maestro ! ».
Or M. Renzi n’est pas seul dans ce cas d’euphorie. Dans son entourage, mais un peu à l’écart, l’Italo-Congolaise Cecile Kyenge Kashetu boit littéralement du petit lait.
Brutalement écartée (par Matteo Renzi) du gouvernement où elle constituait la première femme africaine à prendre place ; à peine soutenue du bout des lèvres par un PD dans lequel elle a pourtant placé depuis longtemps ses énergies de militante. Mme Kyenge vient d’être brillamment élue députée européenne PD.
Avec 93.265 de suffrages en sa faveur
Dans une circonscription du nord-est de l’Italie, celle que des membres éminents de la Ligue du Nord qualifiaient même d’orang-outang, de ménagère égarée en politique, de clandestine à qui on a fait la courte échelle, a passé haut la main l’épreuve du vote. Avec 93.265 de suffrages en sa faveur, celle qui, il y a peu, notait que maintenant les médias lui tournaient le dos alors que les insultes racistes à son endroit redoublaient, petit savourer une victoire au moins sur la Ligue du Nord.
Et c’est précisément avec son ton pose qu’elle a répondu aux médias -dont elle redevient la coqueluche -qu’au Parlement européen, que entend s’occuper encore plus des nouveaux Italiens et des questions d’intégration. Autrement dit, des deux thèmes qui lui ont valu les foudres de la Ligue du Nord; le silence outré du Mouvement 5 Etoiles et quelques appuis embarrassés dans les milieux de ses propres choix politiques. A son départ du gouvernement formé par M. Renzi en avril dernier, la Ligue ironisait: « Maintenant qu’elle a perdu son boulot, la pauvre, il faut l’appeler Mme Kyenge ». Les médias sont d’accord sur ce point mais pour la raison exactement contraire: maintenant qu’elle devient députée dans un Parlement représentant 28 pays d’Europe, il faut effectivement l’appeler Mme Kyenge.
Le Potentiel
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