24/06/2014
par Sarah Tisseyre
Détail de la couverture du livre : Nathalie Carré : « De la Côte aux confins -
Récits de voyageurs swahili ».
CNRS éditions
Il y eut au 19e siècle des Africains pour écrire des carnets de voyage dans leur langue. C'est ce que l'on découvre à la lecture d'un ouvrage baptisé "De la Côte aux confins - Récits de voyageurs swahili", publié aux éditions du CNRS. L'auteur, la chercheuse Nathalie Carré nous présente la première traduction française de ces textes écrits en swahili. Des récits qui offrent non plus le regard des Européens, mais d'Africains eux-mêmes sur l'Afrique et le monde.
C'est en 1901 que ces récits de voyageurs swahili sont publiés pour la première fois sous l'impulsion de la colonisation allemande en Afrique de l'Est. Leurs quatre auteurs ont pour point commun d'être des hommes bien nés, des lettrés de la Côte. Certains ont servi d'interprètes pour les expéditions européennes vers l'Afrique de l'intérieur. « Compagnons obscurs », ils ne sont jamais passés à la postérité.
À travers ces récits, ils sortent de l'ombre. Ce sont eux qui racontent leurs périples dans les années 1890 vers l'Afrique centrale, mais l'un d'eux, Selim bin Abakari se rend même jusqu'au Kazakhstan, et en Sibérie. Comorien d'origine, et travaillant au service d'un officier, il l'y accompagne pour une expédition de chasse. Les « Russes sont plus frustes que les autres Blancs, écrit-il, ils n'ont aucun goût pour l'étude et ressemblent à des broussards ».
Selim bin Abakari s'émerveille du soleil de minuit, s'étonne de trouver des musulmans dans les steppes de Russie. Il observe et décrit, souvent avec humour, ces populations auprès de qui sa couleur noire fait sensation.
Des récits étonnants, fascinants en ce qu'ils offrent un autre regard sur l'époque coloniale.
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