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mercredi 30 juillet 2014

Le major Paul Mwilambwe fait sa déposition cette semaine à Dakar

La Tempête des Tropiques 
28/07/2014

Au centre Floribert Chebeya, à droite Fidele Banzana, 
à gauche Paul Mwilambwe
(montage J.Maquet)

Une semaine après la reprise du procès de l’assassinat de ce Floribert Chebeya et de son chauffeur

Après l’audition des veuves des disparus, l’ancien chargé de la sécurité au bureau du Général John Numbi va éclairer la justice sénégalaise sur les circonstances réelles du double assassinat 

Quatre ans après le double assassinat de l’activiste des droits de l’homme Floribert Chebeya et de son chauffeur Fidèle Bazana, les voix continuent à s’élever à travers le monde pour exiger la lumière sur les circonstances réelles de leur assassinat. 

Un des policiers se prétendant témoin oculaire de cette opération criminelle, le major Paul Mwilambwe Londe, qui s’est réfugié au pays de Macky Sall va faire sa déposition cette semaine devant la justice Sénégalaise.

L’homme est l’ancien chargé de sécurité au bureau du général, John Numbi Tambo Banza, alors inspecteur général de la Police. Cela intervient une semaine après la confirmation de la plainte des veuves et orphelins suivie de l’audition des veuves chebeya et Bazana. Dans sa déposition, le major Mwilambwe compte éventrer le boa et éclairer la justice sénégalaise sur le double assassinat de Chebeya Flory et son chauffeur, Fidèle Bazana. 

Rappel 
Pour rappel, dans la nuit du 1er au 2 juin 2010, le corps de Floribert Chebeya fut retrouvé sans vie dans sa voiture à la sortie de Kinshasa. Quant au corps de Fidèle Bazana qui l’accompagnait, il n’a jamais été retrouvé. 

Le 23 juin 2011, la Cour militaire de Kinshasa-Gombe reconnaissait la responsabilité civile de l’Etat congolais dans l’assassinat de Chebeya, ainsi que dans l’enlèvement et la détention illégale de M. Bazana par plusieurs de ses agents. Elle condamnait aussi cinq des huit policiers prévenus, dont quatre à la peine capitale et un à la prison à perpétuité. 

Mais, trois des condamnés à mort étaient en cavale, et trois policiers dont l’instruction avait pourtant révélé le rôle dans la disparition d’éléments de preuve, ont été acquittés. 

Avec sa déposition, Paul Mwilambwe devrait aider la justice sénégalaise à mieux connaitre les circonstances réelles de ce double assassinat et surtout à identifier les auteurs de ce crime. S’exprimant sur les réseaux sociaux, le major Mwilambwe se dit confiant et promet d’éclairer l’opinion tant nationale et internationale sur l’assassinat de Chebeya et Bazana. 

L’homme de sérail de John Numbi estime que sa déposition sera une interpellation pour les militaires et policiers de ne pas obéir à un ordre mal donné. Il compte écrire un livre, pour expliquer en détail les circonstances du meurtre de chebeya et Bazana. La justice sénégalaise tente désormais de percer le mystère, afin d’établir toute la vérité sur les circonstances de double assassinat. 

Ceci fait suite à une plainte avec constitution de partie civile déposée par les avocats du Groupe d’action judiciaire (GAJ), de FIDH, et des familles des deux victimes (Chebeya et Bazana) contre Paul Mwilambwe, qui vit actuellement au Sénégal et que l’on présente comme l’un de présumés responsables dans cette affaire. Cette plainte s’inscrit dans la continuité d’une plainte simple déposée le 10 janvier 2014 et qui était restée sans réponse. 

Au Sénégal 
» En l’absence de procédure équitable menée dans un délai raisonnable en République démocratique du Congo, nous avons déposé cette plainte au Sénégal, afin qu’une enquête impartiale et indépendante puisse être ouverte et que toute la lumière soit faite sur l’assassinat et la disparition forcée dont ont été victimes Floribert Chebeya et Fidèle Bazana. 

Elle aura notamment pour but de faire comparaître Paul Mwilambwe, un des acteurs de cette tragédie, par un juge indépendant « , a déclaré Me Assane Dioma Ndiaye, avocat du GAJ de la FIDH et des familles Chebeya et Bazana. » 

Nous avons saisi la justice sénégalaise, car Paul Mwilambwe se trouve au Sénégal et qu’en vertu de la loi sénégalaise, la justice de ce pays est compétente pour instruire et juger ces crimes dans lesquels Paul Mwilambwe semble impliqué « , a pour sa part déclaré Patrick Baudouin, président d’honneur et responsable du GAJ de la FIDH. » 

Depuis l’affaire Hissène Habré, c’est la première fois que la procédure de compétence extra territoriale est activée au Sénégal et nous comptons sur la justice sénégalaise pour que celle-ci contribue à la lutte contre l’impunité des crimes les plus graves « . 

En effet, le 10 janvier 2014, les avocats du GAJ et des familles Chebeya et Bazana avaient déjà déposé une plainte simple contre Paul Mwilambwe et tous les autres prévenus pour crime de torture, sur la base de la loi sénégalaise dite de compétence extra territoriale du 12 février 2007 qui intègre en droit sénégalais la Convention des Nations unies contre la torture. 

Selon cette disposition du Code pénal sénégalais, les tribunaux sénégalais peuvent juger toute personne suspectée de torture, si elle se trouve au Sénégal, même si la victime ou l’auteur du crime ne sont pas sénégalais et que le crime n’a pas été perpétré au Sénégal. Cette plainte est restée sans réponse. 

Devant l’inaction du parquet sénégalais saisi depuis janvier, la FIDH et les familles des victimes ont porté plainte en se constituant cette fois-ci partie civile. 

Confiance à la Justice Sénégalaise 
Interrogée sur cette affaire lors de la 9ème conférence des organisations internationales non gouvernementales de la Francophonie qui s’est tenues à Dakar, la représentante du président sénégalais Macky Sall auprès de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Penda Mbow, a déclaré que » le Sénégal est un pays de démocratie et de droit et qu’on peut faire confiance à la justice sénégalaise « . 

» Nous pouvons garder espoir et je crois que ce dossier sera traité avec diligence, en respectant aussi les intérêts des uns et des autres « , a-t-elle, expliqué, rappelant que le ministre sénégalais de la Justice, Me Sidiki Kaba, président d’honneur de la FIDH, est un » grand militant des droits de l’homme « . 
Par GKaM

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