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jeudi 5 février 2015

Au Kenya, le parc national de Nairobi au bord de l’asphyxie

LE MONDE 
05/02/2015 
Par Audrey Garric (Nairobi (Kenya), envoyée spéciale)

Le parc national de Nairobi est le seul du monde à accueillir 
des animaux sauvages en zone urbaine. PHIL MOORE POUR "LE MONDE" 

Sous la chape de pollution, le soleil est encore plus écrasant. De ses jumelles, Patricia Heather-Hayes, dite « Trish », scrute une lionne assoupie sous un acacia du parc national de Nairobi, au Kenya. La sexagénaire dynamique connaît chaque fauve par son nom : « C’est Athi. Elle a trois petits. » Plus loin, elle suit la progression des girafes, des antilopes et des zèbres qui s’élancent à travers la savane, avec des gratte-ciel pour horizon. Mais ce que cette juriste, membre d’un cabinet d’avocats, voit également à chaque fois qu’elle arpente le parc, ce sont les sacs en plastique, les bouteilles et autres emballages alimentaires accrochés aux buissons ou abandonnés le long de la route. Car cette réserve naturelle protégée de 117 km2, la seule au monde qui abrite des animaux sauvages au sein d’une capitale, est menacée par la croissance de la ville, l’une des plus dynamiques d’Afrique. 

« On trouve de plus en plus de déchets, portés par le vent depuis les habitations aux alentours ou jetés par les touristes, s’agace-t-elle. Il y a peu, j’ai vu un serpent mourir, coincé dans une canette de soda et incapable d’en ressortir. » Avec les membres de l’association des amis du parc (Fonnap), dont elle est la vice-présidente, elle mène une fois par mois une vaste opération de nettoyage bénévole. Armée de patience et d’une longue pince à barbecue – qui lui évite de sortir du véhicule –, Trish manœuvre sa Jeep de manière à esquiver les ornières mais à ne rater aucun détritus. Bilan de la collecte du jour : cinq gros sachets de 50 litres pleins à craquer.

Dans le parc national de Nairobi, une membre de l'association des Amis du parc récupère
 des déchets sous la protection d'un ranger. PHIL MOORE POUR "LE MONDE" 

Des habitations plus ou moins sauvages Le parc national de Nairobi, créé en 1946 par les colons britanniques, et le plus ancien du Kenya, accueille 120 000 visiteurs par an. On s’y presse pour admirer quatre des « Big Five », les cinq mammifères stars de la savane africaine : le lion, le léopard, le rhinocéros et le buffle. « Il nous manque l’éléphant car le parc est trop petit et ne contient pas assez de forêts », explique Hudson Okum, guide du Kenya Wildlife Service (KWS), l’organisme d’Etat qui gère les parcs nationaux. Au total, la réserve compte 80 espèces de mammifères – dont 39 lions et 90 rhinocéros – 450 d’oiseaux, 40 d’amphibiens et de reptiles et 500 d’arbres. 

Située à la frontière méridionale de Nairobi, la réserve est clôturée au nord, à l’ouest et à l’est, mais ouverte au sud sur la plaine de l’Athi-Kapiti, une vaste zone semi-aride de 2 200 km2, de sorte que les animaux peuvent aller et venir. « En période sèche, ils viennent s’abreuver au sein du parc, dans les barrages de retenue construits par l’homme, puis se dispersent dans les plaines du sud à la saison des pluies », précise le jeune guide. 


Ces migrations annuelles sont aujourd’hui menacées par la pression croissante de la ville et de ses 3 millions d’habitants, alors que surgissent de toutes parts des infrastructures, des usines, sans parler des habitations plus ou moins sauvages. « Dans les années 1990, on pouvait voir jusqu’à dix mille gnous rejoindre le parc ; aujourd’hui, on les compte seulement en centaines, révèle Muraya Githinji, directeur adjoint du parc. Les herbivores sont moins nombreux car ils ont moins de place et certaines de leurs routes migratoires ont été coupées. » 

De plus en plus de routes migratoires d'herbivores sont coupées à cause 
de l'urbanisation galopante de la ville. PHIL MOORE POUR "LE MONDE" 

Au nord-ouest du parc, un projet de rocade de 30 km de long, le Southern Bypass, a été lancé en 2012 par l’ancien président kényan Mwai Kibaki, avec l’aide de la Chine, pour désengorger la capitale saturée de voitures et de poids lourds. « A l’origine, une partie de la voie rapide devait passer par un couloir qui longe l’extérieur du parc. Mais cet espace a été découpé et vendu à des promoteurs immobiliers dans des conditions douteuses, explique Paula Kahumbu, directrice de l’ONG Wildlife Direct. Pour ne pas démolir ces résidences illégales, le gouvernement a alors voulu passer à l’intérieur du parc. Or, seul le Parlement peut décider de modifier les frontières de la réserve. » 

Aux côtés de deux ONG, cette militante environnementale a porté l’affaire devant les tribunaux en mai 2013, et a obtenu une suspension des travaux sur le tronçon contesté. En attendant un nouveau plan gouvernemental, le chantier se poursuit sur le reste de la rocade, sous l’œil inquiet des ONG. Des grues manœuvrent devant d’immenses tas de gravas, tandis que des centaines de camions parcourent, dans des nuages de poussière, le chemin de terre qui longe la réserve. 

Le chantier de la rocade Southern Bypass (ci-dessous), qui doit désengorger 
la ville, est au cœur du parc. PHIL MOORE POUR "LE MONDE" 

Ligne de chemin de fer 
Sur la lisière nord-est, c’est une ligne de chemin de fer qui pourrait grignoter le parc. Destinée à moderniser le transport de marchandises de la région, elle doit relier le port de Mombasa à Nairobi, pour ensuite rejoindre l’Ouganda, le Rwanda et le Soudan du Sud. « Ce projet risque également de passer à l’intérieur du parc. Les négociations sont en cours sur le tracé final », ajoute Muraya Githinji. En novembre, selon le quotidien kényan The Star, le ministre du transport a demandé à son homologue de l’environnement de céder non plus 25 hectares, comme prévu à l’origine, mais 100 hectares. « Ici, la terre a une telle valeur économique, que le parc, qui rapporte peu, peine à faire le poids », juge David Marechal, vieux kényan au chapeau de cow-boy, qui a élevé durant treize ans des lions à l’orphelinat du parc. 

Au sud, enfin, les plaines sont de plus en plus morcelées et dégradées. « A la fin des années 1970, les Massaï ont commencé à vendre leurs terres et on a vu s’installer des gens qui cherchaient des terrains moins chers qu’à Nairobi. Ils ont mis des clôtures partout, qui empêchent les mouvements des animaux », regrette Nickson Parmisa, chef adjoint de la zone de Kitengela, au sud-est de la réserve. Depuis une colline, ce fier Massaï pointe les différentes activités humaines installées tout contre le parc, sur la plaine d’Athi-Kapiti : six usines de ciment, des carrières, des fermes de fleurs, des lodges pour touristes ou encore la zone urbaine de Rongai, avec ses routes, ses habitations, ses boutiques en tôle ondulée et ses panneaux de terrains à vendre. 

Un terrain à vendre dans l'agglomération urbaine de Rongai, au sud du parc. 
PHIL MOORE POUR "LE MONDE" 

« Représailles » 
Cette cohabitation entre animaux sauvages et humains ne se fait pas sans heurts, en particulier avec les communautés pastorales qui mènent leurs troupeaux aux abords du parc. « Ces dernières années, des lions ont attaqué les élevages et, en représailles, des bergers massaï ont tué des fauves », explique Patricia Heather-Hayes, de Fonnap. Pour faciliter ce voisinage, l’association a financé avec KWS l’installation de lampes autour d’une trentaine de bomas, des enclos traditionnels pour le bétail. « Ces lampes émettent des flashs pour tenir les prédateurs éloignés », décrit Rik Banerjee, étudiant de 18 ans qui a participé au projet. Depuis, aucune attaque n’a été recensée. 

Des girafes dans les parc national de Nairobi, le 1er février. 
PHIL MOORE POUR "LE MONDE"

Nickson Parmisa, lui, place surtout son espoir dans le premier plan d’occupation des sols lancé par les communautés au sud du parc et signé par le ministère du territoire en 2010. « Le plan indique quelles zones peuvent être construites et quelles autres doivent rester vierges pour permettre les migrations d’animaux », détaille-t-il. Le plan n’a toutefois toujours pas été mis en œuvre. « Le sera-t-il un jour ? s’interroge Muraya Githinji. Les communautés sont divisées et la tentation est grande de continuer à vendre les terres. Si rien n’est fait, le parc risque de se transformer en une île. » 

Audrey Garric (Nairobi (Kenya), envoyée spéciale) 
Chef adjointe du service Planète/Sciences du Monde 

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