05/02/2015
Lambert Mende Omalanga, ministre de la Communication et des médias |
Après avoir soutenu contre toute évidence - avec un brin de cynisme - qu’il n’ y a eu "que" quatorze morts "dont dix pillards abattus par des vigiles" lors des manifestations des 19, 20 et 21 janvier que d’aucuns qualifient déjà de "massacre de Kinshasa", le porte-parole du gouvernement, le très antipathique Lambert Mende Omalanga s’est ravisé.
Au cours d’un point de presse qu’il a animé jeudi 05 février, le nombre de tués est passé, selon lui, de 14 à 27.
Les organisations de défense des droits humains, elles, n’ont pas cessé d’avancer le chiffre de 40 morts.
Mende s’est cependant gardé de "comptabiliser" les personnes tombées sous les balles des policiers et des éléments de la garde prétorienne de "Joseph Kabila" d’une part et les "pillards" abattus par des "vigiles", de l’autre. Les semaines et mois à venir seront riches en révélations sur la nature criminelle du régime kabiliste.
Malgré la coupure de la connexion Internet, des images accablantes circulent déjà sur la Toile. On y voit des familles désemparées qui courent pour trouver un abri. La langue parlée est le lingala. Il y a l’image de ce jeune homme, porté à bout de bras, par un homme. Le jeune pousse des cris atroces. En cause, un obus a arraché une partie de sa jambe jusqu’au genou. Il y a également l’image insoutenable d’un homme dont la tête a littéralement explosé. "Plus rien ne sera comme avant. Joseph Kabila et ses sbires ont franchi la ligne rouge. La peur commence à changer de camp", entend-on dire. Fanfaronnade? Il semble bien que non.
Animant un de ses monologues hebdomadaires rapportés sans le moindre commentaire par les médias kinois, Lambert Mende Omalanga a surpris l’assistance en revoyant à la hausse le nombre des personnes tuées lors des manifestations du 19, 20 et 21 janvier à Kinshasa et à Goma. Selon lui, il y a eu 27 morts. A savoir 23 dans la capitale et 4 au chef-lieu du Nord Kivu. Il est désormais question de deux policiers tués.
"Eviter la guerre civile"
Comme pour justifier la décision stupide portant suspension de la connexion internet, Mende a prétendu que cette ukase a empêché les réseaux sociaux de souffler sur les braises "par la diffusion de photos choquantes de crises se déroulant dans d’autres pays". Il est resté muet sur l’incapacité des médias publics à donner la "bonne information" pour contrer la "mauvaise". Selon cet ancien opposant dit radical au régime Mobutu, l’interruption de l’Internet a permis au pays d’éviter une "guerre civile".
Dès le lendemain de cette répression sanglante, la FIDH (Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme) et l’ONG américaine Human Rights Watch ont publié des rapports séparés donnant un bilan de 40 morts. Pas moins de 350 manifestants ont été arrêtés. A en croire Mende, 130 personnes d’entre eux ont été remis en liberté. Il a ajouté que les premières condamnations commencent à "être prononcées". Devrait-on en rire ou en pleurer? Mende feint d’ignorer qu’aucun Congolais sain de corps et d’esprit n’accorde le moindre crédit aux décisions prises par les cours et tribunaux de "Joseph Kabila".
Dans un rapport publié le vendredi 23 janvier, "Human Right Watch" assure détenir des éléments attestant que la police ou les éléments de la garde présidentielle "ont emporté les cadavres des personnes tuées, dans une apparente tentative de supprimer les preuves".
N’en déplaise à Mende et autres prétendus "durs" du régime, les semaines et mois à venir pourraient être riches en révélations accablantes de nature à ébranler les certitudes d’une oligarchie dont la nature est profondément criminelle.
Baudouin Amba Wetshi
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