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lundi 23 mars 2015

Les arcanes de la « Françafrique »

Le Monde 
23/03/2015
Par Joan Tilouine

Le premier ministre de la Côte d'ivoire, Felix Houphouët-Boigny, 
et Jacques Foccart, secrétaire général de l'Elysée aux affaires africaines et malgaches, 
le 1er juin 1960, à l'Elysée. Crédits Keystone-France

Sur des chemises écornées, on peut lire « Mehdi Ben Barka » ou « Ecoutes de François Mitterrand ». On trouve aussi les dossiers médicaux établis par le docteur Vic-Dupont, le médecin que Jacques Foccart, coryphée de la « Françafrique », manipulateur des opposants et maître des barbouzes, avait recommandé à plusieurs chefs d’Etat africains. De Gaulle, Foccart et la France avaient ainsi une connaissance intime de l’état de santé de ses relais sur le continent et n’ignoraient rien des relations extraconjugales du principal opposant socialiste du Général. a postérité qu’il voulait laisser »

Dans une salle exiguë aux murs ornés de photographies noir et blanc et d’un masque baoulé, Jean-Pierre Bat, chartiste et agrégé d’histoire, analyse cinq boîtes d’archives sur une table qui pourrait être d’opération. Responsable du « fonds Foccart », l’archiviste de 32 ans a commencé l’exploration de ces dossiers sensibles qu’il vient de rapatrier à Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), au cinquième étage du siège des Archives nationales. Bientôt, ces dizaines de notes des services secrets de l’époque, lettres et retranscriptions d’écoutes iront rejoindre, au même étage, au bout d’une coursive qui mène à quatre salles sécurisées maintenues à température constante, l’ensemble des archives des présidents de la Ve République, depuis le général de Gaulle jusqu’à Nicolas Sarkozy. N’y accède que le personnel habilité « secret-défense ». Un dispositif de reconnaissance vocale et visuelle filtre l’entrée aux secrets d’Etat ayant moins de 50 ans.


Ces cinq cartons, Jacques Foccart, secrétaire général de l’Elysée aux affaires africaines et malgaches de 1960 à 1974, les avait mis à l’abri chez un proche en mai 1968, craignant que l’insurrection étudiante ne les expose à la vindicte populaire. « Foccart, convaincu d’avoir travaillé pour la raison d’Etat, avait une vision romantique de l’histoire, de la valeur du document et de la postérité qu’il voulait laisser, explique Jean-Pierre Bat. Dans son esprit, ces archives ne sont pas les siennes, mais bien celles du général de Gaulle, donc de la France. »

Agents secrets et service action
L’archiviste examine une lettre inédite. Voilà l’écriture élégante de De Gaulle. En ce lundi 20 juin 1960, le président de la République cherche une formule de circonstance à l’attention de la Fédération du Mali, qui « prend la pleine responsabilité de son destin ». Le Général se reprend, rature d’un trait net, puis essaie un « devient aujourd’hui responsable de son destin ». Finalement, il écourte : « J’adresse au Mali le salut confiant et amical de la France ». Dans le salon doré, au premier étage du palais de l’Elysée, de Gaulle n’a pas trouvé les mots pour saluer l’indépendance de cette colonie d’Afrique où il ne s’est pas rendu depuis deux ans. Cette version du « Message du président de la communauté à l’occasion de la proclamation de l’indépendance de la Fédération du Mali » ne sera finalement jamais lue, ni à Dakar ni à Paris, sauf par Jacques Foccart, dont le bureau est situé à côté du sien.

Le « M. Afrique » de l’Elysée va discrètement récupérer dans la corbeille présidentielle cette missive, froissée en boule. Ce document jamais révélé, tout comme des milliers d’autres télégrammes, rapports, cartes et autres notes confidentielles, souvent transportés par les pilotes de ligne de la compagnie française UTA où Foccart et les services secrets comptaient de nombreux agents, est désormais indexé dans les archives déclassifiées qui feront l’objet d’un colloque, organisé jeudi 26 et vendredi 27 mars par les Archives nationales.

Le 24 juin 1960, quatre jours après la lettre froissée, le premier ministre sénégalais, Mamadou Dia, rend visite au général de Gaulle, à Paris. Celui qui est considéré comme un « subversif » par le chef de l’Etat français, qui lui préférera bientôt l’intellectuel modéré Léopold Sédar Senghor, détient des informations délicates. Dia remet en mains propres à de Gaulle un rapport embarrassant faisant état d’activités clandestines sur le sol de son pays d’agents du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage français (Sdece).

Ce document, que l’on retrouve aussi dans les archives, détaille sur deux pages les opérations de déstabilisation menées par une poignée d’agents du « service action » du Sdece, le 11e choc, entre Dakar et la région de Kedougou. Ils sont à la frontière de la Guinée, dirigée par le turbulent Ahmed Sekou Touré, devenu chantre de la « dignité africaine » après avoir osé dire non à la communauté franco-africaine proposée par de Gaulle en 1958. Les nouvelles autorités sénégalaises surveillent notamment le capitaine Alain de Gaigneron de Marolles, vétéran de l’Indochine passé par l’Algérie, ou encore le « commandant Freddy », Freddy Bauer, ponte du 11e choc qu’il a dirigé dix ans après Paul Aussaresses. Ces deux-là acheminent, à la frontière guinéenne, des armes et des tracts appelant le peuple à la révolte, supervisent des entraînements militaires de rebelles guinéens qu’ils rémunèrent, et recrutent des mercenaires.

Avec courtoisie et fermeté, Mamadou Dia demande des explications au Général. Lequel rédige ses consignes, au crayon à papier, sur le rapport qu’il vient de recevoir. « M. Foccart. Vu. A communiquer à M. Foyer [Jean Foyer, secrétaire d’Etat chargé des relations avec la communauté]. M. Foccart, m’en parler. » Puis plus rien, par écrit du moins. La tradition orale héritée du passé commun de De Gaulle et Foccart dans la Résistance a sans doute repris ses droits. Aucune trace des entretiens du soir consacrés à la gestion de ce dossier n’a été exhumée des Archives nationales.

« Il notait tout et n’oubliait rien »
Homme de l’ombre et adepte du secret, Foccart écrivait pourtant beaucoup. « Il était très organisé et conservait méticuleusement les nombreux documents qu’il manipulait, persuadé que ceux-ci éclaireraient l’Histoire et laisseraient une trace de ses actions », souligne Pascal Geneste, ancien responsable d’une partie des fonds présidentiels aux Archives nationales et qui a commencé en 2001 l’auscultation du fonds Foccart. Après avoir organisé la préservation des archives de Gaulle, Foccart s’est occupé des siennes, particulièrement volumineuses. De tous les fonds archivistiques, depuis la proclamation de la IIIe République en 1870 jusqu’en 1974, le fonds Foccart est le plus important. Ses archives s’étirent sur 410 mètres linéaires, soit deux fois plus que les documents du général de Gaulle.

C’est d’abord son bras droit et successeur à la cellule Afrique de l’Elysée, René Journiac, qui remet en 1977 aux Archives nationales les documents de son service. Trois ans plus tard, Jacques Foccart, officiellement retiré des affaires publiques en 1974, transmet à son tour ses dossiers. C’est le « fonds Scribe », du nom de cette rue du 9e arrondissement parisien où était sis le siège de sa société d’import-export avec les Antilles.

Entre 1980 et 2001, personne ne s’est vraiment occupé d’inventorier ce trésor de correspondances croisées avec les chefs d’Etat africains et les ambassadeurs, les échanges entre le « M. Afrique » de l’Elysée et ses collaborateurs ou ses informateurs. De nombreux documents sont marqués « secret-défense », comme les dossiers du Sdece ou les rapports d’agents secrets. On découvre ainsi les complots et les arcanes de la politique gabonaise en lisant l’écriture d’écolier sage de Bob Maloubier, plus connu pour son parachutage en France en 1943, alors en mission pour Churchill.
« J’ignorais qu’il conservait mes lettres, mais je sais qu’il était un archiviste distingué, précise “Bobby”, aujourd’hui âgé de 92 ans. Il m’avait confié qu’il écrivait la nuit dans un carnet posé sur sa table de chevet, au grand dam de sa femme, les idées qui lui venaient. Il notait tout et n’oubliait rien. » 

Jacques Foccart, conseiller de trois présidents de la Ve République (de Gaulle, Pompidou et Chirac), avait écrit un Journal de l’Elysée – cinq tomes pour raconter ses Mémoires – et une kyrielle de documentaires et symposiums lui a été consacrée. Cela n’a pas été suffisant néanmoins pour satisfaire la curiosité, contenir l’indignation et répondre aux critiques. Quand Foccart parle, titre de longs entretiens parus en 1995 et 1997 (Fayard-Jeune Afrique), il renvoie à ses archives pour comprendre cette histoire franco-africaine, qu’il a voulu composer telle une partition néocoloniale.

« Françafrique désuète »
Le cinquième étage des Archives nationales détient les derniers secrets de la machinerie Foccart et les coulisses d’un imbroglio de complots et de coups bas y compris entre les informateurs. A la lecture des missives, on découvre son catalogue de sources si variées, du simple militant pétri d’un anticommunisme viscéral conjugué à un antiaméricanisme, jusqu’au plus haut niveau des services de renseignement, en passant par des barbouzes souvent extirpées des réseaux de l’extrême droite. Au détour de dossiers, on rencontre des personnages troubles tels que Jean Mauricheau-Beaupré, ancien militant de l’Action française, passé par le Front national de Jean-Marie Le Pen avant de se reconvertir en barbouze au Congo où il mène des opérations pour le compte de Foccart.

A Abidjan ou à Libreville, des ambassadeurs amis lui transmettaient des rapports de situation précis, réservant des notes édulcorées au Quai d’Orsay où très rares étaient les « foccardiens ». Aujourd’hui, au sein des jeunes diplomates africanistes, tout comme dans les palais présidentiels d’Afrique francophone, Foccart ne fascine plus vraiment. « C’est un souvenir qui rime avec une “Françafrique” désuète », confie un conseiller de chef d’Etat africain. Le maître des relations franco-africaines a 410 mètres linéaires d’archives, mais aucun disciple. 

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