09/01/2016
Les dates du 19 au 21 janvier passent à jamais, pour des observateurs lucides, comme celles d’une récupération politique mais futile. C’est ce qui explique, pour le moins, la prétendue compassion de l’Opposition dite Dynamique aux victimes qu’elle a projetées violemment dans des manifestations de rue de janvier 2015 au Palais du peuple. Tenace sur ces dates pour voir les manifestations faire florès, l’opposition joue à une escroquerie politique.
Ce qui s’est passé au pays, principalement à Kinshasa, du 19 au 21 janvier de l’année écoulée n’a absolument rien des « Trois Glorieuses » de la Révolution française de 1830, ni de la « Révolution burkinabé » d’octobre 2014. L’histoire va devoir retenir que l’objectif de l’Opposition radicale, devenue « Dynamique », n’était nullement l’adoption du projet de révision de la loi électorale, mais son BOYCOTT.
L’article 8 concerné était libellé en ces termes : « Trente jours au plus tard avant la campagne électorale, la Commission Electorale Nationale Indépendante publie la liste définitive des électeurs par centre de vote avec indication du Bureau de vote. La liste électorale pour l’ensemble du territoire, de la ville ou de la commune, suivant le cas, est affichée, pour consultation, au bureau de l’antenne de la Commission Electorale Nationale Indépendante, au plus tard quinze jours avant la date du scrutin.
Elle doit être actualisée en tenant compte de l’évolution des données démographiques et de l’identification de la population. Le fichier électoral national est rendu disponible sur le site internet de la Commission Electorale Nationale Indépendante suivant les modalités définies par elle. Dans chaque bureau de vote, les listes définitives des électeurs visées à l’article 6 sont affichées pendant le déroulement du scrutin. Elles reprennent, pour chaque électeur: 1. Le nom; 2. le post-nom et le prénom; 3. le lieu et la date de naissance; 4. le sexe; 5. L’adresse du domicile ou de la résidence habituelle; 6. la photo ».
L’article 8 de la loi n° 15/001 du 12 février 2015 modifiant et complétant la loi n° 06/006 du 09 mars 2006 portant organisation des élections présidentielle, législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales telle que modifiée par la loi n° 11/003 du 25 juin 2011 est, quant à lui, ainsi libellé : « Trente jours au plus tard avant la campagne électorale, la commission électorale nationale indépendante publie la liste définitive des électeurs par centre de vote avec indication du Bureau de vote.
La liste électorale pour l’ensemble du territoire, de la ville ou du regroupement des communes pour la Ville de Kinshasa, suivant le cas, est affichée, pour consultation, au bureau de l’antenne de la Commission électorale nationale indépendante, au plus tard quinze jours avant la date du scrutin. Le fichier électoral national est rendu disponible sur le site internet de la Commission nationale électorale indépendante suivant les modalités définies par elle.
A l’ouverture de chaque bureau de vote, les listes définitives des électeurs visées à l’alinéa premier ci-dessus sont affichées et restent en place pendant le déroulement du scrutin. Elles reprennent, pour chaque électeur: 1. le nom ; 2. le post-nom et le prénom ; 3. le lieu et la date de naissance; 4. le sexe; 5. l’adresse du domicile ou de la résidence actuelle; 6. la photo ».
Est donc extirpé du texte original l’alinéa 3 préconisant l’actualisation de la liste électorale « en tenant compte de l’évolution des données démographiques et de l’identification de la population », la notion d’évolution des données démographiques et d’identification de la population ayant été intentionnellement, mais surtout malencontreusement assimilée à un recensement général de la population, Susceptible de s’étaler sur trois à quatre ans, selon les Opposants.
Pour le recensement général en 2013 !
Les spécialistes établissent essentiellement trois types de recensement : le Recensement administratif consistant en « une mise à jour annuelle du fichier de la population de toutes les localités», le Recensement scientifique consistant « à recueillir, analyser et publier des données démographiques, économiques, sociales et culturelles se rapportant, à une date donnée, à tous les habitants (nationaux et étrangers de tous les âges et sexes) et à toutes les habitations d’un pays ou d’une partie de celui-ci » et le Recensement électoral visant « essentiellement la constitution d’un fichier électoral et la maîtrise du nombre d’électeurs par circonscription électorale ».
A l’annonce de la session extraordinaire de janvier 2015, les députés nationaux -- toutes tendances confondues -- devraient commencer par cadrer le débat autour des types de recensement, de façon à permettre à l’opinion de se faire une idée exacte de ce que l’initiateur du projet de révision de la loi électorale entendait par évolution des données démographiques et identification de la population.
Hélas!, l’Opposition a plutôt mis l’accent sur l’interprétation « populaire » et populiste projetant ce processus dans le timing prédéterminé de trois ou quatre ans.
L’ennui est que les acteurs majeurs de l’Opposition à avoir participé au conclave du centre féminin Mama Mobutu en juillet 2013 seront les premiers à se rétracter et à se dédire. Pourtant, ils s’étaient prononcés, eux, pour le recensement général de la population. Dans le Rapport final de leurs assises, le point du Cahier des Charges relatif à la réforme institutionnelle prévoyait de « repenser le système électoral par 1. le recensement général de la population, afin de déterminer, entre autres, le calcul du quotient électoral, non pas en fonction du nombre des citoyens enrôlés mais plutôt de celui recensé ».
Si l’on part donc du principe qu’il devait nécessairement prendre trois à quatre ans, le recensement démarré même en juillet 2013 serait arrivé à terme soit à juillet 2016, soit à juillet 2017 ! On ne peut pas dire que lorsqu’ils avaient levé l’option dudit recensement, ils ignoraient tout de ce timing.
Devant ces évidences
Pourtant, les objectifs de la révision de la loi électorale correspondent aux observations, aux critiques et aux recommandations de l’Opposition et de la Société civile alliée, à savoir : « - organiser l’enregistrement permanent des électeurs en lieu et place de l’enregistrement périodique; - rendre le processus électoral plus transparent, de l’inscription sur les listes électorales à la proclamation des résultats, en passant par les opérations de vote, de dépouillement et de compilation »; « - renforcer la traçabilité des résultats de vote et documenter amplement la phase du contentieux » et « - garantir une plus grande implication des parties prenantes au processus électoral dans la promotion de l’intégrité électorale ».
Aujourd’hui, force est de constater que le boycott n’a pas eu lieu et que les Opposants se servent de la loi promulguée pour revendiquer la tenue de la tripartite « Ceni-Majorité-Opposition ». Mais, force est surtout de le constater : si le boycott avait réussi, la Diaspora serait une fois de plus exclue du processus électoral.
Devant ces évidences, le bon sens interpelle la classe politique et la société civile congolaise pour savoir qui des députés de l’Opposition et de la Majorité ont doté la RDC de la loi électorale pour laquelle les Opposants réclament la tripartite!
La capacité de répondre à cette question permet de savoir qui, finalement peut-être qualifie comme vainqueur des événements du 19 au 21 janvier 2015.
Ce n’est pas l’homme de la rue préparé à la révolution de type burkinabé.
Pas du tout!
Omer Nsongo die Lema/La Nouvelle République
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