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jeudi 14 juillet 2011

Bruxelles : Le «nouveau Tshisekedi» est (peut-être) arrivé !

Congo Indépendant
14/07/2011

Fédérateur. Structuré. Convaincant et résolu. C’est l’impression générale donnée, samedi 9 juillet, par Etienne Tshisekedi wa Mulumba, président de l’UDPS et candidat président de la République, à l’issue de sa rencontre avec des membres de la diaspora congolaise de Belgique. L’homme a manifestement affiné sa communication.
Tout en répétant son credo - à savoir : «Kabila doit partir dans tous les cas de figure» -, il a esquissé (enfin) ses priorités. Sans renier son parti, «Tshi-Tshi» se présente désormais en «candidat du peuple». Le candidat de la «nation congolaise». Du marketing politique? En tous cas, le «candidat président» semble avoir pris conscience que tous les anti-kabilistes ne sont pas des «udpsiens». Aussi, doit-il ratisser large. Il doit aller à la conquête des électeurs au-delà des clivages politiques et ethniques. L’élection présidentielle est avant tout un rendez-vous entre un homme et une nation. Les différents intervenants à cette rencontre ont joué à fond la carte du «rassemblement ». 
«Une victoire certaine…»


Arrivée du couple Tshisekedi samedi 9.07.2011 à l’ULB.
Photo CIC
Université Libre de Bruxelles. Auditoire Emile Janson. Samedi 9 juillet 2011.
Pas moins d’un millier de Congolais de Belgique, de France et des Pays-Bas étaient venus écouter mais aussi voir Etienne Tshisekedi wa Mulumba. Le leader de l’UDPS est perçu comme un «miraculé».

Dès 14 heures, les gradins de l’auditoire sont pris d’assaut. Il fallait montrer pattes blanches à l’entrée du bâtiment. Un service d’ordre d’un professionnalisme indiscutable veillait au grain. Réputés en conflit avec la ponctualité, les Congolais continuaient à s’amener au-delà de 15 heures voire 15h30. En attendant l’arrivée de l’orateur du jour, l’artiste-musicien Boketshu 1er a tenu l’assistance en haleine avec une de ses chansons patriotiques. Provocateur, il lance : «Président de la République Etienne Tshisekedi oyééé !». L’assistance répond : «oyée !».

Après cet intermède, plusieurs intervenants se sont succédés à la tribune. Pour l’essentiel, on retiendra l’intervention de Benjamin Stanis Kalombo. Président l’A.s.b.l «Aprodec» (Association pour la promotion de la démocratie et du développement en République démocratique du Congo) bien connue pour ses enquêtes et analyses sur le déroulement des opérations électorales en RD Congo, il a présenté, à l’aide des diapositives une projection des résultats de la présidentielle 2011 en partant des données du scrutin de 2006 collectées par l’informaticien congolais Pambu Kita Pambu. Pour mémoire, en 2006, la Cei (Commission électorale indépendante) avait enregistré 25.420.339 électeurs. «Joseph Kabila» et Jean-Pierre Bemba avaient obtenu respectivement 9.636.779 et 6.819.822 voix, soit au total 16.555.419 suffrages exprimés. Il reste donc 8.864.864.980 «abstentionnistes». En additionnant ce dernier chiffre et le vote exprimé en faveur de Bemba, Kalombo arrive à la conclusion arithmétique selon laquelle les électeurs «anti-kabilistes» pouvaient être estimés à 15.684.742. «Si le processus électoral de 2011 est transparent, remarque-t-il, la victoire d’Etienne Tshisekedi ne peut être que certaine». Selon lui, la candidature de Vital Kamerhe n’aura aucun effet négatif. Il s’agit, bien entendu, d’une projection. Notons la Ceni espère enrôler plus de 31 millions électeurs pour les consultations politiques à venir.

Depuis son accession à la magistrature suprême en janvier 2001, «Joseph Kabila» souffre d’un désamour dans les milieux des Congolais de la diaspora. L’homme passe pour un imposteur. Le secret entourant les origines ainsi que le parcours personnel du président sortant Congolais n’ont pas peu contribué à cette défiance. L’accord secret signé en décembre 2008 entre «Kabila» et son homologue rwandais Paul Kagame a conforté les Congolais de la diaspora à l’idée que leur pays est dirigé par un «infiltré». L’annonce du retour de Tshisekedi sur la scène politique est considérée, à tort ou à raison, comme l’«ultime occasion» pour mettre le Congo à l’abri des velléités expansionnistes certains Etats voisins tels que le Rwanda et l’Ouganda. Sans vouloir anticiper, Aubin Kikonka Kulukanda, un des fondateurs du groupe de pression «Bana Congo» originel, n’a pas dit autre chose s’adressant à l’assistance : «Etienne Tshisekedi constitue notre dernière carte à jouer. Si nous ne nous accrochons pas à cet homme, nous allons perdre notre pays. Soutenons Etienne Tshisekedi pour libérer le Congo». Une intervention saluée par des applaudissements.

Le «candidat du peuple»
Ce n’est qu’à 16h20 que l’arrivée de Tshisekedi est annoncée. Costume bleu pétrole, chemise bleu ciel et une cravate bordeau avec des motifs blancs, casquette basque sur la tête, «Tshi-Tshi» - qui semble avoir pris du poids - parait en excellence condition physique et morale. Il est accompagné de son épouse, «Mama» Marthe. Une escouade de militaires ex-Faz forme une petite haie d’honneur avec à leur tête le lieutenant Aimé Boluwa. Le couple fait aussitôt son entrée dans un amphithéâtre en ébullition. Le public entonne un chant religieux très populaire à Kinshasa : «Nzambe aponi yo osalela ye, na nzoto pe na motema na yo mobimba, Nzambe aponi yo !» Traduction : Dieu t’a élu pour le servir avec ton corps et ton cœur. Un homme s’empare d’un mégaphone. Il lance : «Ohoo Ya Tshi-Tshi», la salle répond : «Zongisa yé na Rwandaaaa» ; «Ohoo Ya Etienne», «Zongisa yé na Rwanda ». L’émotion ambiante montre d’un cran lorsque le public entonne l’hymne national «Debout Congolais». Une minute de silence est observée en mémoire notamment de Floribert Chebeya Bahizire et d’Armand Tungulu Mudiandambu.

Adolphe Mbuyi, président de l’t de l’UDPS-Benelux, est le premier à prendre la parole. Il lance : «Tata ayé, nzala ésili !». Il ajoute sur un ton de défi : «Nzila ekosila, balinga balinga te !». Dans son mot, Mbuyi surprend agréablement l’assistance. «Etienne Tshisekedi, dit-il, n’appartient pas à l’UDPS. Il est devenu un patrimoine national, une propriété du peuple congolais.» Il poursuit : «La nation congolaise dans toute sa diversité est derrière lui.» Avant Mbuyi, l’avocat bruxellois François Londa qualifiait Tshisekedi de «candidat du peuple». Cette expression est reprise par le président de l’UDPS-Benelux qui conclut en interpellant les Congolais de la diaspora à contribuer au financement de la campagne électorale.

Au nom de la «DTP» (Dynamique Tshisekedi Président), Tharcisse Loseke Nembalemba, membre co-fondateur de l’ECIDé (Engagement pour la citoyenneté et le développement) s’est adressé à l’assistance. Lucide, l’ancien ministre de l’Environnement et du tourisme (gouvernement Tshisekedi 1992) a rappelé implicitement de ne jamais sous-estimer un adversaire : «La grosse erreur que nous ne devons pas commettre est de croire que tout est gagné à l’avance. Nous pouvons même dire que ceux qui affirment cela sont des infiltrés chargés de nous distraire car c’est la meilleure façon de perdre ces élections.» Loseke d’estimer néanmoins que «mathématiquement et sociologiquement», Tshisekedi peut battre «Kabila». «Mais, reconnaît-il, beaucoup de travail reste à faire». Outre des questions relatives à la «logistique» ainsi qu’à la mise sur pied d’une équipe d’experts, Loseke d’égrener quelques défis à relever. A savoir notamment: la transparence du processus électoral, l’accès de tous les courants politiques aux médias publics, la sécurisation des candidats. S’adressant à Etienne Tshisekedi, «Tharcisse» lance : «Au-delà de l’UDPS, vous êtes avant tout le candidat du peuple et l’espoir d’une nation. Vous devez fédérer les Congolais au-delà des clivages ethniques.»

«Tshi-Tshi» parle
C’est à 17 heures que le leader de l’UDPS a pris la parole. Il importe d’ouvrir la parenthèse pour relever que depuis qu’il a annoncée sa candidature à l’élection présidentielle (voir Jeune Afrique n°2594), Tshisekedi - «l’ancien » ? - s’est limité jusqu’ici à vitupérer contre le bilan du président sortant : « Le climat des affaires est exécrable, les droits de l’homme sont bafoués. Les grands chantiers ne sont que de la poudre aux yeux». Il s’est limité aussi à clamer haut et fort son «obstination» à «instaurer la démocratie» et à faire de la RD Congo un «Etat de droit». Les contradicteurs du Sphinx de Limete ont sauté sur l’occasion accusant celui-ci de demander aux Congolais de lui donner un «chèque en blanc». Autrement dit, le pouvoir pour le pouvoir. Il n’est pas rare d’entendre des réflexions du genre : «Tshi-Tshi veut conquérir le pouvoir alors qu’il n’a aucun projet d’avenir à proposer aux Congolais». Fermons la parenthèse.

Dans un speech d’une vingtaine de minutes, «Tatu Etienne» qui revient d’une tournée euro-américaine a étonné l’auditoire par des propos structurés. Cohérents. Bref, il a montré le chemin. Il a commencé par rappeler avec une pointe d’amertume une certaine indifférence que ses concitoyens de la diaspora affichaient jadis face aux nouvelles alarmantes en provenance du Congo. L’homme se dit heureux de constater que cette attitude appartient désormais au passé. «Partout où je suis passé, dit-il, j’ai perçu une prise de conscience des Congolais de se prendre en charge». «Avant, ajoute-t-il, nous étions comme des enfants mineurs devant être assistés par un tuteur qui n’était autre que l’Occident. Fort heureusement, tout enfant finit par grandeur et à acquérir la maturité. C’est ce que nous sommes devenus.»

Lors de ses entrevues avec des interlocuteurs occidentaux, il n’a pas manqué de leur demander de s’abstenir de toute forme d’interférence dans les affaires internes du pays. «Je ne leur ai pas demandé de nous installer au pouvoir mais de laisser le peuple congolais, arrivé à maturité, de choisir leurs gouvernants», a-t-il affirmé. Aux Congolais de la diaspora, il a transmis trois messages. Primo : Participer à une levée de fonds pour permettre au candidat à la Présidence de la République qu’il est de financer la campagne électorale et «gagner l’élection». Secundo : Sensibiliser les investisseurs potentiels de vos pays d’accueil à venir faire fructifier leurs capitaux en RD Congo qui redeviendra «dès le mois de décembre prochain » un Etat de droit. «Qu’ils viennent nombreux investir dans un pays où l’environnement des affaires sera à l’abri de la corruption et des anti-valeurs». En troisième lieu, Tshisekedi a exhorté ses compatriotes à donner une sorte de mot d’ordre aux parents restés au pays de faire le bon choix en donnant leur voix au «candidat du Changement». Notons que les Congolais de l’étranger constituent un facteur de paix sociale du fait des transferts de fonds en faveur des parents et amis restés au pays. Naissance, baptême, communion, mariage, maladie, décès, deuil sont autant d’occasion de ces transferts. Bien que non structurés, les Congolais de l’extérieur constituent un puissant lobby qui s’ignore.

Le « nouveau Tshisekedi»
Après ces mots, l’orateur dit sa volonté de promouvoir une certaine éthique au sein de la société congolaise. «Il faut que les Congolais développent le sens du service public et de l’intérêt général», dit-il sans oublier «l’amour de la patrie». Pour lui, à force de considérer la détention d’une parcelle du pouvoir comme un droit personnel et non comme un service à rendre à la collectivité, les Congolais ont, depuis 50 ans, contribué la régression de leur pays. « Je vous propose de rattraper ce retard en dix ans.» (Applaudissements et chants). C’est ici que le candidat Tshisekedi a tracé ces priorités. La sécurité nationale vient en tête avec la «création» d’une «véritable armée nationale» ainsi que d’une «véritable police nationale». (Applaudissements nourris). Au plan économique et social, il cite les autres priorités : agriculture, éducation, santé, eau et électricité. «Nous allons ainsi améliorer la qualité de vie de la population», dit-il. Et de poursuivre : «Nous devons rapproches les Congolais du monde rural à ceux des centres urbains par la modernisation des infrastructures de communication que sont les routes et les chemins.»

Le jeu des questions-réponses a commencé à 17h20. Comment compte-t-il contrer la fraude orchestrée par le pouvoir en place? «Dans tous les cas de figure, Kabila doit partir». (Applaudissements). L’UDPS a-t-il abandonné la non-violence qui caractérisait se philosophie politique ? « Quand je dis que Joseph Kabila partira, je suis certain que le corps électoral va le rejeter… ».

Lors de l’annonce de sa candidature en septembre dernier, Tshisekedi n’avait pas mâché ses mots. Pour lui, «Joseph» a été «mal élu» en 2006 et exerce de ce fait un «pouvoir illégitime». Mal élu parce que son «élection» ne résultait nullement du libre choix des électeurs. «L’élection de Joseph Kabila, déclarait-il à Jeune Afrique, a été décidée d’avance par quelques personnalités influentes au sein de la communauté internationale, et ceux qui ont cru en lui ont été profondément déçus. (…).» «Ce régime confond les slogans avec la réalité. Il n’a aucune vision de l’avenir, et les membres du gouvernement ne pensent qu’à une chose : se remplir les poches le plus rapidement possible.»

Certains participants à la rencontre de samedi 9 juillet ont confié à l’auteur de ces lignes leur impatience à juger «Tshi-Tshi» sur ses actes et non par son discours. Ils attendent de percevoir sa capacité de «fédérer» toute l’opposition. Et ce, en tendant une «main franche» au MLC (Mouvement de libération du Congo) de Jean-Pierre Bemba ainsi qu’à l’UNC (Union de la nation congolaise) de Vital Kamerhe.

Le «nouveau Tshisekedi» est-il arrivé ? L’avenir le dira…

1 commentaire:

  1. E.TSHITSHI a tjts été nationalisme, un monsieur qui a tjrs essayé de tracer le chemin qu'il faut pour le congo; malheureusement il n'a pas été compris. l'homme en général aime le pouvoir, une fois au pouvoir, il; tient à s'y accrocher quelque soit le prix.Le virage d'une démocratie voilée vers une dictature visible est vite fait.
    E.T est un démocrate, un homme qui est respectueux de la loi. Il nous le faut pour un vrai état de droit. Il faut que le peuple réalise qu'on ne peut diriger qu'avec des lois qui doivent être respecter par tout le monde; et le président de la république le premier à montrer l'exemple. Nul ne peut être au dessus de la loi. Nos journalistes doivent bénéficier d'une immunité comme les députés ou sénateurs pour qu'ils aient le courage de dénoncer les injustices et fraudes. ET est prêt à le faire pcq c'est un homme transparent dans la gestion.

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