Au secours, les Américains débarquent

Congo Indépendant



Le démocrate Bill Richardson.

Y aurait-il anguille sous roche dans le chef des Amerlocks pour la prochaine élection présidentielle en République très très démocratique du Congo? Si pour l’heure, rien ne l’indique, il est permis cependant de se poser des questions. Comment ne pas le faire lorsque Kinshasa a connu, en ce mois d’octobre, un véritable débarquement des officiels américains. Tour à tour, Maria Otero, sous secrétaire d’Etat à la démocratie et aux affaires internationales, Johnnie Carson, secrétaire d’Etat adjoint aux Affaires africaines, sont venus débattre des "élections apaisées" avec les officiels congolais. Last but not least, depuis le week-end dernier, l’ancien gouverneur du Nouveau Mexique, Bill Richardson séjourne à son tour à Kinshasa et aborde le même sujet en présence des mêmes hommes. Trop is te veel comme on dit en Belgique. Mais que vient faire cet homme connu pour ses accointances avec les services secrets américains?

Selon mon ami qui sait tout sur tout et presque tout sur rien sur l’époque mobutienne, Richardson ne se déplace que pour transmettre les ukases de l’administration au pouvoir dans son pays. C’est fut le cas hier, dit mon ami, où porteur d’une correspondance du président Bill Clinton, Richardson n’avait laissé aucune alternative au maréchal Seseskul. "Ou vous quittez le pouvoir volontairement ou votre cadavre sera traîné dans les rues poussiéreuses de Kinshasa" lui avait-il lancé. La suite est connue. Cette fois Richardson s’en défend : il n’est pas venu au Congo très démocratique pour le compte du gouvernement américain. Pour le compte de qui alors?

Cette fois, croit savoir mon ami, le discours de l’ancien émissaire US au Zaïre de Mobutu serait mielleux et plutôt favorable au "raïs", alias la haute hiérarchie, alias le "commandant suprême" des FARDC et de la police nationale. L’envoyé américain qui dirige une Ong internationale pour la promotion de la démocratie justifie sa présence à Kin par le souci d’aplainir la mésentente qui prévaut au sein de l’opposition à quelques semaines de la tenue des élections présidentielle et législatives. Rien que ça? C’est vraiment touchant. Dieu seul sait pourtant que les Yankees n’agissent jamais par philanthropie. Aux quatre coins du monde, ils ne s’occupent que de la préservation de leurs intérêts vitaux. "Trade not aid", claironnait Bill Clinton.

Mon ami qui sait décidément tout de me rappeler que Richardson est très proche du couple Clinton. "Un couple réputé pour son affairisme", ajoute-t-il en rappelant le cas de la société American mineral field (AMF) d’un certain Raymond Boule qui avait signé des contrats miniers avec le Mzee LD Kabila bien avant la "libération" du 17 mai 1997. Le siège de l’AMF se trouve en Arkansas, le fief du couple Clinton. Mon ami d’ajouter que plusieurs sociétés américaines ont acquis d’importantes concessions minières grâce à des contrats léonins signés avec le "raïs" et son bras droit financier Augustin Katumba Mwanke, alias "AK 47". C’est le cas de Freeport McMoran Freeport qui fait la pluie et le beau temps à Fungurume, au Katanga. Avec ma naïveté habituelle, j’ai demandé à mon ami de m’expliquer le sens exact du proverbe qui dit : "Mieux vaut garder le diable qu’on connaît plutôt que de prendre un ange à découvrir". Mon ami de contourner ma question en rétorquant : "J’espère que les Congolais vont démontrer aux Amerloks qu’ils n’entendent en aucun cas accepter l’inacceptable en laissant faire un nouvel hold-up électoral comme en 2006..."