21/04/2012
Les gouverneurs de province et sénateurs peuvent se frotter les mains. Les administrateurs de territoire et les bourgmestres de commune jubilent déjà. Ils ont encore près d’une année pour être remplacés. Ils peuvent dormir sur leurs lauriers, personne ne viendra les bousculer de leur sommeil avant le début de l’année 2013. La CENI vient de renvoyer au mois de janvier 2013 – vous avez bien lu – l’organisation des élections provinciales, urbaines, municipales et locales. L’annonce a été faite, le jeudi 19 avril, par le vice-président de la CENI, à l’issue de l’évaluation de bilan à mi-parcours de cette institution d’appui à la démocratie.
Connaissez-vous la conséquence ? Moi, je la connais : à l’hémicycle du Palais du peuple, une nouvelle Assemblée nationale cohabite, curieusement, avec un vieux Sénat. Quel mariage ! Imaginez un peu les conflits de générations qu’un tel jumelage des Chambres va engendrer au moment d’adopter les lois. D’ailleurs, même au sein de nos universités, chaque promotion d’étudiants a sa sève, ses manies, ses taquineries, ses atouts et ses méthodes de travail. On se connaît bien. Et, puisqu’on se connaît bien, on se fait confiance. Et, puisqu’on se fait confiance mutuellement, on réussit ensemble. Ça s’appelle complicité amicale.
Mais que voyons-nous, par contre ? Entre les députés nationaux et les sénateurs, il n’y a rien de commun, rien ne les lie étroitement. Au sein d’un Parlement, on aura, pendant une année, des élus qui n’incarnent pas la même philosophie. D’abord, ils n’ont pas les mêmes électeurs. Ensuite, ils ne sont pas issus de la même législature – les sénateurs émanent des élections de 2006, tandis que les députés sont issus des élections 2011. Enfin, ils n’ont pas les mêmes préoccupations ni les mêmes motivations : les sénateurs sont sortants, les députés sont entrants.
C’est donc clair. Entre le zèle du début et la fatigue de la fin, il n’y a pas de commune mesure. De même, entre l’enthousiasme et le volontarisme de la jeunesse et le poids de la monotonie de la vieillesse, il n’y a pas match. Vouloir mettre ensemble des gens qui ne regardent pas dans la même direction, c’est ignorer ce que l’on veut réellement. Mais, comme le Congo très très démocratique, c’est pays de miracles, accordons la chance aux deux Chambres du Parlement afin qu’une cohabitation harmonieuse y règne. Pour la plus grande satisfaction de leurs électeurs. Sinon, à vin nouveau, outre neuve !
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